Incroyable mais vrai : Le faux marabout et l’Ivoirien à la quête du «dibilan» et du «néguèhaya»

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    Si, par hasard, vous rencontrez un homme à poils circulant dans les rues de Bamako, ne concluez pas hâtivement qu’il s’agit d’un malade mentale échappé du cabanon. Peut-être, s’agirait-il de Abdoul Karim  Karamoko, un « i(l) voit rien »  [ivoirien] qui s’est fait avoir par le premier marabout de la cité.rn

    Les faits remontent au mois de Février dernier. M Abdoul Karim Karamoko est un militaire ivoirien contraint par les événements dans son pays de venir s’installer à Bamako. Il était à la recherche d’un talisman ou du moins, de deux : le premier, un « nèguèhaya » censé le protéger contre les balles ennemis (un pare-balles mystique) et un « dibilan » ou formule pouvant rendre invisible. Par l’intermédiaire d’un compatriote, il fit la connaissance de du marabout Moussa Sow qui certifia être en mesure de lui donner entière satisfaction. 

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    Pour le « dibilan », il fallait un chat noir, totalement noir sans aucun poil blanc. Notre ivoirien ne voyait vraiment rien. Il se mit à la recherche d’un chat noir qu’il trouva jusqu’à Koutiala après plusieurs semaines de recherches intenses. L’animal lui valu la coquette somme de 200.000 F CFA. Par crainte que le félin ne s’échappe, il dormait avec lui jusque dans son lit. Il l’appelait affectueusement « Bijou ». Une fois à Bamako, il remit la bête au Marabout qui le fit égorgé et, avec la peau de la pauvre bête, confectionna deux talismans : le premier censé le protéger contre tout agresseur lequel s’écroulera immédiatement en lui donnant un coup.

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    Le second le rendait invisible. Notre homme se crut alors tout puissant. Mais la réalité s’imposa très vite à lui. A la faveur du Concert géant de Salif Keïta au mois de mai dernier, il se fit sérieusement molesté par des bandits au Stade Omnisports. Il eut beau mordre ces talismans, ses agresseurs restèrent bien débout et cognaient toujours. Il fut contraint de se laisser dépouiller. Malgré cet avertissement, il croyait toujours à l’efficacité de son second talisman, celui de l’invisibilité.

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    C’est ainsi que le samedi dernier, il décida de tester le produit.  Il se mis alors  à poil conformément aux prescriptions du marabout, porta le talisman sur lui, mordit l’objet et sortit dans la rue, convaincu d’être invisible. Il ne fit pas attention aux regards étonnés et suspects  des femmes rencontrées sur son chemin. Il marcha, marcha…, jusqu’au moment où il rencontra un de ses amis qui s’étonna : « mais dites – donc, mon cher ! C’est quoi cette manière. Pourquoi t’es nu et qu’as tu dans la bouche ? ». Il ne répondit pas, espérant qu’il ne s’agissait pas de lui. L’ami insista : « Hè Abdoul Karim Karamoko, c’est à toi que je parle. Qu’est ce qui t’a pris de te mettre à poils dans la rue ? ». C’est en ce moment qu’il réalisa avoir être été le dindon de la farce. Il chercha vite un morceau de tissu pour couvrir sa nudité et regagna vite son logement. Il s’habilla, sortit, et se rendit directement chez l’Inspecteur Principal Papa Mamby Keïta du Commissariat de Police du 3ème Arrondissement. Ce fut un jeu d’enfant pour ce dernier de mettre la main sur l’escroc. Il avoua son crime. Depuis qu’il est Bamako, notre ivoirien venait, pour la première fois, de voir clair. Maintenant, il ne cherche qu’une chose : rentrer en possession de son argent soit la bagatelle de 450.000 F CFA non compris les petits cadeaux offerts par ses soins au faux marabout et par certains de ses amis ivoiriens de passage à Bamako.

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    B.S. Diarra

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