L’atmosphère était très tendue il y a deux semaines entre Dougouninkoro (habité par des peulhs) et Founougouni (habité par des paysans bambaras), deux villages voisins de la commune de Farakomasa, arrondissement de Dioro, cercle de Ségou. Suite au meurtre par balle d’un berger peulh de Dougouninkoro Oumar Diallo dit Barou, âgé de 48 ans, époux de deux femmes, père de neuf enfants (5garcons ,4 filles dont 2 sont déjà mariées), fils de Bella Diallo et de né Diallo. Oumar Diallo est décrit par les siens comme un homme de moralité exemplaire, fervent musulman et inoffensif.
Les faits remontent au 21 novembre dernier quand Oumar Diallo, accompagné de son neveu Modibo Diallo, conduisit son bétail au pâturage à l’aube. Pendant que le neveu de la victime était en train de surveiller les bœufs broutés les tiges de mil abandonnés dans les champs des paysans, Oumar Diallo la victime a pris soin de s’asseoir au près de leur récolte pour empêcher son troupeau d’y porter dommage. Un fait qui l’obligerait à payer une amende fixée par la mairie à travers la « brigade », qui est une association de jeunes de la localité chargée de surveiller les troupeaux et les récoltes des villages respectifs, selon un arrêté du maire de la commune, Mr Salia Diarra.
Soudainement, une horde d’individus se rua sur eux, ce qui mit en panique le jeune garçon qui s’en fuira comme un lièvre. Mais Oumar Diallo resta immobile, en garda tout son sang froid. Ce qui n’a pas été le cas pour les arrivants, lesquels, dès avoir aperçu le berger n’ont pas hésité à ouvrir le feu sur lui pour l’envoyer ad patres, selon nos sources. Alertés par le jeune neveu, qui s’est sauvé, les habitants de Dougouninkoro ont couru vers le lieu et trouvèrent les assaillants sur place ainsi que les bœufs, qu’ils étaient en train de conduire vers la fourrière. Ceux- ci affirment n’avoir pas vu un berger avant de s’éclipser. La famille de la victime procéda ainsi aux fouilles et découvrit le corps de la victime sous un arbre à Karité à 40 mètres de l’endroit où il a été abattu. Le maire informé se rendit sur les lieux avec les médecins, gendarmes et la famille éplorée, ainsi que des représentants du village dont la brigade a commis ce forfait. Ce sont d’ailleurs ces derniers qui ont informé les premiers le maire chez lui de ce qui s’était passé. Après les constats les médecins légistes ont établi qu’une balle a atteint la victime au niveau de son front.
La ‘’brigade’’ villageoise sur la sellette !
Joints par nos soins, le sous préfet de Dioro Sanoussi Daou et le juge de Markala Kéwoulé Dembélé ont précisé que l’instauration d’une brigade par le maire est illégale. Le juge ajouta que lui-même a rejeté une proposition du maire et d’un chef coutumier visant à être initiateur de l’arrêté reconnaissant la création de la brigade en question.
De son coté le juge instruit à la gendarmerie d’ouvrir une enquête et de procéder a l’arrestation de toutes les personnes, présumées coupables de ce crime. C’est ainsi qu’un supposé complice qui était présent au moment du crime a été conduit devant le juge et placer sous mandat de dépôt pour besoin d’enquête. Quatre autres membres de la fameuse brigade sont actuellement derrière les barreaux.
Sur instruction du juge de Markala, Mr Kéwoulé Dembélé que nous avons pu joindre chez lui, la mère du présumé principal auteur du crime qui avait été elle aussi arrêtée par les gendarmes a été libérée par le juge car « la peine est personnelle » affirme t- il. Quant a l’intéressé lui-même, un certain Sinaly Traore, il serait en fuite.
Nous nous sommes rendus à Founougouni pour rencontrer et échanger sur le sujet avec l’autorité coutumière, mais celle-ci était en déplacement.
Cependant, à Dougouninkoro les villageois réclament justice pour apaiser leur colère.
De passage on a voulu rencontrer le maire en question, mais celui-ci était à Bamako pour le congrès de son parti, ASMA. Nous l’avons finalement joint le dimanche dernier. Dans son explication, l’élu communal Salia Diarra reconnait avoir attribué un arrêté aux brigades en question, leur autorisant de surveiller les villages et les armes ? Aucune autorisation formelle. Pourtant, les villageois soutiennent que chaque membre de la brigade aurait payé à la mairie la somme de 28 000 FCFA pour avoir l’arrêté de la mairie afin de les permettre de porter gaillardement les armes et agir comme la gendarmerie locale.
Or le constat laisse apparaître que dans la zone les brigades s’illustrent de plus en plus par des actes de violence a l’égard de tous ceux qui manifestent la moindre résistance à leur injonction. Le juge nous signale que les enquêtes continuent pour traquer les complices et coauteurs du crime et que le dossier sera transmis à qui de droit pour statuer la dessus. Avant d’affirmer que votre ‘’bi-hebdo’’ ne sera point orphelin de la suite qui sera réservée à cette tragédie.
Affaire à suivre
Fily Sissoko