Le vieux H.T. reviendra-t-il de ses émotions ? Le doute est permis car, depuis deux semaines, le vieux forgeron jure de déchiqueter son voisin D.D. qui, par inadvertance, a mis fin aux jours d’une brebis qu’HT avait achetée depuis plus d’un an.
En effet, depuis juillet 2014, H.T. avait acheté une brebis qu’il gardait soigneusement dans la concession où il habite avec quatre autres voisins à Yirimadjo. La brebis du vieil homme traitée comme une princesse par ce dernier, causait quotidiennement des dégâts aux voisins. Les magasins des autres locataires sont en effet, fréquemment saccagés, les marmites renversées. Mais personne ne pouvait se plaindre auprès du vieil homme au risque de se faire arroser d’injures. H.T. d’ailleurs ne cesse de répéter à ses voisins : “Cette brebis est bien mieux que vous parce que l’on peut manger sa viande, boire son lait et prier sur sa peau. Vous, vous ne servirez que de repas aux vers de terre, après votre mort. Et cela seulement lorsque vous seriez de leur goût”.
Les voisins du vieil homme ont donc pris leur mal en patience. Après tout, la vie d’un animal est bien courte. Et celle de la brebis du vieux forgeron ne fera pas exception.
Excédé par les dégâts que cause l’animal, D.D. également locataire dans la concession, ayant surpris la bête entrain de saccager sa cuisine dans la nuit du 1er Novembre dernier, l’a purement et simplement entraînée sous un arbre pour l’y attacher solidement. Le lendemain matin, la brebis a été retrouvée étranglée, gisant sans vie sur le sol. Un cri effroyable d’H.T ! Tous les voisins, encore au lit, sauront ce qui c’était passé. “Qui a tué ma brebis ?”.
D.D. se présenta au vieux forgeron, qui reconnut être à l’origine de la mort de l’animal et promit au vieil homme de rembourser le prix de l’animal.
Pour toute réponse, celui-ci se saisit d’un coupe-coupe, prêt à châtier le bourreau de sa brebis. L’intervention des voisins et des passants a été salutaire pour D.D. Mais depuis, le vieil homme est toujours armé de son coupe-coupe, attendant de retrouver D.D.
Celui-ci, sur conseil des voisins, a abandonné la concession… En attendant que le vieil homme revienne à de meilleurs sentiments. Chose non acquise à ce jour.
Boubacar Sankaré