En fuite, Hamadoun Maïga (apprenti bouché, né vers 1999 à Koro), Hamadoun Guirou, Alpha Bamadio, Yacouba Dama, ont été jugés par contumace et condamnés à 20 ans de réclusion criminelle et 20 ans d’interdiction de séjour.
l ressort de l’Arrêt de renvoi que dans la nuit du 3 janvier 2019 à Koro, la demoiselle Fatoumata Dicko se rend à une séance de balafon pour se distraire à Koro IV. À peine arrivée, elle est approchée par Hamadoun Maïga qui sollicite d’elle une rencontre en aparté. Elle lui oppose, dans la foulée, une fin de non-recevoir. Face à la persévérance de son interlocuteur, elle trouve refuge auprès du jeune homme, Daouda Maïga. Hamadoun Maïga, pour arriver à ses fins, fait appel à son ami Hamadoun Guirou pour l’aider à contraindre Fatoumata Dicko à les suivre. Ensemble, ils l’enlèvent et l’embarquent manu militari sur une moto Djakarta pour l’amener dans un endroit qu’elle ignore, à Koro II. Dès leur démarrage, ils sont suivis par Alpha Bamadio et Yacouba Dama. Lorsqu’ils arrivent à destination, Hamadoun Maïga et son homonyme Hamadoun Guirou la trainent dans une chambre et se mettent à la déshabiller de force. Malgré ses supplications et demandes à l’aide, Hamadoun entretient de force avec elle des rapports sexuels. Après avoir assouvi son désir, il laisse sa victime entre les mains de ses trois autres camarades. Ceux-ci, à tour de rôle, entretiennent aussi des rapports sexuels avec elle. Humiliée et terrifiée, elle porte plainte contre eux pour viol en bande.
A la suite de l’enquête préliminaire ouverte sur dénonciation des faits à la Brigade de gendarmerie, la même nuit à 23 h 41 par la victime, seul Hamadoun Maïga a été arrêté et déféré suivant PV n° 03 du 3 janvier 2019 et inculpé. Les autres sont demeurés en fuite. L’inculpé Hamadoun Maïga a tenté de nier les faits de viol en soutenant qu’il a entretenu des rapports sexuels avec Fatoumata Dicko (la partie civile) dans une chambre sans portail avec le consentement de celle-ci. Il a fini par faire un aveu et a donné les noms des autres, tant à l’enquête préliminaire qu’à l’instruction. Ces trois autres camarades, à savoir Hamadoun Guirou, Alpha Bamadio et Yacouba Dama ont, à tour de rôle, entretenu des rapports sexuels avec elle sans son consentement. Après leur forfait, ils ont pris la fuite et restent introuvables. La victime, au cours de son audition, s’est inscrite en faux contre les allégations de Hamadoun Maïga. Elle a soutenu mordicus qu’elle a été enlevée et traînée dans une chambre nuitamment par Hamadoun Maïga et son ami Hamadoun Guirou et que ce dernier la tenait par sa bouche pour l’empêcher de crier. Au même moment, le premier abusait d’elle sexuellement nonobstant ses cris et supplications. Les autres l’ont tour à tour violée. Il est sans conteste que Fatoumata Dicko a été enlevée et violée l’un après l’autre par Hamadoun Maïga, Hamadoun Guirou, Alpha Bamadio et Yacouba Dama. Hamadoun Guirou, Alpha Bamadio et Yacouba Dama demeurent en fuite et leurs identités ne sont pas connues. Les mandats d’arrêt contre eux en date du 14 février 2019 n’étaient pas renseignés et ne pouvaient être exécutés. D’où des PV de recherches infructueuses de la Brigade, versées au dossier. Il est convenu d’en tirer les conséquences de droit en application de l’article 211 alea 2 du Code de procédure pénale et dire n’y avoir à suivre contre eux. De ce qui précède, il résulte charges suffisantes contre Hamadoun Maïga, d’avoir à Koro, dans la nuit du 3 janvier 2019, en tout cas depuis moins de 10 ans, commis avec violence un acte de pénétration sexuelle sur Fatoumata Dicko, avec cette autre circonstance que ladite pénétration sexuelle a été commise à l’aide de plusieurs personnes. Ces faits sont prévus et punis par l’article 226 du Code pénal et peuvent donner lieu à l’application de peine criminelle. L’inculpé Hamadoun Maïga s’est évadé le 18 novembre 2019 (rapport du 12 décembre 2019 du régisseur de la Maison d’arrêt). Un mandat d’arrêt du 3 juillet 2019 a été délivré contre lui. Le rapport d’expertise mentale prouve qu’il ne souffre d’aucune anomalie mentale pouvant influer sur sa responsabilité pénale. Le bulletin n° 2 du Casier judiciaire de l’inculpé Hamadoun Maïga atteste qu’il est délinquant primaire.
Par ces motifs, vidant son délibéré conformément à la loi, statuant en chambre du conseil en matière criminelle et en dernier ressort, la Cour a déclaré insuffisamment établie à l’égard des inculpes Hamadoun Guirou, Alpha Bamadio et Yacouba Dama, la prévention des faits de viol en bande, dit n’y avoir lieu à suivre contre eux de ce chef de poursuite. Par contre, la Cour a déclaré suffisamment établie à l’égard de l’inculpé, Hamadoun Maïga, la prévention du crime de viol et a prononcé en conséquence sa mise en accusation en raison des faits ci-dessus spécifiés et qualifiés. Elle a décerné contre lui ordonnance de prise de corps et l’a renvoyé devant la Cour d’assises de Mopti pour y être jugé conformément à la loi.
Les inculpés étant en fuite, ils n’ont pas comparu le lundi 28 juin 2021. Ils ont été jugés par contumace et condamnés à 20 ans de réclusion criminelle et 20 ans d’interdiction de séjour.
Siaka DOUMBIA – Envoyé spécial