Moussa Doumbia, Ibrahim Doumbia et Kounta Sinta ont comparu le mercredi 11 novembre 2020 pour association de malfaiteurs et vol. Les victimes : des opérateurs d’Orange-money. Ils ont tous reconnu les faits qui leur sont reprochés, de l’enquête préliminaire à la barre de la Cour d’assises. Malgré tout, ils n’ont pas bénéficié de circonstances atténuantes et ont été condamnés respectivement à 5 ans, 7 ans et 10 ans de prison.
Il résulte de l’information les faits suivants : courant 2018, les nommés Ibrahim Doumbia, Kounta Sinta, Moussa Doumbia et Drissa Samaké s’entendaient pour soutirer de l’argent aux opérateurs d’Orange money. Ils usaient de stratagèmes pour connaître le code donnant accès à leurs comptes et procédaient à des transferts d’argent sur un numéro et ensuite retirer ces montants qu’ils partageaient entre eux. C’est ainsi qu’ils parvinrent à retirer 170 000 Fcfa, 160 000 Fcfa, 280 000 Fcfa, 750 000 Fcfa et 800 000 Fcfa des comptes Orange-money gérés respectivement par Tansi Aimée Traoré, Salif Yalcouyé, Moulaye Sangaré, Ibrahima K. Diallo, Mamadou Chérif Diallo et Baro Traoré.
Moussa Doumbia, né en 1988 à Sikasso, sans profession, domicilié à Kalaban coro plateau, est marié et père de deux enfants. Il a déjà été condamné deux fois.
Il retrace les faits : “Papin nous a demandé de chercher de l’argent afin qu’il nous fasse des visas pour aller en Europe. C’est ainsi qu’il m’a dit d’apporter l’argent rapidement et il m’a proposé cette affaire d’Orange-money qui permet de gagner beaucoup d’argent facilement et j’ai accepté. Il a partagé les tâches et je n’ai participé qu’une seule fois où j’étais chargé de consulter le solde qui se trouvait dans le registre de l’agent Orange-money.
C’est là qu’un jour j’ai été dans un kiosque Orange-money qu’on avait déjà ciblé. Arrivé, j’ai demandé à faire un transfert de 2000 Fcfa et quand l’opératrice Orange-money procédait à l’opération, entre temps j’ai profité pour regarder le solde dans son registre parce que les opérateurs écrivent toujours les entrées et sorties d’argent en plus du solde après chaque opération.
Le solde était de 200 000 Fcfa. C’est là que j’ai informé Ibrahima qui était chargé de soutirer l’argent dans le compte de la dame pour le transférer dans un compte et le retirer après chez un autre opérateur d’Orange-money. C’est là qu’il est venu se faire passer pour un client et a soutiré 160 000 Fcfa. Après, Papin m’a donné 30 000 Fcfa et a dit qu’il va commencer à faire mes papiers pour l’Europe. Une semaine seulement, j’ai été arrêté”.
La Cour demande à Moussa si on peut aller en Europe avec 30 000Fcfa. Celui-ci répond non.
Kounta Sinta, né le 14 décembre 1992 à Ségou, est employé de commerce domicilié à Niamana et célibataire sans enfant. Kounta Sinta dit avoir procédé de la même manière que Moussa et c’est Ibrahima qui était aussi chargé de soutirer l’argent, lui son rôle était de regarder le solde dans le registre et l’informer. C’est parce qu’il voulait aussi aller en Europe qu’il s’est retrouvé dans cette association de malfaiteurs.
Ibrahim Doumbia, né le 3 avril 1990 à Siguiri, en République de Guinée, est sans profession. Il est domicilié à Sébénicoro, marié et père de trois enfants.
“J’étais en Libye d’où j’ai été rapatrié. Après je suis allé en Algérie où j’ai également été rapatrié. C’est là que j’ai rencontré Moussa qui m’a parlé de Papin qui peut nous aider à aller en Europe par voie aérienne.C’est comme ça qu’il m’a présenté à Papin qui m’a proposé la même chose et j’ai intégré le groupe”, a martelé Ibrahima.
