Mr Sidibé est un vendeur de chaussures au grand marché de Bamako. Agé d’environ 60 ans, notre commerçant qui est encore solide, est père de plusieurs enfants. Il est marié à trois femmes dont une jeune fille qu’il a épousée depuis maintenant 8 mois.
Domicilié à Boulkassoumbougou, Mr Sidibé partage sa concession avec d’autres locataires parmi lesquels un jeune marabout auquel il a offert la gratuité du logement. Comme tout bon polygame, notre commerçant dont les affaires marchent à merveille, partage ses nuits entre ses trois femmes qui le couvrent d’amour et de tendresse. L’harmonie dans la famille était si parfaite, que celle-ci suscitait l’envie des voisins. Tout devait cependant voler en éclat, lorsque le vieux Sidibé découvrit que sa 3è femme le trompait… Et l’impertinent qui était à la base du scandale n’était autre qu’un neveu du commerçant que celui-ci hébergeait depuis un an.
En effet, le jeune garçon indélicat, étudiant de son état, était tombé amoureux de la 3è femme de son oncle, laquelle n’a pas refusé ses avances. Et chaque fois que le vieux Sidibé passait la nuit dans la chambre conjugale de sa première ou deuxième épouse, son neveu, lui, se retrouvait dans celle de la 3ème.
L’affaire était connue de toute la concession à l’exception de Mr Sidibé qui a été finalement informé de la situation par le jeune marabout à qui il avait accordé gratuitement un logement.
Pour toute réaction, le vieil homme chassa de sa concession son ingrat de neveu et, pour punir sa 3ème épouse, il décida de ne plus mettre les pieds dans sa chambre.
Le jeune marabout entra alors dans le jeu afin de réconcilier le couple. Il fallait agir dans les deux sens : le jeune marabout était depuis quelques semaines entre le salon de Mr Sidibé et, la chambre de sa 3è épouse. A l’un, il ne cesse de demander le pardon, la tolérance ; à l’autre le repentir. Mais, rien n’allait toujours pas au sein couple car Mr Sidibé a décidé de réfléchir quelque temps avant d’accorder le pardon à sa femme.
Le médiateur de marabout, lui, continuait de slalomer entre la chambre du mari et celle de l’épouse. Il avait même réussi la réconciliation cette nuit du 1er Juillet dernier car, aux environs de 2h du matin, Mr Sidibé se dirigea vers la porte de sa femme. Toc ! Toc ! Madame ne répondait pas. Toc ! Toc ! Toc ! Même un sourd pouvait entendre le vacarme car les voisins eux-mêmes s’étaient réveillés et certains regardaient ce qui se passait devant la porte de la femme réputée infidèle.
De l’extérieur, Mr Sidibé et ses voisins, à l’affût, entendaient des voix au fond de la chambre. Madame se décida enfin d’ouvrir. Stupéfaction ! Dans la chambre, elle n’était pas seule. Quelqu’un lisait le Coran et à haute voix. Lumières ! Notre lecteur de Coran n’était autre que le jeune marabout médiateur qui n’avait pour l’occasion, ni chapelet, ni livre. Mieux : il n’était habillé que d’une culotte et d’un tee-shirt.
C’est pourquoi, on ne le reconnaîtra que lorsque le vieux cocu complètement déchaîné l’eût roué de coups de bâton jusqu’à évanouissement. C’est vers 4h du matin qu’il a été remis à certains fidèles qui venaient d’habitude le chercher pour la prière du petit matin. Couvert de honte, le jeune marabout, à peine sorti de la concession, prit ses jambes au cou sans attendre de recevoir « les biens » qu’il avait abandonnés dans sa chambre: une trentaine de « baya » (perles dont les femmes se ceignent la taille), une peau de prière et quelques habits.
Pour les affaires d’un marabout…
Boubacar Sankaré
Déjà vu des milliers de fois cherche autre chose
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