Histoire :… d’un incorrigible

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    M. Maïga alias Koroboro est un célèbre boutiquier, installé à Sogoniko depuis maintenant 10 ans. Décidé à faire fortune, Koroboro, se prive de tout afin d’économiser ses sous. En effet, l’homme ne met jamais la main dans la poche. Sauf lorsqu’il s’agit d’y mettre de l’argent.

    Pour sa nourriture, il s’est donné pour tâche d’entretenir les fleurs d’une maison voisine, en échange d’un repas quotidien. Quant à ses courses pour ravitailler sa boutique, il les effectue à pied et se charge lui-même du transport de ses marchandises, du grand marché à Sogoniko. Sur la tête et quel que soit le poids. Ce qui lui a valu un développement extraordinaire du cou et des épaules. Côté habillement, il n’a qu’un petit boubou et un pantalon de couleur noir qu’il porte depuis 7 ans, selon les voisins.

    Des railleries des voisins et des clients qui lui sont familières, Koroboro en riait après leur avoir lancé : "le poulet que vous mangez finit toujours par se convertir en déchet, et des plus pourris…".
    rnNe pas manger du poulet est en effet une chose, ne pas manger du tout en est une autre. Et Koroboro, l’apprendra à ses dépens.
    rnEn effet, depuis maintenant 10 jours, le voisin dont Koroboro est le jardinier occasionnel et qui lui offrait à manger en échange de ses services, est parti en voyage avec toute sa famille à Mopti. A Koroboro, son employeur n’a rien laissé en terme d’argent ; le contrat les liant étant "nourriture contre travail". Et depuis, Koroboro jeûnait. Stoïquement, il tenait sur ses pieds et continuait ses activités jusqu’à ce 1er mars 2011.

    Ce jour, Koroboro qui a visiblement perdu du poids affaibli par la faim, se rendait au grand marché où il chargea 2 sacs de lait en poudre sur la tête et se dirigea péniblement vers sa boutique.

    Arrivé tout de  même à Sogoninko aveuglé par la faim, Koroboro s’introduisit dans un magasin de céréales contigu à sa boutique, jeta par terre son chargement et cria de toutes ses forces "au voleur", avant de s’évanouir.

    Effrayé, le propriétaire du magasin, prit ses jambes à son cou et alerta les voisins d’une crise de folie que venait de piquer Koroboro.

    Le magasin a aussitôt été pris d’assaut par une foule de curieux et de "secouristes". De l’eau glacée, vite ! Le traitement classique pour personne évanouie a été effectué.

    Koroboro, revint à lui, mais continuait faiblement à crier "au voleur". Aurait-il été volé au marché ? Personne ne comprenait l’agitation du malade qui, peu après, réclamait cette fois de la nourriture. On lui fit alors, boire quelques sachets de lait "Mali lait". Une trentaine de minutes auront suffi à Koroboro pour se remettre sur pied et recouvrer la raison. Il refusa même de rembourser le lait qu’on lui avait fait avaler. "Je n’ai demandé à personne de s’endetter pour moi" a-t-il soutenu.

    Que s’était-il donc passé ? Malmené par la faim, Koroboro avait, en entrant dans le magasin de céréales, cru être dans sa propre boutique et conclu à un cambriolage.
    rnAux dernières nouvelles, il aurait, encore une fois, arrêté de manger… en attendant le retour du voisin qui offrait le repas quotidien. Ventre creux n’a point… d’oreilles ?
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    rnBoubacar Sankaré 
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