Faits divers : Le rêve évanoui d’un jeune candidat à l’immigration

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    Ce récit relate toujours la mésaventure de Mohamed Coulibaly, un jeune étudiant malien qui, après avoir été victime de l’escroquerie d’un Nigérian, entreprit un voyage au Maroc pour tenter de regagner le continent  européen par la mer. Mais Mohamed, qui n’a jamais pu atteindre son but, a finalement regagné son pays, après avoir passé des jours et des nuits de souffrances endurées loin de ses proches. Mohamed, qui est aujourd’hui enseignant, conseille les jeunes africains de rester chez eux pour participer à l’édification nationale. Mohamed raconte :

     

    « Contre toute attente, le millier de kilomètres (pour l’essentiel non encore bitumés) séparant la capitale mauritanienne, Nouakchott, de la ville de Dakhla (située au Sud du Maroc) a été pour moi un parcours très plaisant.

     

    De la Mauritanie au Maroc

    En effet, un vieux Maure du nom de  Bouhaya, qui faisait le même trajet que nous, raconta l’histoire de cette route qu’il parcourt depuis des décennies. Ce chemin long de près de 1 000 kilomètres était fermé au trafic depuis le déclenchement de la guerre du Sahara en 1975.

    Bouhaya a ajouté que les frontières entre la Mauritanie et le Maroc étaient ponctuellement ouvertes pour le passage du Rallye Paris Dakar. Mais depuis le 1er février 2002, date de l’ouverture officielle des frontières terrestres entre le royaume du Maroc et son voisin du Sud, l’unique point de passage entre les deux pays, en l’occurrence le poste de contrôle d’El Guer Garat, connaît une grande fébrilité.

    Il faut aussi dire que le voyage entre les deux pays n’est pas de tout repos : les voyageurs venant du Maroc doivent emprunter une route bitumée jusqu’au poste frontalier d’El Guer Garat. Mais de là jusqu’à Nouadhibou (capitale économique de la Mauritanie), il n’existe qu’une piste bien balisée, sécurisée par les forces armées des deux pays. Mais la grande difficulté n’est pas : c’est plutôt l’absence de toute aire de repos entre Dakhla et Nouadhibou qui pose problème.

     

    L’arrivée à Dakhla

    Après une bonne journée de route, nous sommes arrivés à Dakhla, très épuisés. A ma descente du véhicule, les yeux des policiers marocains braqués sur moi ne m’ont pas effrayé pour autant. Je me suis collé à Bouhaya, et nous avons continué le chemin ensemble jusqu’à Rabat, la capitale du royaume marocain.

    J’ai pris congé de mon compagnon de route (Bouhaya) et je me suis mis à marcher en direction du port pour m’approcher de la mer. J’avais très faim, et mes poches étaient vides. Je faisais du porte à porte pour chercher à manger ; mais les gens se méfiaient de moi. Souvent, on me chassait souvent avec des injures dont je ne connaissais même pas la signification réelle. Mais j’étais certain que je n’étais pas le bienvenu. Finalement je fouillais dans les poubelles pour me remplir le ventre. Ce petit moment difficile m’avait certainement enseigné une importante leçon de vie : on n’est jamais mieux que chez soi.

     

    L’accueil d’une vielle connaissance

    C’est en me baladant au bord de la mer que j’ai rencontré une vieille connaissance : c’était Ibrahima Sylla, un vendeur de parfum qui s’est installé dans ce pays depuis de longues années. Cet homme,  qui est en outre un ami de ma famille, m’a ouvert la porte de sa demeure, comme il est de coutume au Mali. Il m’a donné à manger, et nous avons pris ensemble un bon thé à la menthe, comme on le fait si bien chez nous. Après de heures de repos, Ibrahima et moi nous nous sommes isolés dans un coin, loin des autres membres de sa famille, pour parler de ma situation.

    Ibrahima trouva que j’avais tort de prendre une telle décision. Aussi me conseilla-t-il de réfléchir sur les difficultés que je pourrais rencontrer et que je n’ignorais pas d’ailleurs. En fait, ce que mon interlocuteur ne voulait pas comprendre, c’est que je savais que ce ne serait pas facile. Je m’attendais à toutes sortes de difficultés, mais je gardais de l’espoir.

    Après deux jours passés chez Ibrahima, durant lesquels j’ai été beaucoup renseigné quant au lieu de regroupement des candidats à l’immigration, j’ai pris congé de mon compatriote, tout en lui promettant de lui rester toujours reconnaissant.

     (A suivre)

    Par Mahamane Abdoulaye Touré « Hamane »

    (NB : les titres, intertitre et sous titres sont de la Rédaction)

     

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