Histoire… … de tragi-comédie

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    Agé de 65 ans, D. Camara est un Malien de l’extérieur ayant séjourné pendant 25 ans en Angola. Là-bas, il fit une immense fortune avant de se décider, en Septembre dernier, de regagner Bamako pour définitivement s’y installer. En Octobre 2011, il décida d’investir dans l’immobilier et acheta à travers Bamako, une vingtaine de parcelles, avant d’entamer la construction de cinq villas actuellement en chantier.

     

    Le riche Malien, installé dans une somptueuse villa à Faladjè est aussi réputé dans le quartier pour ses largesses souvent extravagantes. Son domicile est ainsi régulièrement pris d’assaut par de nombreux amis, parents, mendiants et griots. Chacun vient pour « plaider sa cause ». Et rarement, ces demandeurs d’argent, retournent chez eux, bredouilles. Et, par ces temps de vaches maigres, l’affluence des solliciteurs est si grande que, l’immense domicile de D. Camara est devenu trop petit pour contenir les « fidèles ».

    Mais, la fête se gâcha, le 10 janvier dernier, quand D. Camara, assis au milieu de ses courtisans, chancela avant de s’écrouler… sans vie ou presque.

    L’homme, à qui on donnerait 40 ans par son embonpoint, était, depuis plusieurs années, atteint de diabète. La terrible maladie qui ne l’avait jamais terrassé, venait d’avoir raison de lui. La trentaine de visiteurs (parmi lesquels, deux médecins) qui lui tenaient compagnie, se mit aussitôt à son chevet, priant pour que D. Camara ne soit victime, que d’un simple malaise passager. Mais, les deux médecins en vinrent à conclure que D. Camara était bien mort, hélas. La triste nouvelle a été alors annoncée aux nombreux visiteurs, toujours en attente dans les allées de la maison et dans la cour. Des cris et des pleurs ont succédé aux chants de griots et aux conversations des « envahisseurs » dont le lot a été grossi par les passants, alertés par le vacarme. Il faut à présent transporter le corps pour l’embarquer à bord du minibus familial.

    A destination de la morgue de l’hôpital Gabriel Touré.

    En larmes, ceux qui tenaient le corps « sans vie » de D. Camara s’apprêtaient à l’installer dans le véhicule, quand résonna un terrible et puissant : « Ayé M’bla !» (lâchez-moi).

    La débande était totale sous les yeux du « revenant » ahuri. Le petit peuple de visiteurs s’enfuyait de tous les côtés. D. Camara n’y comprenant rien, imita les autres.

    Dans sa fuite, il prit la même direction que son vieux marabout, âgé de 73 ans. Celui-ci, ayant remarqué que D. Camara, déclaré mort, courait derrière lui, accéléra sa course devant des passants complètement sonnés par ce spectacle peu ordinaire.

    Les deux hommes ont fini leur course sur la route de l’aéroport quand le vieux marabout, extenué, était tombé évanoui, peu avant que D. Camara ne subisse, de son côté, le même sort.

    A peine, les éleveurs qui étaient sur les lieux constataient-ils que les deux hommes étaient toujours vivants, qu’un véhicule avec à bord les deux médecins, amis de D. Camara, s’immobilisa sur les lieux. D. Camara et son marabout ont été admis dans une clinique. Là, une précaution de taille a été prise : les deux hommes ont été hospitalisés dans des chambres distinctes et distantes. Cela, afin d’expliquer en temps opportun, à chacun de son côté, l’erreur de diagnostic des deux médecins qui avaient conclu à la mort de D. Camara.

     

    Boubacar Sankaré

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    4 COMMENTAIRES

    1. I SANKARE!!! Mais tu mennnsss!!! Au moins, j’étais mort de rire. Cela fait très longtemps que je n’avais pas aussi rigolé, et tout seul en plus. Les gens passant devant moi, se damandaient je n’étais pas devenu fou!!! I ni baro!!!

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