Aujourd’hui, la route de Koulikoro est l’une des plus dangereuses du Mali en terme d’accidents de circulation. Les accidents mortels sont devenus quasi-quotidiens sur cet axe.
Bien que les causes soient connues, rien n’est fait jusque là pour résoudre le problème.
Lorsqu’on parle de taux croissant du nombre d’accidents, nos autorités s’empressent de l’expliquer par le nombre des engins qui se multiplient de façon phénoménale, le non port du casque ou le comportement des différents usagers de la route. Elles mettent ainsi à l’écart d’autres réalités qui causent du tort aux populations du Mali.
Sur la route de Koulikoro, en plus de son exigüité, c’est l’anarchie, l’indiscipline et l’impunité qui sont à l’origine des accidents graves enregistrés, chaque jour. Les camions benne surnommés «Daouda Yattara» par certaines populations vivant sur l’axe, ont été décriés comme des tueurs sans pitié de motocyclistes et de piétons. Leur dernière victime, un jeune garçon, a été enterrée, il y a deux semaines à Koulikoro.
Appartenant pour la plupart à des grands cadres du pays, leurs conducteurs se croient tout permis sur la route. Les excès de vitesse, les courses à compétition, les stationnements sur la chaussée, les coups de volant et plusieurs autres indisciplines sont subis par les autres usagers. Ce n’est pas rare de voir certains de ces gros engins rouler, pendant la nuit, sans phare ni feu de stop. Aussi en cas de panne, les chauffeurs de benne n’hésitent pas à trouer le bitume pour placer leurs crics. En plus de cette dégradation, s’ajoute l’épandage du sable, de l’huile de moteur ou du gas-oil sur la chaussée causant la chute des motocyclistes. On les appelle aussi les «propriétaires de la route».
Lorsqu’ils viennent par derrière, on est obligé de céder la route au risque de se faire écraser. Chez certains conducteurs de sotrama aussi, l’indiscipline est sans limite. Le problème de la surcharge est une habitude connue d’eux par tous. Ils disent à qui veut l’entendre, qu’après avoir engraissé les policiers, personne ne peut leur imposer de se conformer aux règles de la route. Ils ne respectent point la vitesse exigée encore moins le nombre de passagers.
Aujourd’hui, un nouveau phénomène très inquiétant s’ajoute à ces terreurs. Il s’agit du comportement de certains chauffeurs de 4×4 qui ne se préoccupent pas du code de la route. Il est très fréquent de les voir rouler sens opposé. Ils foncent tout droit sur tous ceux qui viennent dans le sens inverse. Les motocyclistes aussi roulent dans à tous le sens. Nombreux sont ceux qui se font écraser en voulant dépasser les véhicules.
De la ferme de Sotuba à Koulikoro, la route est parsemée de trous ou complètement érodée en certains endroits. Les servitudes sont vendues à plusieurs niveaux. Le hic est que plusieurs détenteurs de ces terres occupent souvent la route avec leurs matériaux de construction. Où sont les textes relatifs au respect des biens publics? Par ailleurs, des sous sont souvent utilisés pour sa remise en état des routes, mais on n’y voit aucun impact. Il y a moins de 4 ans, l’axe Koulikoro-Bamako a été rénové. Mais la même année, la dégradation a eu raison d’elle. Le travail était-il mal fait?
Plusieurs fois l’argent du contribuable a été utilisé pour mettre de fines couches de goudron sur une petite route. Quant à son élargissement, les autorités de la 2è République en parlaient comme si c’était fait. La même chose a continué pendant la 3è République. En Juin dernier, le président ATT y a fait allusion. Compte tenu de son agenda de fin de mandat surchargé, le projet risque d’attendre encore pour être réalisé. Avant cela, les autorités doivent jouer pleinement leur rôle de protection des citoyens. Elles doivent s’impliquer pour prévenir les tueries dues à l’anarchie et à l’indiscipline. Nos responsables doivent s’investir à punir avec rigueur les fauteurs.
Issa Santara