Depuis trois ans, A.D. un jeune diplômé sorti d’une “medersa” à Bamako, a quitté les siens pour se rendre en Libye afin d’y tenter sa chance.
Une décision que notre chômeur avait prise après avoir en vain cherché du travail à Bamako.
De janvier 2008 à février 2011 A.D. de Libye n’avait pas très souvent donné signe de vie à ses parents. Que faisait-il comme travail dans le pays du “guide de la révolution” ? l’on ne le saura peut-être jamais, malgré l’arrivée en avril dernier, de l’aventurier.
A.D. en effet, était arrivé à la maison, royalement habillé, avec deux valises toutes neuves et qui avaient assuré tous les parents de sa réussite. C’est pourquoi l’oncle paternel de A.D. a vite fait de lui proposer une de ses filles (très convoitée dans le quartier). A.D. n’hésita pas à accepter, mais souligna que ses marchandises étaient encore stockées à l’aéroport Bamak-Sénou pour dédouanement.
Et, pour assurer ses parents et sa future belle famille, il n’hésitait pas à se faire accompagner de son oncle à l’aéroport, prenait à part des agents de la douane, donnant l’air de négocier pour ensuite revenir bredouille. Rien n’est pressé aimait-il à dire à son oncle car plusieurs marchandises sont encore en cours de route. L’oncle de A.D. lui, était pressé et finalement, ce fut auprès de lui que notre aventurier a obtenu sous forme de prêt, de l’argent pour célébrer son mariage. La robe de la mariée a aussi été obtenue à crédit. Le mariage scellé le 5 juillet dernier, A.D. a alors choisi une somptueuse villa au coût mensuel (frais de location) 200000f CFA.
Encore à crédit. Mais voilà, depuis maintenant trois semaines de lune de miel, A.D. a disparu dans la nature et les uns et les autres qui ne se doutaient de rien, attendaient tranquillement. Une attente de plus en plus longue et tailleur et propriétaire de villa devenaient impatients. L’oncle de A.D. décida ainsi, la semaine dernière de se rendre à l aéroport pour s’informer de ce qui se passait avec les marchandises de A.D. Coup de théâtre, l’homme n’avait même pas un paquet de sucre à l’aéroport et les marchandises auprès desquelles le hâbleur se rendait, appartenaient plutôt à un autre qui les a d’ailleurs enlevées.
A.D. ainsi démasqué, on procéda à la fouille de ses valises. Celles-ci ne contenaient que des vieux papiers et des tapis déchiquetés.
En attendant de mettre la main sur son neveu escroc, l’oncle de A.D. doit actuellement faire face au remboursement d’une robe de mariée et de frais de location d’une villa. Tout ça, ne cesse-t-il de répéter, pour un… margouillat que j’égorgerais par le bas dès que je le coincerai. Quand à la pauvre mariée, ses larmes ne sont pas encore sèches.
Boubacar Sankaré