Fédération Malienne de hippisme : Deux comptes frauduleux découverts à la BRS

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    Petit à petit, l’étau se resserre autour de la Fédération malienne de hippisme (FMH) dirigée par Mamadou Sylla. Depuis plusieurs mois sur la sellette, un « trio infernal », qui s’est accaparé la passion de milliers de maliens, n’a pas hésité, contre toute étique, à fermer le compte bancaire officiel de la fédération pour ouvrir deux comptes officieux au nom de la structure, et cela, au sein d’une même banque : la Banque régionale de la solidarité (BRS).

    Aussi est-on tenté de dire que le diable en personne s’est emparé des reines de la Fédération malienne d’hippisme, tant les vols et les malversations sont criards. Mamadou Baba Sylla, Mamadou Tiéoulé Konaté et Ousmane Sylla (car c’est d’eux qu’il s’agit) ont sciemment dénaturé le sens du hippisme au Mali. Après avoir truqué le grand prix du cinquantenaire pour faire triompher leurs chevaux (car ils sont juges et parties), ils se sont de nouveau illustrés par des détournements de fonds à travers l’ouverture de deux comptes officieux.

    Si le président de la FMH, Mamadou Sylla, est un bon figurant. En revanche, le secrétaire général, Mamadou Tiéoulé Konaté, a très mal compris sa mission qui est de servir et non de se servir. En effet, profitant de son statut de fonctionnaire à la présidence (à Koulouba), il ne manque pas de rappeler à tout bout de champ qu’il a osé déroger à toutes les règles de bon sens dans la conduite d’une fédération, quelle que soit sa nature. Copropriétaire de l’écurie Sylla et Konaté (SYKO, avec le président Sylla), l’homonyme de l’un des pères fondateurs de l’indépendance du pays (Mamadou Konaté) joue là un jeu très dangereux.

    Depuis belle lurette, la Fédération malienne de hippisme disposait d’un compte bancaire domicilié à la Banque malienne de solidarité (BMS). Mais à la grande surprise des trois quarts du bureau fédéral, d’autres comptes dont l’existence était jusque-là soigneusement cachée ont été découverts à la BRS. Il s’agit, entre autres, des Comptes N° D012301001002161.03.01.8024 et N° D01230100100012703.0164.23. Ébahis, les autres membres du bureau se posent encore un certain nombre de questions. Pourquoi et à quel moment ces comptes ont-il été ouverts ? A cette interrogation, une seule réponse : le vol, rien que le vol. Et certains arguments militent bien en faveur de cette réponse.

    Pour faire sortir l’argent, le compte officiel de la BMS exigeait une co-signature. Pour contourner le trésorier Oumar Noumanzana devenu gênant, le secrétaire général adjoint de la présidence aurait décidé cette solution radicale. Ainsi, le compte officiel a été purement et simplement fermé à l’insu des autres membres, pour ouvrir deux autres comptes dans une même banque (s’il vous plaît !) : une chose difficile à comprendre, même pour les économistes…

    Pourquoi ces deux comptes ?

    A la lecture des différentes transactions effectuées sur les deux comptes, le mobile frauduleux ne ferait plus l’objet d’aucun doute. D’abord, le fait de cacher l’ouverture de ce compte aux autres membres du bureau en dit long sur les motivations du « trio infernal » (Mamadou Baba Sylla, Mamadou Tiéoulé Konaté et Ousmane Sylla). Toute la gestion du bureau fédéral et des deux comptes, dont la seule signature du secrétaire général suffit pour faire jaillir de l’argent, est concentrée entre les mains (en plus du secrétaire général) du président et de son jeune frère Ousmane Sylla, commissaire des courses.

    L’un des comptes fait sortir un versement de 75 millions de FCFA de la Paierie générale. Cette somme versée par le Trésor publique était destinée à l’organisation du grand prix du cinquantenaire couru les 17 et 18 juillet dernier. Mais contrairement à cette fin, la plupart de ces liquidités auraient pris d’autres destinations. En plus des 75 millions, la contribution d’autres structures apparaît également sur le deuxième compte. Il s’agit de la BMS pour 3 500 000 FCFA et 750 000 FCFA, de la BICIM pour 2 000 000 FCFA, de BAM pour 500 000 FCFA, de la BNDA pour 500 000 FCFA et de la BDM pour 100 000 FCFA En tout, l’ensemble des fonds officiellement destinés au grand prix du cinquantenaire s’élève à 82 350 000 FCFA, sans compter les apports en espèces.

    Concernant la côte – part du PMU- Mali qui était le sponsor officiel, aucune trace de sa contribution n’existe sur ces deux comptes. Du coup, certains membres du bureau soupçonnent déjà l’existence d’un autre compte dans une autre banque. A ce jour, le petit frère du président de la fédération, le commissaire Ousmane Sylla, est le seul à effectuer des retraits après l’émission du chèque par Mamadou Tiéoulé Konaté. Après avoir échoué dans les affaires, Ousmane n’a trouvé d’autres sources de revenu que les sous de l’hippisme. Pour cela, il avale les prix des tickets des jardiniers, sans compte – rendu.

    Une autre chose paraît très bizarre : il s’agit des différentes transactions effectuées entre les deux comptes par les membres de la fédération. A quoi jouent-ils ? Certainement à brouiller les pistes. Malgré tout, les rémunérations des vainqueurs ont été revues à la baisse. Contrairement à ce qui avait été annoncé lors de la conférence d’avant compétition, au lieu de 500 000 FCFA, le vainqueur des demi – cracks n’a reçu que 300 000 FCFA. Aussi, les frais de la compétition auraient été surfacturés. A titre d’exempte, la petite estrade métallique aurait coûté la bagatelle de 13 millions de FCFA. Alors, de qui se moque- t- on ?

    A ces cas de fraudes et de dysfonctionnements s’ajoutent aussi des dérives visant à familiariser la chose publique. La preuve : Mamadou Konaté aurait convié sa femme à la dégustation du gâteau. En effet, le restaurant de Mme Konaté est devenu le lieu de recueillement forcé des lauréats. Toute la restauration des événements a été passée de gré à gré à la dame sans qu’elle ne réponde forcément aux critères. Il est triste de constater que dans notre pays, les autorités se signalent à travers un mutisme coupable. Mais cette indifférence risque un jour de leur coûter cher, et même très cher.

    Une fédération, fut-elle celle de l’hippisme, ne saurait être le patrimoine de quelqu’un, fut- il secrétaire général adjoint de la présidence de la république. Enfin, de quoi et de qui le ministre Hamane Niang a-t-il peur pour prendre ses responsabilités ? A défaut du vérificateur, un audit externe doit être mené sur la gestion de cette fédération. En attendant, la plupart des propriétaires de chevaux sont en train de se regrouper pour se défendre par tous les moyens contre ces gangrènes de notre hippisme. Alors « wait end see » (attendons pour voir)…

    Aliou Badara Diarra

     

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