Histoire : … d’un missionnaire

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    Employé de bureau dans une entreprise privée à Bamako, Papou a rencontré l’élue de son cœur, Mariam, l’année dernière, au cours d’une soirée dansante chez des amis.

     

    Ainsi, peu de temps après leur rencontre, les deux jeunes convolèrent en justes noces.

    Papou qui vivait dans la concession paternelle, malgré l’insistance de ses parents, a abandonné les siens pour habiter une "deux pièces" à Faladjè avec son épouse.

     

    L’apprentissage d’une nouvelle vie est parfois difficile.

    Très vite, notre employé de bureau comprit cette réalité.

    Obligé désormais de payer des frais de location sur son maigre salaire, il n’arrivait plus à joindre les deux bouts.

    Son gain mensuel lui permettant tout juste, de prendre en charge les besoins alimentaires et les frais d’électricité de sa famille.

     

    Mieux ou pire, son épouse a mis au monde une petite fille qui était venue grossir une famille déjà "nombreuse" (le couple) pour un salaire chétif.

     

    Papou en plus, fume comme une cheminée, et a besoin quotidiennement d’un "peu d’essence" pour aller au bureau.

    La solution qu’il a trouvée pour résoudre ses problèmes, était simple : remettre en espèce tout le nécessaire pour la famille, repérer soigneusement la cachette de madame et… attendre.

    Ainsi, depuis 3 mois maintenant, Mariam ne cesse de crier au voleur sans jamais avoir l’occasion de prendre celui-ci, la main dans le sac.

     

    Un voleur qui pourrait être un de ses frères ou la servante…

    Le mari étant pour sa part, écarté d’office, de tout soupçon.

    Mais, rien à faire, le mystérieux voleur continuait impunément à dépouiller Mariam, la dame.

    La pauvre femme ne sachant à quel saint se vouer, s’est donc résignée à contracter des dettes pour arrondir les fins de mois… En attendant de pincer la crapule de voleur.

    Elle avait même placé un petit pilon dans un coin de la maison pour "agir" le jour de sa vengeance.

    Et ce grand jour est arrivé le 1er juin dernier.

     

    En effet, Papou son mari, était allé ce jour en mission à Bougouni et n’était sensé revenir à Bamako que le lendemain.

    Il était 20 heures, quand, Mariam confia la garde de sa maison à la servante, afin de se rendre à son domicile paternel pour une réunion de famille.

     

    La "52", exténuée par une longue journée de travail s’est endormie… assise dans un fauteuil.

    Pendant ce temps, "quelqu’un" s’introduit dans la maison, marchant sur la pointe des pieds.

    Le voleur n’avait apparemment point besoin de lumière. D’une part, pour ne pas réveiller la servante, et d’autre part, parce qu’il connaissait bien les lieux.

     

    A l’œuvre !

    Au même instant, madame qui était revenue sur ses pas, parce qu’ayant oublié "quelque chose" a senti le coup.

    Elle avança tout doucement vers la chambre, s’empare de son pilon. Et, le voleur était bien là.

    Courageuse, et folle de colère, Mariam, d’un bond, sauta sur son voleur et l’assomma d’un formidable coup.

    Ce fut seulement après, qu’elle cria au voleur.

     

    La petite maison a été du coup, envahie par les voisins.

    Le voleur, étendu à même le sol, s’était évanoui.

     

    A côté de lui, une petite caisse, celle de madame.

    Stupéfaction, l’homme n’était autre que Papou, le mari de Mariam. Un lourd silence.

    On aida l’épouse, avec de l’eau glacée, à "ressusciter" son mari.

    Pour toute réaction, Papou a expliqué qu’il cherchait une torche, afin d’aller aux toilettes (sa mission sur Bougouni ayant été terminée, selon lui plus tôt que prévu).

    La "torche"… il l’a bien trouvée et…. méritée.

     

    Boubacar Sankaré

     

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