Nul n’ignore aujourd’hui au Mali les malversations foncières, mais ce qui s’est passé à Kalaban Coura en commune V du district de Bamako dépasse tout commentaire.
En effet, depuis quelques jours, l’annexion de l’espace prévu pour la construction du foyer des jeunes fait l’objet de principale interrogation au sein de la population de Kalaban Coura ; chacun se demandant qui a osé ? Et comment cela est arrivé ?
Pour en savoir plus, nous avons rencontré le premier conseiller du chef de quartier en la personne de Moussa Coulibaly.
Selon lui, tout a commencé le samedi 6 août 2011 quand il a été alerté par certains jeunes du quartier de la présence de deux individus qui étaient en train de procéder au bornage du terrain. «Alors, je me suis précipitamment rendu sur le lieu et je les ai effectivement trouvé sur place. Quand ils m’ont vu, ils ont tenté de fuir, c’est alors que je les ai sommés de s’arrêter que sinon je ferai appel aux jeunes. Ils se sont arrêtés et je les ai demandé ce qu’ils faisaient ici et qui les a envoyés. Ils m’ont dit qu’ils sont là pour le bornage de leur terrain et ils m’ont montré leur décision d’attribution No 00974/MDB du 16 juin 2011, un plan titré (lotissement complémentaire de Kalaban Coura), morcelant l’espace en question en dix huit (18) lots de 20/15 et un ordre d’encaissement No 044633, attestant le versement de la somme de 300 000 F CFA en date du 12 juillet 2011.»
Mais sur cet ordre d’encaissement, poursuit notre interlocuteur, il ne porte ni la signature et le saut du receveur précepteur, ni le numéro de quittance, ni date, ni chapitre, ni article, ni paragraphe mentionnés relatifs à l’imputation. Toute chose qui laisse planer le doute sur l’authenticité des documents.
Sans passer par mille chemins, M. Coulibaly, qui se trouvait face à une escroquerie, a confisqué les originaux des papiers dont ils possédaient, avant de faire appel à Issouf Ballo dont la maison est contiguë à l’espace et à Abba Touré, conseiller municipal.
C’est dans ces conditions que les jeunes ont organisé une assemblée générale d’information le lendemain dimanche 7 août à l’école publique de Kalaban Coura. A l’issue de cette assemblée, il a été décidé qu’une forte délégation, composée des conseillers du quartier (sans distinction d’appartenance politique), du président du Comité de développement du quartier, de quelques notabilités et le président du Comité sportif, représentant les jeunes, rencontre le maire de la commune V, Boubacar Bah (Bill) pour en savoir plus le morcellement du terrain du foyer des jeunes par des individus dont la seule motivation est de s’approprier de tout espace inoccupé.
Après la rencontre, la délégation s’est fait le devoir de rendre compte de la mission à lui confiée par la population du quartier. C’est ainsi que le dimanche 14 août, l’école publique a encore servi de cadre pour le compte rendu. Ainsi, il est ressorti de leur compte rendu que ni le 2ème adjoint du maire, chargé du foncier et conseiller à la mairie du district de Bamako, Funery Traoré qui a été le premier à recevoir la délégation, et le maire n’étaient au courant de la vente de l’espace. Ils ont tous trouvé la situation inadmissible et ils auraient même sollicité la collaboration de la délégation pour faire annuler la décision. Ainsi, il est prévu demain mardi 23 août 2011 une rencontre entre les conseillers du quartier et le maire.
Situé un peu à l’est de l’école publique, contigu au Centre d’apprentissage féminin (CAFE), sur le même prolongement que le terrain de sport, cet espace, selon nos sources, a été attribué à la jeunesse pour la construction de leur foyer depuis 1975.
En attendant que la démarche entreprise n’apporte son fruit, les jeunes entendent défendre par tous les moyens leur espace. C’est pourquoi, ils ont décidé d’abord de le clôturer d’arbres et ensuite une mise en garde sévère a été adressée à tous ceux qui tenteraient d’y toucher.
Il ressort de nos enquêtes que le conseiller du chef du quartier, les conseillers municipaux , le maire et son 2ème adjoint, chargé des questions domaniales, ne sont au courant de cette transaction foncière.
Alors, la question que tout le monde se pose à Kalaban Coura est, qui a morcelé et vendu l’espace des jeunes ? Et qui sont les complices ?
Daouda DOUMBIA