Cela fait plus de trois semaines que les internes des hôpitaux ont commencé un mouvement de protestation dans les différents centres sanitaires du Mali. Après les Assemblées générales et les sit-in sans suite, les internes avaient fini par changer de stratégie. C’est ainsi qu’à la suite des premières manifestations, ils en ont fait le bilan pour bien se préparer.
Ils avaient d’abord commencé à bloquer les portes des hôpitaux, empêchant le personnel d’y avoir accès. Le coup d’essai avait été donné à l’hôpital du Point G et les Forces de l’ordre avaient intervenu, donnant lieu à des accrochages qui ont fait des blessés du côté des internes. Puis, le même scénario s’est malheureusement reproduit à l’hôpital Gabriel Touré. C’est pourquoi, à l’hôpital du Point G, les internes qui devaient faire un sit-in ont été obligés de se défendre. Car, à chaque fois, ils avaient à faire aux Forces de l’ordre. "Nous sommes sauvagement bastonnés", a déclaré un interne de l’hôpital du Point G et leur stratégie a consisté à utiliser des seringues pour se défendre face aux Forces de l’ordre venues les chasser dudit hôpital.
D’aucuns avaient parlé de "sang peut-être infecté" ou de "solution rouge" injecté aux policiers, gendarmes et gardes. En réalité, il s’agissait de jus de pétales d’oseille ou "dabléni" que les étudiants grévistes de la Faculté de médecine avaient fait passer pour du sang contaminé de VIH sida. Ce qui a semé la panique parmi les Forces de l’ordre, tant à l’hôpital qu’au-delà. Car le sida fait peur même au théâtre !
Par conséquent, plusieurs jeunes éléments de la police, de la garde nationale et de la gendarmerie ont eu du mal à s’approcher des internes. Mieux, ces éléments ont fuit, au même titre que certains médecins-chefs et autres travailleurs de l’hôpital qui avaient préféré s’enfuir à pied que prendre leur voiture. Il en était de même pour plusieurs usagers de la Colline du pouvoir qui travaillent du côté de l’hôpital.
Et la panique a été tellement grande que certains sont allés se réfugier chez les handicapés mentaux du Point G. Alors que, pour la plupart, ils font des années sans penser à ceux-ci. Or, selon les internes eux-mêmes et les sources que nous avons contactées, il s’agissait tout simplement de "dabléni" et non de sang.
Mais cette ratée dans leur stratégie de revendication et le semblant de détermination qui le sous-tend cache mal le malaise profond de ces jeunes médecins en fin d’études passés à côté de la solution de leurs problèmes pourtant sérieux. "Nous savions que les Forces de l’ordre n’avaient rien compris. Ils pensaient que nous avions du sang contaminé et cela ne nous soulage pas. Nous allons nous battre jusqu’à la satisfaction totale de nos doléances".
Malgré les explications auprès des autres étudiants, l’affaire du "dableni" reste un mystère pour les travailleurs de l’hôpital du Point G. A rappeler que les internes sont opposés au ministère de la Santé et aux directeurs des hôpitaux depuis le 30 octobre dernier. Ils ne demandent, entre autres, que 500 F CFA au lieu de 125 F CFA par jour, la vaccination contre l’hépatite B, trois plats quotidiens de "bonne igname" pour leurs camarades en garde dans les hôpitaux.
Kassim TRAORE
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