Le 2e dossier vidé par la Cour d’assises à l’audience du lundi 21 juin 2021 concernait Amadou Dougnon (cultivateur né vers 1980 à Omo, Commune rurale de Bondo, cercle de Koro) accusé d’assassinat et de complicité d’assassinat d’Amadou Saye. Les juges ont trouvé insuffisantes les preuves contre l’accusé qui a été purement et simplement acquitté. De quoi s’agit-il ?
Il ressort de l’arrêt de renvoi les faits suivants. Le 25 août 2019, Amadou Saye, boucher de son état, se rendit, comme à l’accoutumée, à la foire hebdomadaire de Dangaténé pour y vendre de la viande de porc.
Après la foire, aux environs de 18 h, à sa sortie d’un cabaret, il quittait Dangaténé pour son village Adounakambé. Sur son chemin, il trouva Agnawalou Dougnon qui se rendait à Torou, village situé entre Dangaténé et Adounakambé. Ils cheminèrent ensemble pour arriver aux environs de 20 heures.
Amadou Saye rendit visite à son ami Amadou Dougnon. Après une partie de thé, il demanda la route à ce dernier qui lui conseilla de passer la nuit à Torou. Il accepta la proposition de son hôte, qui va le faire dormir chez Agnawalou Dougnon.
Demeuré injoignable durant toute la nuit, ses proches décidèrent de se rendre à Torou pour s’enquérir de la situation. En cours de route, ils ont été surpris de voir son corps sans vie criblé de balles, à côté d’une rivière aux alentours du village de Torou. Horrifiés, ils alertèrent le maire de la localité, sur les instructions duquel il est procédé à l’enterrement du corps le même jour.
Quelques minutes après ces cérémonies, le frère cadet de la victime, Isaac Saye, appela son numéro décroché par Amadou Dougnon, lequel l’invitait à venir récupérer le téléphone portable et la somme de 10 650 F CFA.
A partir de cet instant, plusieurs habitants du village d’Adounakambé en prenant déjà Amadou Dougnon comme l’auteur de l’assassinat de leur fils et frère, vont en représailles affluer vers Torou pour lui régler son compte, n’eut été le refus du chef du village de le livrer dans l’incertitude. Alertés, les chasseurs intervinrent pour conduire le suspect dans leur camp à Dangaténé pour en savoir davantage.
Ainsi, devant une assemblée de plus d’une centaine de personnes, Bassoye Saye déclara que la moto de la victime se trouvait à Kamkoro aux dires d’Ablo Saye, père de la victime, lequel a opposé un démenti catégorique. La situation devenait explosive et les deux villages s’apprêtaient à l’affrontement quand un conseiller du village de Torou en alertait la gendarmerie, qui dépêcha ses éléments sur les lieux.
En réussissant à s’interposer entre les belligérants, les gendarmes interpellèrent et conduisirent Amadou Dougnon à la brigade territoriale de Koro qui en dressa le PV n°082 du 6 septembre 2019. Il sera accusé d’assassinat et de complicité d’assassinat et conduit devant la Cour d’assises de Mopti.
Devant les juges, Amadou Dougnon a continué à nier les faits qui lui sont reprochés. Il a soutenu qu’il n’a pas tué Amadou Saye et qu’il ne possède pas de fusil.
Dans sa plaidoirie, le ministère public a avoué qu’il est mal à l’aise sur le dossier. Il demandera à la Cour de déclarer Amadou Dougnon non coupable et de le relâcher. Me Simon Légou, l’avocat de l’accusé, profitera de cette brèche ouverte par le ministère public. Il soutiendra que l’instruction a été bâclée car des témoins n’ont pas été écoutés et son client a été victime de sa foi en gardant le téléphone et l’argent de la victime qui était saoul au moment des faits. Il a sollicité l’acquittement de son client.
Dans sa délibération, la Cour a innocenté Amadou Dougnon et l’a acquitté. C’est en larmes qu’Amadou Dougnon a regagné sa place. Il a été libéré au lendemain de son procès.
Siaka Doumbia
Envoyé spécial à Sévaré