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Mahamadou Doucouré.[/caption]
Condamné mi-octobre pour viol dans l’affaire des tournantes, Mahamadou Doucouré comparaît pour l’assassinat de sa femme et l’enlèvement de son fils.
Mahamadou Doucouré retrouve aujourd’hui une salle qu’il connaît bien. Ce père de famille de 30 ans est jugé jusqu’à mardi par la cour d’assises du Val-de-Marne, à Créteil, pour l’assassinat de son ex- épouse à Fontenay-sous-Bois en février 2010 et l’enlèvement de son fils, alors âgé de 17 mois.
Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Fait rarissime, c’est la seconde comparution de Mahamadou Doucouré, en moins d’un mois, devant cette cour. Le 11 octobre, ce fils d’agents d’entretien a été condamné pour viol à cinq ans de prison dont un an ferme à l’issue du procès de la retentissante affaire dite des tournantes de Fontenay-sous-Bois.
L’ombre de cette douloureuse audience devrait planer sur le procès qui s’ouvre ce matin. Car une nouvelle fois, c’est une femme qui a subi les foudres de cet homme présenté par les experts comme narcissique, égocentrique et intolérant à la frustration. Mahamadou Doucouré le reconnaît lui-même, il a du mal à gérer ses pulsions.
Vingt-deux coups de couteau
Ce matin du16 février 2010, des jeunes filles aperçoivent sur le chemin de l’école un homme briser la baie vitrée d’un logement de Fontenay-sous-Bois, situé au rez-de-chaussée. Un quart d’heure plus tard, les policiers, alertés, découvrent sur le lit de l’appartement le cadavre ensanglanté de Tanja, une jeune mère de 25 ans, transpercé de vingt-deux coups portés par un grand couteau de cuisine. Grâce à la vidéosurveillance, installée dans le hall de l’immeuble, les enquêteurs identifient comme principal suspect Mahamadou Doucouré, marié religieusement à la jeune femme en 2007 et séparé deux ans plus tard. Surtout, ils découvrent que l’assassin présumé a pris la fuite avec son fils, dont il se disputait la garde avec sa femme.
Pour la neuvième fois en France, l’alerte enlèvement est déclenchée. Le portrait d’Ibrahima, aux cheveux bouclés noirs, est diffusé sur tous les médias. C’est finalement grâce à une de ses ex-petites amies, à qui il avait demandé le logis, que Mahamadou Doucouré est localisé à Châtillon (Hauts-de-Seine) avec son petit garçon, retrouvé sain et sauf.
Face aux enquêteurs, il a reconnu être venu à Fontenay avec le couteau pour « récupérer » son ex-compagne. Moins d’une semaine plus tôt, le 9 février, le tribunal correctionnel de Créteil l’avait pourtant condamné à quatre mois de prison avec sursis et interdiction d’entrer en contact avec Tanja en dehors des jours de visite à son enfant.
Il la harcelait, comme en témoignent les 250 messages ou appels malveillants adressés à son ex-femme dont celui-ci : « Soit tu reviens, soit tu crèves. »
Quelques heures après le drame, les proches de Tanja, mais aussi des élus, avaient dénoncé l’inertie de la justice et des pouvoirs publics à protéger les femmes de leurs compagnons violents. Le gouvernement avait alors accéléré la mise en œuvre d’un arsenal renforçant la lutte contre les violences conjugales, adopté en juin 2010 par le Parlement. Le 20 février, un millier de personnes avaient défilé dans les rues de Fontenay-sous-Bois. Derrière ces mots imprimés sur une banderole : « Tanja, à jamais dans nos cœurs ».
Vincent Vérier | Publié le 02.11.2012, 08h32-
Le Parisien