Faits divers : Zanké empêche la prière

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    La scène se déroule dans une mosquée sunnite de la capitale un soir de mardi quand les fidèles accomplissaient la prière du crépuscule (fitiri). L’Imam venait de terminer la récitation des premiers sourates, au moment où les fidèles s’apprêtaient à aller au «soudjoudou» (le front contre le sol), Zanké surgit de la première rangée et lance : «Que personne ne fasse «le soudjoudou» aujourd’hui on va finir avec cette situation d’hypocrisie…». C’est loin d’être une scène de blague car Zanké était armé d’un coupe-coupe tout neuf, qu’il brandit pour argumenter sa décision. L’imam qui devait aller au «soudjoudou»  s’était abstenu, le ton était sérieux.

                    Notons que Zanké n’était pas très loin de l’imam qui, au bout de quelques minutes d’hésitations, regarde derrière lui et l’aperçoit. Alors, il prononce un «salam alekoum prématuré»  (formule de rupture de la prière musulmane), pour s’adresser à Zanké : «Salam qu’est-ce qui se passe ?» puisque le nom complet du révolté était Zanké Salam.

                    Dans un premier temps, il ne dit mot mais maintient sa position, gesticulant de temps à autres pour demander aux gens de rester sur place. Zanké se décide alors de parler, il en voulait  au  comité de gestion de la mosquée mis en place la veille et dans lequel il ne figurait pas. 

                    Dans les rangées de derrière, on ne savait pas ce qui se passait devant. Mais, puisque l’imam n’est pas allé au «soudjoudou», chacun s’est dit que c’est sérieux. La prière était momentanément suspendue. Yaya,  un jeune des lieux qui était très proche de Zanké, a voulu s’approcher de lui pour le calmer. Il ne le fallait pas. Il a raté Yaya de peu, son coupe-coupe ayant heurté un pilier, ce qui installa du coup la panique dans la mosquée. Alors, c’est le sauve qui peut, chacun cherchant à sortir le plus vite possible. Après des bousculades monstres, l’essentiel des fidèles s’est retrouvé dehors. Ainsi, ils s’organisent pour alerter la police et le service psychiatrique.

                    Entre-temps Zanké détenait quelques personnes âgées en plus de l’imam. Il revendiquait un poste dans le comité de gestion, car personne n’était aussi dévouée que lui dans cette mosquée. Cela était vrai car expatrié de la Côte d’Ivoire à la suite de la guerre, il avait presque élu domicile à la mosquée. Mais très tôt, il avait intégré les rouages de la gestion. Tout le monde savait qu’il était déréglé mais personne ne le savait violent. Parce que depuis qu’il était là il n’avait jamais agressé quelqu’un. Au bout de quelques minutes, les policiers étaient arrivés, leur chef était parvenu à maîtriser Zanké. Il fut embarqué dans le frigo net de la police et conduit dans un hôpital psychiatrique pour être pris en charge.

                    La situation était désormais calme, il fallait alors procéder à un «djamou» c’est-à-dire un cumul des 2 prières le fitiri et le safo. A  La fin de cette série, les commentaires allaient bon train chacun y allant de sa touche personnelle avec sa dose de rigolade.

                    Bien sûr qu’il fallait un peu d’efforts pour retrouver les chaussures car les bousculades avaient dérangé. Quelques vieux étaient aussi obligés de repartir décoiffer car le bonnet n’avait pas été retrouvé. Mais tout le monde avait un seul nom sur les lèvres, c’était celui de Sidikidjan ce septuagénaire qui avait surpris par son endurance. En effet, il était parvenu à se retrouver dehors à la suite d’un incroyable gymnastique et lui-même de commenter : «je vous ai dit que les vieux ont de la ressource et de l’énergie mais elles sont utilisées à bon escient».

     

    Youba KONATE

     

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