Cela fait trois ans que la dame Pinda est la troisième épouse de Napori le natif de Blendio qui vit à Bamako depuis bientôt 25ans. Le mariage de Pinda avait été célébré à Koulikoro, puisque son père y travaille. Il se raconte que ce mariage était l’un des plus fastes avec tous les ingrédients de la grande fête à la malienne (les griots, le festin, la mode, l’argent…)
La dame Pinda était tout à fait heureuse, en effet un mariage aussi réussi est le rêve de toutes les femmes. En plus, le mari de Pinda est un ‘‘gros bonnet’’ de la place, homme d’affaires de son état, il avait acquis une position sociale confortable. Il avait amassé beaucoup d’argent, des villas, des voitures, des affaires et surtout le bien-être. Depuis 2008 que le mariage est célébré, la dame Pinda vit cependant dans une villa octroyée par son époux dans un quartier chic, donc elle ne vit pas avec les deux autres femmes. Mais, elle évoluait dans une clandestinité certaine, étant donné que les deux premières femmes du ‘‘senufo’’ ne savaient rien de son existence. Le problème du senoufo était bien sa première épouse Bibata, celle avec qui, il était arrivé à Bamako dans le dénuement total. Bibata revendiquait la paternité de toute cette réussite, et il se murmurait qu’elle connaissait le secret de cette fortune. Auparavant, Napori avait exercé de nombreux petits boulots, avant d’entreprendre diverses activités commerciales qui finiront par lui permettre d’accéder à la fortune à travers la quincaillerie. Bibata, malgré qu’elle soit une villageoise émancipée, avait vite compris les choses et s’imposait. Elle était toute puissante, maîtrisait plus au moins son époux qui malgré tout, était arrivé à en épouser une deuxième ; même si le processus du mariage de Saran avait duré presque 10 ans. Après moult soubresauts, celle-ci s’était imposée, elle était donc la deuxième épouse légale.
C’est donc le long processus et le bras de fer avec Bibata qui dissuadaient Napori à envisager de parler de sa troisième noce. Ainsi, il avait décidé de célébrer son 3ème mariage en catimini, espérant que le temps lui permettra de trouver une solution. Pourtant, Pinda vivait de plus en plus mal sa situation de clandestinité malgré les promesses de son époux qui l’assurait avoir un plan. Après un ultimatum adressé à son mari, la dame Pinda décide de passer à l’offensive. En effet, Nopori était arrivé à imposer un planning de la semaine qui le permettait d’être absent à partir du vendredi. Ainsi, du lundi au jeudi il jonglait entre les deux premières femmes au nom des voyages d’affaires. C’est le mardi dernier que Pinda s’est décidée à faire changer les choses en faisant déménager ses bagages au domicile de son époux. En seulement quelques heures, le domicile de l’homme d’affaires était pris d’assaut, le grand battisse était envahi. Il était 19 h lorsque le camion de déménagement était à son 3ème voyage, au grand dam des deux premières qui ne comprenaient absolument rien. Il fallait alors que Napori soit présent pour tirer au clair toute cette confusion qui attirait l’attention de tout le quartier. Devant la persistance et la multiplication des coups de téléphone, notre gentleman avait demandé à un de ses amis de faire un tour à la maison. Quand celui-ci est arrivé sur place, la 1ère épouse sortait de sa syncope, tombée qu’elle était après les premières explications de Pinda qui disait être venue s’installer. Elle disait en avoir marre de rester tout le temps seule. Et pourtant, pour que la deuxième puisse être acceptée, Napori avait juré de se limiter à deux (bien sûr sans donner aucune garantie à part leurs secrets à eux deux). C’est donc, depuis le mardi dernier que Napori n’est pas arrivé à la maison et les trois bonnes dames attendent, de pied ferme, le retour du senoufo au domicile conjugal. C’est-à-dire que l’ami avait fait son boulot, toutes les trois femmes sont à la maison désormais, seul Napori est attendu. Aux dernières nouvelles, il en a profité pour voyager à l’étranger.
En tout cas, les femmes ont promis d’abattre un bélier, qui est déjà disponible dans la cour de la grande maison, il s’agit pour elles de célébrer les retrouvailles et conjurer le sort pour que plus jamais un autre scandale n’ébranle la quiétude de la famille.
Youba KONATE