L’hôtel El Farouk Kempinski vient de changer de propriétaire. Le jeudi 22 mars 2007, aux environs de 17h30 mn, le groupe “Libyan Arab Africa Investment Company” a signé la convention de concession avec Mme Djamila Ferdjani, épouse Ben Baba, administratrice de la société et promotrice de l’hôtel El Farouk Kempinski. Présidée par Ndiaye Bah, ministre de l’artisanat et du tourisme, la cérémonie de signature consacre la fin des démêlés judiciaires que Mme Djamila Ferdjani, épouse Ben Baba avaient avec le pool bancaire qui l’avait assistée pour la réalisation de son projet.
Inauguré en mars 2004 par le Président de la République Amadou Toumani Touré, accompagné par le gouvernement du Mali au grand complet, l’hôtel El Farouk Kempinski a attendu le 22 mars 2007 pour changer de propriétaire. La cérémonie de signature de l’acte de cession a eu lieu hier à l’hôtel de l’amitié de Bamako. Présidée par Ndiaye Bah, ministre de l’artisanat et du tourisme, la cérémonie a enregistré la participation de Mohamed Agil, président directeur général de la Libyan Arab Africa Investment Company (LAAICO). L’on pouvait aussi noter la présence des avocats et des représentants des banques du pool bancaire partie prenante dans la réalisation du projet de l’hôtel El Farouk Kempinski.
Mohamed Agil, PDG de la LAAICO, a indiqué être très heureux chaque fois qu’il foule le sol malien. Selon lui, chaque fois qu’il vient au Mali, c’est pour renforcer le potentiel d’investissement de son entreprise dans le secteur touristique du pays. Il a rappelé qu’il y a seulement quelques mois, les cadres de son entreprise étaient au Mali pour les signatures des contrats de cession de l’hôtel inachevé "Marietou Palace" de Babani Cissoko, de l’hôtel Azalaï de Tombouctou et du complexe hôtelier de Sélingué.
Signalons que la LAAICO est depuis belle lurette propriétaire de l’hôtel de l’Amitié Sofitel. Il a rappelé que tout cet investissement représente le bon climat des relations entre le Mali et la Libye.
De son côté, Mme Djamila Ferdjani, épouse Ben Baba, a salué le pool bancaire pour sa compréhension et sa patience. Selon elle, la SMH-SA, en prenant l’initiative de l’hôtel El Farouk Kempinski s’était engagée dans la voix du développement du secteur touristique du Mali. "Je souhaite que cet esprit qui a guidé nos actions reste", a-t-elle déclaré.
Pour sa part, le ministre Ndiaye Bah a salué l’esprit de la cérémonie qui consacre l’aboutissement des négociations qui étaient en cours depuis plusieurs mois. "Cette cérémonie est heureuse d’autant qu’elle ouvre une nouvelle étape pour ce bel outil qu’est l’hôtel Kempinski El Farouk", a-t-il déclaré.
Il a rappelé que cet établissement né de la volonté de Mme Ben Baba de participer à l’essor national a contribué admirablement à l’amélioration de la capacité d’accueil de Bamako en hôtels haut de gamme, mais aussi à l’embellissement de la ville.
Le ministre a adressé ses vives félicitations à la LAAICO pour cette nouvelle acquisition. Selon lui, cela fait d’elle le premier hôtelier du Mali par la qualité des infrastructures et par la capacité d’accueil offerte. Il a déclaré qu’il ne doute point que l’intervention de la LAAICO dans le secteur va conduire à l’élévation des standards afin d’offrir aux clients des prestations de très haute qualité.
Désormais, l’hôtel El Farouk Kempinski appartient à la LAAICO. Pour jouir de ce droit de droit propriété, le groupe libyen a déboursé la bagatelle de 5,5 milliards de FCFA. Cette somme permettra à Mme Ben Baba de faire face aux créances de son pool bancaire.
Les banques rentreront dans leurs droits
On se souvient que c’est sur une initiative de la Banque pour le commerce et l’industrie du Mali (BICIM-SA) que Kempinski Hôtel El Farouk avait été saisie et mis en vente aux enchères publiques. La BICIM-SA reprochait, à l’époque, à Mme Djamila Ferdjani, épouse Ben Baba, administrateur de la société, le non payement d’une créance contractée pour construire l’hôtel. Au moment du prêt, la Banque avait consenti un délai de 24 mois à la créancière pour qu’elle commence à rembourser le prêt, selon un échéancier bien précis.
Mais environ, trois ans s’étaient écoulés après ce délai et Mme Djamila Ferdjani Ben Baba n’avait pas commencé à rembourser sa dette. La BICIM-SA, dans le but de recouvrer sa créance, a mis en branle la procédure judiciaire prévue en pareille situation. C’est cette procédure qui avait abouti à la saisie et à la mise en vente aux enchères publiques de l’hôtel Kempinski. Mais la BICIM-SA n’étant pas la seule institution financière à avoir traité avec la propriétaire de Kempinski pour la réalisation de son projet, d’autres banques se sont adjointes à la procédure, dans l’espoir de rentrer en possession de leurs fonds.
La BICIM-SA, initiatrice de la procédure, réclamait à Mme Ben Baba, le paiement de plus d’un milliard de nos francs. Quant aux cinq institutions financières qui se sont associées à la procédure, c’est la BOAD qui avait la plus grosse créance. Elle réclamait à la promotrice de l’hôtel Kempinski le paiement de la somme d’environ 2 700 000 000 de F CFA. La BDM-SA réclamait la bagatelle d’environ 370 millions de nos francs.
De son côté, la BIM-SA souhaitait rentrer dans son dû évalué à environ 270 millions de francs CFA. Quant à Ecobank, elle réclamait à Mme Ben Baba le paiement d’environ 230 millions F CFA. Et la société malienne de financement (SOMAFI-SA) comptait recouvrer le prêt d’un montant estimé à environ 270 millions de francs CFA. Les créanciers de Mme Ben Baba lui réclamaient au total le paiement d’environ 5 milliards de francs CFA.
Mais, la vente aux enchères publiques au plus offrant et au dernier enchérisseur de Kempinski Hôtel El Farouk n’a pas eu lieu. Le tribunal de première instance de la commune III du district de Bamako, en son audience publique du 27 juillet 2006, statuant publiquement contradictoirement, en premier ressort et en matière de saisie immobilière, a annulé la saisie immobilière pratiquée jusqu’au Commandement du 18 novembre 2005. Mieux, Moussa Sara Diallo, président du tribunal a ordonné la radiation de la saisie sur le titre foncier N° 27347 Bamako appartenant à la SMH-SA.
Avec la signature de la convention de cession, l’on peut affirmer sans risque de se tromper que toutes les parties sortent grandies de cette affaire.
Assane Koné
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