En installant Noumory Cissé comme chef de village de Hamdallaye, l’administration locale viole la règle en matière coutumière. En plus, la sous-préfecture de Faléa a créé une atmosphère de vive tension et de protestation pertinente. Car, depuis quelques jours, la colère des habitants et les héritiers du fondateur du village ne cessent de monter.
La tension monte de plus en plus dans les villages Hamdallaye, Afia et environs à cause de l’entêtement du sous-préfet de Faléa d’introniser Noumory Cissé. Et les héritiers Barry s’opposent à une violation flagrante de cette installation. Dans ce combat pour la reconnaissance de la chefferie du village de Hamdallaye, sorti des entrailles d’Afia, la municipalité refuse de cautionner le jeu partisan et trouble de la sous-préfecture. Ainsi, après une première tentative d’intronisation de Noumory Cissé comme chef de village de Hamdallaye, lundi dernier, le sous-préfet a voulu avec force passer imposer la cérémonie. Et au regard de la détermination des héritiers Barry, il s’est aussitôt arrangé à faire une cérémonie en catimini, à laquelle le maire de Faléa a refusé d’y prendre part.
Selon nos sources, le sous-préfet continue toujours de menacer les héritiers Barry et autres villageois qui s’y opposent à l’installation d’un chef de village jugé illégitime. Pour ce faire, les héritiers Barry entendent marcher encore lundi prochain, alors qu’ils avaient suspendu toute action en raison de l’état d’urgence.
Rappel des faits
Pour connaître les dessous de cette affaire rocambolesque, il faut remonter aux années 1977. Le village de Hamdallaye tire sa légitimité au sein de la famille Thierno Mamadou Taha Barry, fondateur d’Afia dans le cercle de Kéniéba. C’est le chef de village d’alors qui a mandaté un de ses neveux comme fondateur du village de Hamdallaye, à 6 km d’Afia et grâce à l’activité de l’orpaillage, la localité a pris l’allure d’une bourgade.
En 1997, le chef de village de l’époque, Mamadou Falilou Barry, a confié la gestion de Hamdallaye à un certain Noumory Cissé, jusqu’à son érection en village en 2012. La tâche du nommé Cissé était de trancher les litiges entre orpailleurs, de collecter les impôts sur instruction du chef d’Afia. Ce, bien que Noumory Cissé ne soit pas natif du village de Hamdallaye, comme le montre le registre du sous-préfet de Farako, mais qu’il est de la localité de Falaya.
Contre toute attente, en 2012, lorsque Hamdallaye a été érigé en village, Noumory Cissé, s’est auto-proclamé, avec la complicité de l’administration locale, chef de village. Cette décision a été prise sans l’aval de la notabilité et du conseil des coutumes. Et sans une autre forme de transition, en 2013, le sous-préfet de Faraba, Boubacar Sidibé, le bombarde chef de village.
Pour bien réussir son coup, le sous-préfet se fait entourer de tous ceux qui soutiennent Noumory Cissé en ignorant la famille Barry, digne héritière et fondatrice du village. Le hic est que les cinq conseillers qui ont participé à cette réunion, sont des étrangers de la contrée, car ils viennent de la Guinée Conakry, de Kita et de Kéniéba. Ces personnes se sont installées dans le village à la faveur de l’activité d’orpaillage et c’est grâce aux signatures de ses conseillers fictifs que le sous-préfet a pu faire de Noumory Cissé, chef de village de Hamdalaye.
Protestation légitime
La famille Barry d’Afia qui a porté plainte au Tribunal administratif de Kayes et à l’issue du jugement, c’est Noumory Cissé qui a été reconnu. Mais, cette décision de justice était perçue comme une violation des coutumes et l’affaire a été finalement transportée à la Section administrative de la Cour suprême. Et Mamadou Secondo Barry et le village d’Afia ont gagné la manche en appel, le 14 septembre 2015. Cette joie n’a été que d’une courte durée, car à la surprise générale, le 17 septembre dernier, c’est le camp de Noumory Cissé, en révision, qui se voit reconnu. Fait rarissime, selon les spécialistes du droit, «la révision ne peut annuler une décision qu’à 2%».
C’est ce verdict, tant décrié, qui continue d’agiter la paix sociale et de créer un climat délétère et de méfiance aux conséquences incalculables dans la zone.
Harouna COULIBALY
Quand la justice devient cause de l’injustice sociale. Nos juge sont tombés sur la tête obnubile par le wari. Dommage et regrettable pour un pays pauvre ou les valeurs humaines devraient etre le socle du developpement.
Comments are closed.