Inculpé pour pédophilie sur une fillette de 12 ans, Ismaël Sanogo a comparu aux audiences de la Cour d’assises du mardi 20 octobre 2020 où il a été reconnu coupable des faits à lui reprochés. Il a écopé de 5 ans de prison ferme et devra payer 500 000 Fcfa de dommages et intérêts. Ayant fait 2 ans en prison, il lui reste 3 ans à purger avant de recouvrer la liberté. Les faits !
Il ressort des informations que courant février 2018, Ismaël Sanogo (né vers 1980 à Sikasso, étudiant domicilié à Hamdallaye Extension) a profité de l’absence de son épouse pour prendre de force leur aide-ménagère, Kadiatou Mariko, et la mettre dans sa chambre où étant, il a tenté de commettre un acte de pénétration sexuelle sur elle. Celle-ci, âgée de 12 ans environ au moment des faits, est parvenue à s’échapper des griffes de son patron pour se retrouver au dehors, tout en pleurant. Une passante, l’ayant vue dans cet état s’est approchée d’elle. Kadiatou Mariko lui a raconté sa mésaventure et la passante a fait appel aux éléments du Commissariat du 2e arrondissement de Sikasso qui ont interpellé Ismaël Sanogo qui fut, par la suite inculpé, pour pédophilie.
Des charges suffisantes contre Ismaël Sanogo
A l’enquête préliminaire, l’inculpé a reconnu en partie les faits avant de le nier à l’information. Il a expliqué qu’il n’a pas touché Kadiatou Mariko. Cette dernière a soutenu mordicus que son patron, Ismaël Sanogo, l’a prise de force pendant qu’elle faisait la vaisselle pour la mettre dans sa chambre. Elle ajouta qu’il a enlevé de force son caleçon afin de commettre un acte de pénétration sexuelle sur elle, tout en l’empêchant de crier et finit par éjaculer sur ses cuisses. Il ressort de l’information que les dénégations d’Ismaël Sanogo ne sont que des stratégies de défense qui ne peuvent prospérer.
En effet, il résulte du bulletin d’analyses biomédicales en date du 13 février 2018 de l’hôpital de Sikasso, la présence de nombreux spermatozoïdes à l’état frais dans le prélèvement vaginal de la petite Kadiatou Mariko. Ces faits constituent un crime de pédophilie prévu et puni par l’article 228 aliénas 1 et 2 du Code pénal. Le bulletin n°2 du Casier judiciaire de l’inculpé ne mentionne aucune condamnation antérieure. Son expertise mentale à laquelle il a été soumis conclut qu’il ne souffre d’aucune anomalie physique ou psychique de nature à influer sur sa personnalité pénale.
Les renseignements de personnalité le concernant lui sont favorables. De tout ce qui précède, il résulte de l’information charges suffisantes contre Ismaël Sanogo. Par ces motifs, sa mise en accusation a été prononcée et il a été renvoyé devant la Cour d’assises pour y être jugé conformément à la loi.
A la barre, devant les juges, Ismaël Sanogo a continué à nier les faits qui sont reprochés. Il a maintenu qu’il n’a pas touché son aide-ménagère Kadiatou Mariko. Et s’il n’a pas touché la petite fille, pourquoi il y avait-il du sperme sur les cuisses de sa victime ? Et comment se fait-il que le caleçon de la fille se trouvait sous son matelas ? Ismaël Sanogo insistera qu’il n’a pas touché la petite. Il a expliqué que c’est l’Inspecteur de police qui a mis le caleçon de la fille sous son matelas pour l’enfoncer avec cette preuve.
Comme partie civile, la mère de Kadiatou Mariko a témoigné que sa fille lui a confié qu’Ismaël Sanogo ne l’a pas touchée. Elle a soutenu que Kadiatou Mariko, sous le conseil d’un boutiquier, a dénoncé Ismaël Sanogo de l’avoir agressée.
Etant mariée en Côte d’Ivoire, Kadiatou Mariko n’a pu venir à la barre. Cette version de la mère de la victime n’a pas convaincu le Ministère public qui dira que la mère de la victime a été l’objet de pression de la part des parents d’Ismaël Sanogo. Sinon, a-t-il argumenté, les faits sont clairs.
Et l’accusé a fait une mise en scène car le certificat médical confirme l’attouchement sexuel et l’éjaculation sur Kadiatou Mariko. Le Ministère public a proposé de maintenir l’inculpé dans les liens de l’accusation.
Me Laskine Traoré, l’avocat (commis d’office) pour l’accusé, dira que son client est victime de fausse accusation, que son dossier est vide et qu’il n’est coupable de rien. Il a fait remarquer que l’infraction n’est pas consommée. Donc, l’accusation de pédophilie n’est pas constituée parce que l’Acte de naissance de la victime manque au dossier. Ce qui ne permet pas de connaitre l’âge de la victime pour dire qu’elle était mineure au moment des faits.
“Ensuite, il n’a pas été prouvé que le sperme prélevé sur la victime appartenait à l’accusé. Ce qui prouve que les faits ne sont pas établis. Et l’instruction n’a pas été bien faite. Ce qui n’honore pas la justice malienne. Durant les enquêtes, la victime n’a pas été assistée par un adulte. Ce qui n’est pas légale. Le doute à l’encontre de mon client est palpable. Je demande de l’acquitter car il n’est coupable de rien. Il est accusé sur du faux car la partie civile a dit que la victime n’a pas été touchée. Et le Ministère public n’a pu prouver les faits. En quoi et sur quoi peut-on incriminer mon client qui n’est pas coupable ?”, a-t-il plaidé.
Dans sa délibération, la Cour a reconnu Ismaël Sanogo coupable des faits, mais avec des circonstances atténuantes. Le Ministère public a requis 5 ans de prison ferme. Son avocat a sollicité la clémence de la Cour.
“Je sollicite la clémence de la Cour pour donner une seconde chance à mon client. Ayant fait 2 ans en prison, il peut s’amender. Je plaide pour lui une peine assortie de sursis afin qu’il puisse aller s’occuper de ses enfants”, a dit son avocat. Comme dernier mot, Ismaël Sanogo dira à la Cour de dire le droit.
Dans son Arrêt de condamnation, la Cour a condamné Ismaël Sanogo à 5 ans de prison ferme et au paiement de 500 000 Fcfa d’amende.
Siaka DOUMBIA