A la question de savoir comment il soutirait l’argent dans le compte des opérateurs sans avoir leurs codes, il répond : “J’ai travaillé comme agent d’Orange-money et je savais comment m’y prendre. Je demandais d’abord à faire un transfert d’argent et quand l’opérateur mettait le code, je le suivais attentivement et mémorisait son code. Après, il me donnait le téléphone pour recomposer le numéro sur lequel le transfert doit être fait parce que je faisais exprès de donner un faux numéro et entre temps je trainais avec le téléphone pour transférer l’argent sur mon compte et supprimer les messages.
Après je lui donnais le téléphone et filais. On remettait l’argent à Papin qui nous donnait un peu. C’est comme ça que j’ai procédé à toutes les opérations. Il y en a aussi où c’est Papin même qui soutirait l’argent et moi je me faisais passer pour un client parce que ce sont les boutiques où il y a d’autres articles qu’on ciblait, l’un se faisant passer pour un client et l’autre procédant au forfait”, a expliqué l’un des accusés. Le président de la Cour demande à Ibrahima pourquoi il a été refoulé au Mali et non en Guinée parce qu’il est Guinéen, il répond : “C’est parce je possède les papiers maliens. A l’extérieur les choses sont plus faciles pour les Maliens que d’autres nationalités”.
Ibrahima Doumbia signale que c’est Papin le chef et que c’est lui qui planifiait tout. “Ce que j’ai gagné en tout ne dépasse pas 150 000 Fcfa parce que je ne cherchais pas d’argent, mais plutôt aller en Europe”, a-t-il indiqué.
Ils sont tous inculpés d’association de malfaiteurs et vol, faits prévus et punis par les articles 175, 252 et 257 du code pénal.
Drissa Samaké dit Papin est en fuite. Il n’a jamais été retrouvé ni identifié en cours d’information.
La victime, Baro Traoré, opératrice d’Orange-money dans une station Total, affirme qu’Ibrahima a fait un moment où il venait régulièrement faire un dépôt de 2000 Fcfa et un jour il a posé son acte. “C’est lors du décompte que je me suis rendu compte qu’il y a un manquant et j’ai appelé mon chef qui est venu regarder la caméra de surveillance. Je l’ai reconnu et on le voyait effectuer le transfert. On a déposé une plainte. Un jour, la police m’a appelé pour m’informer qu’elle a arrêté certains malfaiteurs ? Arrivée au poste de police, je l’ai directement reconnu“, a indiqué Baro Traoré.
Ils ont tous été condamnés, mais à des peines différentes. Kountou Sinta a pris 5 ans parce qu’il avait une fois été condamné. Moussa 7 ans, lui aussi avait été condamné deux fois et Ibrahima en a pris 10 parce qu’il est au cœur de toutes les opérations.
Moussa Doumbia doit rembourser les 160 000 Fcfa avec Ibrahima, Kounta Sinta doit rembourser les 280 000 Fcfa avec Ibrahima et Ibrahima, à lui seul, doit rembourser tout le reste, c’est-à-dire 800 000 Fcfa, 750 000 Fcfa et 170 000 Fcfa.
Selon Yiriwélé Wologuem, avocat de la défense, quand on parle d’association de malfaiteurs, “ce n’est pas ce qu’ils ont fait qui est puni par les juges, mais la manière de perpétrer l’acte, sinon il y a un qui dit qu’il n’a reçu que 30 000 Fcfa. Il voulait se rendre en Europe et il était obsédé par cette idée, malheureusement il n’avait pas mesuré la portée de son acte. Compte tenu de leur passé, ils n’ont pas bénéficié de circonstances atténuantes”, s’attriste l’avocat de la défense. Marie DEMBELE