Dépassé par la charge subie, le compteur du bâtiment qui abrite le Directeur national s’enflamme et contamine les branchements électriques.
Située sur une artère très passante du centre vile, l’Avenue Kassé Kéïta en commune III du District, cette direction aurait pu causer une vraie catastrophe nationale.
Le mercredi dernier, jour de conseil des Ministres et de limogeage des DAF de tous les ministères, a failli être aussi un jour de catastrophe nationale. Et en effet, c’est ce jour qu’a choisi le compteur usé, fatigué et surchargé du bâtiment qui abrite la Direction nationale de la Fonction Publique, Sidy Traoré, son staff et d’autres services de la direction pour prendre feu et menacer les alentours. Il était environ 14 heures (et il faisait très chaud) lorsque le compteur, logé sous la véranda à une dizaine de mètres de la rue, s’est mis à pousser de la fumée noire à cracher du feu, et à émettre des éclaires horribles; ce sont ces bruits de ” mass ” ou court-circuit causés par les fils électriques à la manière des tonnerres qui ont effrayé plus d’un. Ce fut la débandade, la ruée vers la sortie, un sauve-qui- peut digne d’un film d’action. Des dames lourdes et des hommes rouillés de tous âges ont retrouvé leurs jambes de jeunesse ; de vrais Usein Bolt qui se battent pour franchir la porte en premier lieu. C’est là que les meilleurs amis découvrent qu’on s’aime avant toute autre personne.
Une dame qui a assisté à la scène de loin et depuis l’autre côté de la rue raconte : ” J’ai cru, en les voyant courir dans tous les sens pour se sauver qu’il devait y avoir un fou furieux dans la direction “. C’est seulement après qu’elle a aperçu la colonne épaisse de fumée monter au ciel. Sous la violence des flammes, le compteur a carbonisé, avant de tomber par terre, raide mort : il ne brulera plus jusqu’ à la fin du monde ! Telle est la source de soulagement d’une employée qui avait mal à la direction à cause du satanique compteur qui n’était pas à son premier incendie causé sur les lieux. ‘ Chaque année, c’est la même chose, il brule. On lui a dit (au Directeur elle veut dire) de changer le compteur mais il a refusé prétextant le cout trop élevé ; 25 millions F CFA selon elle. Mais il est vrai que le compteur n’était pas à sa première brûlure ; cela est confirmé par toutes les sources internes à la Direction. C’est ainsi qu’un monsieur nous confiera qu’il s’agissait du troisième incendie causé par le même compteur.
Les tuyaux des pompiers pètent
Mais pourquoi est-ce que le compteur de malheur, qui terrorisait tout le monde au service, provoquait-il tant d’incendie ? La réponse est toute simple, la surcharge. Le compteur était sur place depuis toujours, pour ainsi dire, mais depuis, trois nouveaux bâtiments ont poussé et avec eux leurs contenus en bidules consommatrices de courant en tous genres et qui sont relié au même compteur. Alors forcement…Mais qui est responsable de cette situation ? Le Directeur comme le pense la dame citée plus haut et comme pourrait le présumer le premier Malien venu ? Oui et non. Oui parce qu’il appartient à ce responsable d’écrire au DAF qui doit faire le nécessaire pour remplacer le compteur défectueux. Et ce nécessaire, Sidy Traoré déclare l’avoir fait dans les formes. Mais l’ironie du sort a voulu que ce soit le jour ou les DAF ont tous été relevés que le dernier incendie causé par le vieux et usé compteur a eu lieu. Car à notre retour sur les lieux le vendredi suivant, un compteur neuf avait pris la place de son défunt prédécesseur. Mieux encore, un autre compteur est destiné à être central afin de faire face avec efficacité aux demandes.
La question à poser ici est de savoir si quelque part au Mali dans d’autres services, les classes d’âge de ce compteur mort dans l’incendie ne trônent pas sur d’autres murs, mettant en danger permanent la vie des agents ? Cette interrogation est justifiée par la règle suivante : les mêmes causes provoquent les mêmes résultats. Or, c’est l’irresponsabilité des… responsables qui est derrière cet incendie qui aurait pu provoquer un désastre national. Cette même irresponsabilité s’est manifestée lors de l’incendie en cause ici. En effet, les pompiers sont arrivés vite sur les lieux mais ils ont été trahis par leur matériel usé et défectueux. Lorsqu’ils ont branché leur arme pour arroser l’incendie, le tuyau a pété et c’est la pharmacie d’en face qu’ils ont éclaboussée. Un d’entre eux a dû enlever sa jakette pour l’attacher avec. Et il convient de dire que les hommes qui risquent leur vie pour éteindre l’incendie étaient très en danger ce jour et d’aucuns s’inquiétaient pour eux (Nous, nous étions loin mais eux ne pouvaient pas fuir. Leur devise, Sauver ou périr, le leur interdit.
Amadou Tall