Abusant de son statut d’élu à l’Assemblée nationale, Mamadou Awa Gassama (député URD) est passé maître en matière de terreur et d’arrogance à l’endroit des électeurs qui ne sont pas du même bord politique que lui. Et ce n’est pas Maro Coulibaly qui dira le contraire. En effet, parce que Mme Coulibaly a refusé de rallier son camp, l’indélicat député a constitué un groupe de gangsters en vue d’incendier le domicile de la dame et provoquer ainsi son élimination physique.
L’Assemblée nationale est en passe de devenir le lieu ou le refuge d’hommes politiques d’une autre époque, des hommes sans scrupule, sans éducation et dépourvus de tout sens de la convenance. Le député élu dans la circonscription électorale de Yélimané en est véritablement un. Mamadou Awa Gassama, puisque c’est de lui qu’il s’agit, impose aujourd’hui un climat de terreur sur les populations de cette localité, notamment celles qui ne partagent pas avec lui la même conviction politique. Grâce à l’intimidation et au trafic d’influence, le « maître -gangster » (comme l’appellent certains) règne sur une population impuissante dans le village de Djonka (à quelques kilomètres de Yélimané), tout en abusant de son immunité parlementaire.
Banale affaire de panneau solaire
Mme Coulibaly, une femme leader d’opinion très écoutée dans les milieux associatifs féminins, a fait les frais de son refus d’adhérer aux orientations du député URD. Les faits remontent à la période des pré- campagnes pour les élections législatives de 2007 où elle fut approchée par le sieur Gassama pour rallier son camp. Mais Mme Coulibaly déclina l’offre, estimant qu’elle a déjà exprimé sa sympathie pour autre formation politique. Il n’en fallait pas plus pour provoquer l’ire du candidat sortant de l’URD. Selon lui, il est élu « député à vie », avec ou sans la volonté de ses adversaires politiques à Yélimané, se plaît-il à répéter à qui veut l’entendre.
Comme une ironie de l’histoire, une affaire de vente de panneau solaire opposa Tamba Doucouré (un proche parent de Gassama) à Mme Coulibaly. Malheureusement, la pauvre ne savait pas ce qui se tramait dans son dos. Après avoir été en possession du panneau, le sieur Doucouré disparut, ou du moins ne voulut rien entendre à propos du paiement des 300 000 FCFA représentant la valeur du matériel. Face au refus catégorique de Tamba Doucouré de s’exécuter conformément aux clauses de la vente, Maro Coulibaly décide de saisir la gendarmerie. Au total, trois convocations furent adressées par les gendarmes au sieur Doucouré.
Au tribunal de première instance de la localité, deux autres convocations furent envoyées par le juge. Mais Tamba Doucouré, qui bénéficie de la protection du « tout puissant » député Gassama, refusa obstinément de se présenter devant la loi. Alors, la gendarmerie et le juge de la localité vont sévir en se lançant à ses trousses. Après une brève tentative de fuite, il fut mis aux arrêts. Informé, le député Gassama se transporta alors sur les lieux et exigea la libération de son parent. Contre la pauvre dame, il profèrera des insultes aussi vulgaires que méprisables qui témoigneront de son manque évident d’éducation. Comme on pouvait s’y attendre, il parvint à obtenir la libération de son mentor, mais contre un engagement (devant le juge) à payer les 300 000 FCFA à Maro Coulibaly.
Pourtant, le discours du député va changer une fois retourné dans le village Djonka où il clamera sur les antennes d’une radio privée que l’argent ne sera payé, et que Maro, qui a refusé de rallier son camp, doit se résoudre à comprendre que dans le cercle de Yélimané, lorsqu’on n’est pas du côté de Gassama, on n’aura jamais la paix.
Incendie criminel
C’est dans ce climat de forte tension, marquée d’intimidations, de menaces de mort et d’insultes grossières de la part du député Gassama, qu’intervint le concert de l’artiste Nabintou Diakité. A la faveur de ce concert, l’élu va recruter un groupe de malfrats qu’il chargera d’éliminer physiqument de la pauvre dame. Alors que cette dernière était certaine que rien ne pouvait plus arrêter les éléments de Gassama, elle fit irruption dans sa chambre. Le groupe de malfrats décida alors d’incendier sa maison, en présence de témoins oculaires. Evanouie à l’intérieur de la maison, la pauvre dame échappa néanmoins à la mort, mais de justesse. Transportée d’urgence à l’hôpital régional « Alfousseyni Dao » de Kayes, elle ne dut sa suivie qu’à la perspicacité de son médecin traitant.
Le vrai commanditaire de l’incendie criminel, Mamadou Awa Gassama, ne pourra être traduit devant les tribunaux, tout simplement parce qu’il bénéfice …de l’immunité parlementaire. Quant à ses sbires, ils seront libérés de
Mais trois ans après cet engagement, le député Gassama ne veut toujours rien entendre de cet incendie criminel qu’il a conçu et mis à exécution. Quant à sa victime, elle a usé de tous les voies et moyens de recours, espérant que le droit sera dit un jour.
Joint par nos soins, le député n’a pas voulu répondre à nos différentes sollicitations. Et nos multiples messages vocaux laissés sur son répondeur ne nous ont pas permis d’entrer en contact avec lui. Au groupe parlementaire URD (que avons appelé), on nous a tout simplement fait savoir qu’il n’est pas sur place.
Ce comportement d’une autre époque, indigne d’un élu du peuple, remet une fois de plus sur le tapis l’arrogance manifeste du député de Yélimané. Reconnu pour ses agissements et ses scandales à répétition en toutes occasions, c’est ce député qui avait osé insulter l’ancienne ministre de la justice et garde des sceaux, Me Fanta Sylla, au cours d’une interpellation. C’est également cet élu sans scrupule qui, au cours d’une banale altercation, avait agressé en toute impunité une employée de l’aéroport de Bamako- Sénou, avant de soutenir bec et ongles que le projet de Code de la famille et des personnes a été instrumentalisé. Bref, Mamadou Awa Gassama est véritablement ce genre de député qui incarne la honte de notre auguste Assemblée nationale.
Issa Fakaba Sissoko