Histoire : … d’un garde goum à la retraite

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    Ancien garde goum de son état, I.C. est domicilié à Moribabougou.

    Marié et père de 9 enfants dont les âges oscillent entre 18 et 30 ans, notre ancien garde n’a pas eu de chance avec sa progéniture.

    En effet, tous ses enfants sont des chômeurs à l’exception d’un seul qui arrive d’ailleurs, difficilement à joindre les deux bouts en exerçant le métier de réparateurs de mobylettes.

    C’est ainsi, grâce à ses maigres pensions que le vieil homme arrive tant bien que mal à subvenir aux besoins de sa grande famille.

    Et, comble de misères, rien ne va plus entre lui et sa vieille épouse, excédée par la gestion infernale d’une vie familiale.

    Comme le dit l’adage, quand la pirogue est au bord du naufrage, mieux vaut y mettre de l’eau pour en finir une bonne fois.

    I.C. décide ainsi, malgré la situation, de prendre une deuxième femme pour, au moins avoir une petite source de consolation.

    Il consulta un marabout, avant de mettre son projet à exécution.

    Notre marabout, ou plutôt le charlatan approuva la décision de I.C. de contracter un second mariage, mais lui proposa d’abord, de l’aider à multiplier sa petite pension.

    I.C. qui croyait avoir fini avec les problèmes financiers remit sa pension de 60.000 Fcfa qu’il venait de toucher.

    Nous sommes le 26 février aux environs de 19 heures.

    Pour les cérémonies de multiplication de sous, notre charlatan, demanda et obtint de I.C. une chambre dans laquelle il s’enferma.

    A la porte, notre garde goum resta assis toute la nuit.

    Au petit matin, impatient, I.C. interpella son marabout qui resta sourd.

    A-t-il été dévoré par les “djinns” ?

    Notre retraité, aidé de ses fils, défonça la porte. Stupéfaction !

    Le marabout s’est “volatilisé”.

    Regardant la fenêtre ouverte de la chambre, I.C. et ses enfants ont compris que les “djinns” avaient emporté le marabout par là.

    I.C. piqua une petite crise, mais reprit vite ses esprits et entreprît de rechercher son escroc. Ce dernier, en location dans une petite chambre à Djelibougou avait plié bagage.

    Un précieux renseignement tout de même : le marabout escroc serait un fidèle participant aux cérémonies de funérailles.

    Le vieux garde goum passait ainsi ses journées à rôder autour du cimetière favori (Djelibougou) du marabout escroc.

    Il avait vu juste. Le 10 mars dernier, il était aux aguets, lorsqu’il vît son escroc en première ligne dans un cortège funéraire. I.C. suivit sans sourciller son voleur qui dirigeait la fatiha autour de la tombe du défunt. A présent, les fidèles revenaient sur leurs pas vers la sortie.

    C’est alors que I.C., furieux, se jeta sur son homme.

    Panique générale. Les accompagnants du mort ont mis leurs jambes au cou, avant de s’arrêter plus loin pour savoir ce qui se passait.

    C’est bien compris. Il ne s’agit pas d’un mort ressuscité qui bastonnait le marabout, mais plutôt d’un retraité abusé qui punissait un voleur.

    Une solution a vite été trouvée. La famille en deuil s’est engagée à rembourser à I.C., sa chère pension. Leçon : un ancien garde goum averti, en vaut deux… nouveaux.

     

     

    Boubacar Sankaré

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