Ipso Facto de Conakry : Une boîte de nuit réservée aux patrons

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    C’est après la proclamation des résultats provisoires du scrutin du 27 juin 2010, que les journalistes étrangers présents à Conakry ont voulu faire une soirée d’au revoir, avant de se retrouver, ultérieurement, pour le second tour. C’était dans la nuit du samedi 3 juillet 2010. La boîte Ipso facto fut choisie et, franchement, cela en valait le détour.

     

    L’idée une fois acceptée, la boîte Ipso facto fut ciblée pour la randonnée nocturne. Elle est située dans le quartier la Minière de Conakry, un endroit calme et respecté. Le rendez vous est fixé à 22 heures, parce que, le lendemain, il y a du boulot. Quelle ne fut la surprise de notre groupe, de voir partout les voitures les plus luxueuses de la capitale, garées à la devanture de la boite. L’entrée est filtrée. Ça n’a rien des boites de nuit que nous connaissons.

     

    Arrivés à l’entrée, en masse, les portiers nous font savoir qu’on y accède que sur réservation et il fallait le faire au plus tard jeudi. Nous faisons tout pour convaincre les portiers, mais ils nous opposent un niet catégorique. Un confrère sénégalais, ayant reconnu la voiture d’un ministre guinéen qu’il connaît très bien, a appelé ce dernier pour savoir s’il était dans la boite.

     

    Le ministre lui répond : " Oui, je suis venu me détendre un peu ". Peu après, le ministre envoie un émissaire pour chercher le confrère qui a fait preuve de solidarité en me demandant de l’accompagner pour pouvoir pénétrer dans le dancing.

     

    C’est ainsi le ministre nous fait savoir que c’est une boîte de nuit réservée uniquement aux cadres et responsables, les fonctionnaires internationaux, les hommes d’affaires et les businessmen. Bref, toute la crème du pays.

     

    Les jeunes et autres personnes ne peuvent pas venir ici, c’est pourquoi, dira t-il, on y entre que sur réservation. Tout autour de nous il n’y a que des patrons du régime en place, les don juan de la capitale, des bons vivants, entourés des plus belles demoiselles de Conakry. Voyant que nous sommes surpris et commençons à voir le coin, autrement, le ministre, en homme malin, nous demande de le suivre, parce que la fête va commencer. Il nous éconduit poliment.

     

    Nos téléphones ne cessent de sonner. Les autres confrères, restés à la porte,  veulent savoir ce qui se passe à l’intérieur. Le ministre nous conduit jusqu’à la porte, avant de nous souhaiter bonne nuit. Mais, auparavant, il nous a dit d’aller voir du côté de l’Echangeur, un autre espace de divertissement.

    En réalité, Ipso facto, c’est surtout le lieu des rendez vous, des affaires, les bonnes affaires de la capitale, car l’entrée ne coûte pas moins de 300000 Francs Guinéens, soit 30000 FCFA. Ce qui n’est pas à la portée de tous les jeunes de Conakry. Notre groupe quitte alors Ipso Facto. Tout le monde est déjà fatigué par le train-train quotidien de la couverture de la présidentielle. Le groupe se disloque et chacun part de son côté.

     

    C’est pour vous dire, qu’à Conakry, les boîtes de nuit sont fonction des bourses, mais aussi des générations. Ipso Facto est pour les patrons de la capitale et l’Echangeur pour les jeunes branchés. La Paillote, quant à elle, reste le fief des vieux, nostalgiques du passé et  vrais amoureux de la Salsa. 

     

    Kassim TRAORE

     

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