Depuis bientôt 5 mois, le vieux K.T. a décidé de garer définitivement sa vieille “sotrama” qui circule entre Yirimadio et Raid Da. Non pas parce que le vieux transporteur ne faisait plus de recettes, mais parce que celles-ci sont automatiquement investies pour entretenir l’engin qui déclare régulièrement des pannes.
Le pauvre homme a donc décidé de jeter l’éponge au lieu de continuer son travail de transporteur qui ne lui profite guère.
Comment K.T. pendant ce temps devait-il subvenir aux besoins de sa famille ?
La solution a été simple. Chaque jour, notre transporteur, détache une pièce de son véhicule et la vend.
Ainsi, le 1er avril dernier, il ne restait de la vieille voiture que la coque. Et K.T. a beau chercher de clients pour en finir définitivement, mais personne ne voulait de l’épave.
C’est ainsi que, au bord du désespoir, le vieux K.T. qui n’arrivait pas à fermer l’œil de la nuit, sortit de sa maison ce 6 avril et prit place sur une chaise devant la porte où est garé ce qui reste de sa “sotrama”. Là, le vieil homme faisait travailler ses méningues afin de trouver comment exploiter la « carcasse » de son véhicule afin d’assurer, encore quelques jours, le « nasongon ». Mais, en vain. La nuit ne portait pas conseil.
C’est alors que le vieil homme vit sortir de sa “sotrama”, un homme et une femme qui s’occupait encore à attacher son pagne. D’un bond, le vieux s’arrêta devant le couple et d’un ton sec, leur demanda ce qu’ils venaient de faire sur les lieux.
K.T. cependant, baissa vite le ton, convaincu qu’il ne s’agissait pas de voleurs, puisqu’il n’y a rien à voler. C’est alors que le couple lui tendit un billet de 1000 Fcfa en le priant de bien vouloir les excuser.
Prenant l’argent, K.T. remercia le couple et expliqua à ses hôtes qu’ils pouvaient revenir tous les soirs.
Le vieil homme venait de trouver comment exploiter la « carcasse» de sa sotrama.
Ainsi, dès le 8 avril dernier,, il aménagea son véhicule qu’il transforma à l’aide d’une bâche, en une petite chambre de passe. Il prit même le soin d’y installer un vieux matelas en paille. La nuit suivante, le couple qui était là il y a quelques jours est de nouveau sur les lieux. Le vieux K.T. était lui aussi assis sur sa chaise, cette fois-ci plus loin. A leur sortie, K.T. a encore reçu 1000 Fcfa.
Depuis, semble-t-il, la nouvelle est passée entre les maquisards.
La petite « chambre » ne manque plus de clients et le « nasongon » du vieux, est chaque jour assuré.
Comme quoi, il ne faut jamais perdre l’espoir.