Dadié Hamidou Haïdara, né le 12 avril 1984 à Sébénicoro, est gendarme domicilié au camp I. Nouhoum Cissé est né le 07 décembre 1982 à Bamako et il est policier. Ils ont comparu devant la Cour d’assises, le vendredi 27 novembre 2020, pour coups et blessures volontaires, arrestation illégale, violences, tentative d’assassinat et complicité sur la personne de Kalifa Doumbia. Dadié Hamidou Haïdara, pour n’avoir pas comparu devant les juges, a écopé la peine de mort et Nouhoum Cissé, qui a comparu, a pris 5 ans de prison avec sursis.
Il résulte de l’information les faits suivants : Dans la nuit du dimanche 23 au lundi 24 novembre 2014, Kalifa Doumbia, chauffeur de son état, conduisait le camion dans lequel, en provenance de Koulikoro, il transportait un chargement de sable en compagnie d’Adama Traoré et de Bourama Doumbia, ses apprentis. Il était pris en chasse par les agents Dadié Hamidou Haïdara et Nouhoum Cissé, appartenant respectivement aux effectifs de la gendarmerie et de la police nationale qui enfourchaient une mobylette pour ce faire, lorsqu’il avait franchi la barrière de fluidité du poste de contrôle de Niamana. Chemin faisant, Adama Traoré, qui s’en apercevait, faisait comprendre à Kalifa Doumbia qu’ils étaient suivis par les agents. Il ajoute avoir remarqué les signalements qu’ils leur lançaient à l’aide d’une lampe torche.
Pendant que Kalifa arrêtait sa course dans une ruelle des logements sociaux situés non loin de là, les poursuivants arrivaient à leur niveau.
Le maréchal des logis chef Dadié Hamidou Haïdara est descendu de la mobylette que garait Nouhoum Cissé devant le camion. Avançant du côté de la cabine du véhicule, il a procédé à l’identification du conducteur avant de le sommer de descendre.
Au moment même où Kalifa Doumbia amorçait le mouvement pour descendre du camion, comme pour répondre à cette interpellation, Dadié Hamidou Haïdara a sorti son arme et lui a tiré dessus, lui provoquant des blessures à la partie supérieure de l’omoplate et du pavillon de l’oreille gauche.
Ainsi blessé, Kalifa, le corps maculé de sang, était contraint par le gendarme de conduire le camion pour revenir au poste où les protagonistes étaient reçus par le chef de poste Alassane G. Maïga qui nettoyait, à l’aide d’alcool, les blessures du chauffeur, avant d’enjoindre au gendarme de le conduire au centre de santé le plus proche pour une prise en charge. Au lever du jour, ils étaient conduits d’abord à la Brigade de gendarmerie de Kalabancoro, ensuite au Service d’investigation judiciaire de Bamako pour les besoins d’enquête préliminaire.
A l’issue de cette enquête et consécutivement aux réquisitions introductives du 08 décembre 2014, une information judiciaire des chefs de coups et blessures volontaires, d’arrestation illégale, de violence et de complicité desdits actes, tels que prévus et punis par les articles 3, 24, 199, 207 et 237 du code pénal, était ouverte contre Dadié Hamidou Haïdara et Nouhoum Cissé.
En cours d’instruction, Kalifa Doumbia réitérait, en date du 30 novembre 2016, qu’il était plutôt victime d’un coup de feu tiré par le gendarme Dadié et non de violences légères. Aussi, le certificat médical produit par la victime a abouti aux inculpations de tentative d’assassinat et de complicité.
L’examen des mêmes pièces laisse apparaitre que l’inculpé, Dadié, a partiellement reconnu les griefs qui lui sont reprochés, expliquant qu’il est vrai qu’il a occasionné des blessures à Kalifa Doumbia, à l’aide de la crosse de son arme, à l’occasion de la course poursuite qu’ils étaient obligés d’engager contre le conducteur du camion qui venait non seulement de foncer sur la barrière de fluidité pour la traversée, sans aucune forme d’éclairage permettant d’identifier la plaque numérologique de son engin, mais aussi la victime s’obstinait à refuser d’obtempérer à leur signalement pour avoir tenté de le renverser dans une fosse, le long de la route. Il a donc soutenu qu’à aucun moment il n’a tiré un quelconque coup de feu sur la partie civile.
Il ressort des déclarations de toutes les parties que Kalifa Doumbia a reçu des blessures des suites de l’interpellation, à l’occasion de la course poursuite déclenchée contre son camion, depuis le poste de contrôle de Niamana jusque dans la ruelle des logements sociaux de ladite commune.
Dans les débats, il ressort que Nouhoum Cissé est complice d’arrestation illégale et que Dadié est coupable de coups et blessures volontaires, arrestation illégale, violences et tentative d’assassinat sur la personne de Kalifa Doumbia.
Ainsi, la Cour, après délibération, a condamné Nouhoum Cissé à 5 ans de prison avec sursis et à 500 000 Fcfa d’amende, et Dadié Hamidou Haïdara à la peine de mort en plus de 4 500 000 Fcfa d’amende.
Marie DEMBELE