Histoire : … pour une… ‘’jambe’’

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    Après un long séjour à l’hôpital pour cause d’une gangrène qui avait atteint sa jambe gauche, S.B. ébéniste de son état, en était sorti en juin 2004 avec la jambe amputée.

    Comment faire pour subvenir aux besoins de sa famille dont il était l’unique espoir ?

    Domicilié à Magnambougou, père de huit enfants, notre ébéniste passait des nuits blanches, réfléchissant à la gestion future de sa vie.

    Une jambe, c’est beaucoup pour un homme. Et surtout pour un ébéniste solitaire.

    Peut-on être productif avec une seule jambe ? Peut-être. Mais, notre ébéniste en voulait deux. Et à force de réflexion, S.B. a décidé, grâce à ses économies, de s’acheter une prothèse. Ainsi, après acquisition d’une jambe artificielle, S.B. s’était remis au travail.

    Hélas, les choses n’allaient plus comme avant, car, notre ébéniste avait du mal à travailler correctement.

    Aux dires de certains, il fallait au moins un mois au pauvre homme pour confectionner une simple armoire et une dizaine de jours pour faire une tablette.

    Triste souvenir de ces époques où S.B. pouvait confectionner 2 armoires par semaine.

    La lenteur dans le travail a donc valu à S.B. la perte de la quasi-totalité de ses clients.

    La vie devenait de plus en plus dure, notre ébéniste n’arrivait plus, depuis bientôt un an, à payer ses frais de location.

    Et le 25 Juillet dernier, l’impatience du propriétaire de la concession dans laquelle vivent S.B. et sa famille, aura raison de son malheur.

    Ce jour-là en effet, le propriétaire de la maison, las d’attendre des frais de location qui ne tombaient plus, vint purement et simplement enlever la jambe artificielle de S.B. et l’enferma dans son magasin.

    Malgré l’intervention des voisins, l’implacable propriétaire décida de ne remettre à S.B. “sa jambe” qu’après paiement intégral de ses dûs.

    Depuis, S.B., n’eut d’autres choix que de rester à la maison.

    Fatigué de rester immobile à domicile, S.B., sur instruction de ses colocataires, a décidé d’attaquer le propriétaire devant la justice. Car, soutenait-il, personne ne peut prendre un organe de son prochain en caution.

    On n’en arrivera pas là.

    Un commerçant, gros bonnet du quartier, s’est engagé le 18 Août dernier à payer les arriérés de location de S.B. et même de lui payer une avance de 4 mois de frais de location.

    La remise de la jambe a été ainsi effectuée le 20 août en présence du commerçant que l’on soupçonne d’ailleurs, d’être le vrai propriétaire de la concession.

    Les mauvaises langues racontent que le commerçant aurait “arrangé” l’ébéniste parce qu’un avocat au parfum de l’affaire lui aurait expliqué que l’acte qui a consisté à prendre par la force la “jambe », constituait un crime puni par la loi et pouvait être considéré comme… une mutilation.

    Boubacar Sankaré

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