Mr Mountaga Fané est employé de bureau à Bamako.
Agé de 48 ans, marié et père de 2 enfants, il est domicilié à Magnambougou. En homme averti, Mountaga qui vit depuis dix-huit ans dans la capitale prend régulièrement toutes les précautions de sécurité pour éviter d’être victime de ces nombreux voleurs opérant à Bamako. C’est pourquoi, dès 21 heures, et cela, tous les jours, il boucle portes et fenêtres de sa maison et ne laisse même pas une aiguille sous sa véranda.
Mieux, notre employé de bureau s’est acheté un fusil de chasse ; deux coupes-coupes et une hache “indienne”.
Le 10 juin dernier, Mr Fané a eu l’occasion de montrer toute l’efficacité de son dispositif de sécurité à ses voisins… Pour une histoire de “voleur” entré sans effraction dans sa chambre à coucher.
Il était en effet 2 heures du matin ce jour-là, quand, plongé dans un profond sommeil entre madame et les enfants, Mountaga a été réveillé par des bruits “étranges”.
D’un saut, il bondit sur ses armes, oubliant que la concession était sevrée d’électricité (pour non-paiement de facture), il appuya sur les interrupteurs, mais en vain. Pas de lumière.
Ne sachant même plus où était sa torche, il réveilla sa femme et le couple évacua dehors les enfants.
A présent, c’était le face à face qui devrait se passer entre Mountaga et son voleur, qui semblait décidé à l’affronter.
Dans l’obscurité, notre employé de bureau qui avait pris le soin de laisser la porte ouverte (pour cas de besoin) déchargeait son fusil dans tous les sens et le rechargeait… Comme un vrai guerrier face à l’ennemi. Le voleur quant à lui, restait toujours en mouvement et sautillait à gauche, à droite.
Ce ne fut qu’après épuisement de toutes ses cartouches (18) que notre combattant a “mis en marche” son coupe-coupe et sa hache indienne. Rien à faire. Le voleur n’était toujours pas atteint.
Mountaga se décida alors d’aller chercher de l’aide.
Il n’aura pas besoin de frapper aux portes de ses voisins, car ceux-ci avaient déjà pris d’assaut la maison.
Tout le monde se calme, et chacun s’est armé d’un bâton, d’un gourdin.
Les ‘’secouristes’’ se sont ainsi introduits dans la maison, lampes-tempêtes et torches à la main pour l’assaut final.
A la faveur de la lumière, le voleur a été identifié : une petite chèvre appartenant au propriétaire de la concession, essoufflée par le combat et qui, finalement s’était “étendue” sur le lit conjugal.
L’animal, saint et sauf, a été remis à son propriétaire dans la cour.
Quant à Mountaga (encore armé), il n’aura plus qu’à constater les dégâts : son téléviseur décapité, la glace de son armoire en morceaux, deux valises éventrées et le lit conjugal arrosé par les excréments de la chèvre échaudée.
Boubacar Sankaré