C’est la mort dans l’âme que le dimanche dernier, au champ hippique de Bamako, les amis du cheval et les spectateurs ont assisté à la victoire, ou du moins, au hold-up orchestré pour le cheval Allah Kabo. Leur déception est à la hauteur de la très grave blessure d’un jockey de l’écurie Chelsea et de l’arrangement dont a bénéficié le vainqueur du trophée du cinquantenaire du Grand prix de la Nation. La belle fête annoncée s’est finalement terminée en queue de poisson.
A deux mois du 22 septembre, l’atmosphère festive de la célébration du cinquantenaire de notre indépendance ne fait que s’amplifier. Le hippisme malien n’est pas resté en marge de l’évènement auquel il a dédié son 29è Grand Prix de la Nation. Mais le hic a été que ce Grand prix, qui devrait paraître comme l’un des grands évènements hippiques des 50 dernières années au Mal, a connu de nombreuses fausses notes dont les conséquences commencent déjà à peser sur la discipline. C’est ce qui se murmure par de nombreux amateurs de la course des chevaux à la malienne.
Pourtant, l’organisation du Grand prix de la nation dédié cette année au cinquantenaire de notre indépendance et placé sous la présidence du chef de l’Etat Amadou Toumani Touré a drainé une foule immense le dimanche 18 juillet dernier, au champ hippique du quartier de l’Hippodrome. Et on devait assister à une belle bataille entre une vingtaine de chevaux. Mais c’était sans compter avec certaines personnes qui avaient planifié ou cautionné la victoire du cheval « Allah Kabo » en violation flagrante des règles de l’art. Pendant la course, le jockey vainqueur est allé jusqu’à assener des coups violents à des concurrents et a fini par provoquer la chute (par un tirage de maillot) du plus redoutable de ses concurrents. Lequel s’est retrouvé avec une fracture à la clavicule. Selon le statut et règlement régissant la course hippique au Mali, le jockey ou le cheval qui viole les règlements de la course est d’office disqualifié. Ce qui n’a pas été fait ; c’est pourquoi le même jockey a récidivé pendant la même course en provoquant la blessure par suite de chute d’un concurrent.
Alors que les uns et les autres craignent pour l’état de santé du blessé, la Fédération malienne de la course hippique (FMH) feint d’ignorer cet accident volontaire et impuni qui a fait tressaillir, sinon choqué même des officiels.
Mais il n’en fallait pas plus pour que des responsables d’écuries décident de bouder les activités de la Fédération malienne de course hippique. Plus qu’une simple menace, le président de l’écurie Chelsea, Mamadou N’Diaye dit Madoufing, a mis fin à toute participation aux compétitions. Les mêmes sources indiquent que celui de l’écurie Dougouwolofila, N’Fa Simpara, est lui aussi sur le point de se retirer. Pour certains, ces retraits provoquent déjà un vide difficile à combler car, dit-on, il s’agit d’écuries qui contribuaient énormément à l’animation du hippisme au Mali.
Comme les deux présidents dépassés et complètement déçus, dit-on, par les évènements lors du dernier Grand prix, les amoureux de la course hippique resteront-ils indifférents à cette situation qui prévaut au sein de la Fédération malienne de course hippique ? A en croire nos sources, le président de l’écurie Chelsea aurait déjà distribué gracieusement tous ses chevaux, alors que le second serait sur le point de se débarrasser des siens. Du côté du champ hippique, on se demande si les membres de la fédération recolleront les morceaux tant les pertes sont grandes et la déception du public immense.
Affaire à suivre
Markatié Daou