C’est là que s’est trouvé le jeune homme à qui les « justiciers » n’ont pas laissé la moindre chance de s’expliquer .
Le plaidoyer est très peu entendu. Depuis des années, aussi bien les magistrats que les forces de l’ordre mettent en garde nos concitoyens contre le recours à la justice sommaire. A l’heure où l’insécurité croît dans nos villes et où les malfrats se montrent de plus en plus audacieux et de plus en plus violents, le message appelant à la raison est malheureusement à peine audible. « Malheureusement », disons-nous, car l’un des effets les plus pernicieux de cette forme de justice, c’est que les bourreaux peuvent très facilement se tromper de victime. A ce moment, c’est un innocent qui se trouve soit tué, soit lourdement handicapé pour le reste de sa vie. Le dommage causé est donc aussi injustifié qu’irréparable. Mais cela ne semble pas trop troubler les vengeurs auto-proclamés. Ainsi que le prouve le cas que nous relatons aujourd’hui.
Les faits se sont déroulés à Niamana Kadobougouni, à la périphérie de Bamako il y a juste soixante-douze heures. Ici, les populations ont eu la triste et désagréable surprise de découvrir tôt le mardi matin le corps sans vie d’un homme gisant dans un ravin. Aucune pièce d’identité n’ayant été retrouvée sur lui et qui aurait permis de l’identifier, le corps du malheureux sera mis à la disposition des autorités locales pour les procédures prévues dans ce genre de situation. Un médecin légiste put établir que la mort remontait à plus de deux heures avant le moment où le cadavre avait été retrouvé. Entretemps, les limiers du 13ème Arrondissement dont relève le secteur concerné ont tenté de tirer au clair cette affaire sordide. Quatre personnes ont été mises aux arrêts. Au moment de notre passage au commissariat, le commissaire Siriman dit Ba Tangara et ses éléments de la BR avaient diligenté le dossier du quatuor de meurtriers qui doivent croupir (si ce n’est déjà fait) en prison. Comment tout cela s’est-il passé ?
Les faits. Dans la nuit du 20 au 21 dernier, l’inspecteur de police Moïse Baya de la BR du 13ème reçut un coup de fil aux environs de 23 heures. Son indicateur affirmait qu’il avait une information importante à lui filer et lui dit que cela concernait un cadavre découvert dans un ravin du quartier cité plus haut. L’officier lui fit remarquer que les policiers étaient déjà au courant de ce qui s’était passé et avaient entamé leur enquête pour retrouver les « exécuteurs ». Le « pion » (surnom donné aux informateurs) déclara qu’il appelait justement pour communiquer certains faits en sa possession et qui pouvaient faire avancer de manière substantielle les investigations.
A COUPS DE BÂTONS. Après avoir écouté attentivement son interlocuteur, l’officier de police recoupa les informations reçues avec d’autres contacts qu’il avait sur le terrain. Quand elle fut assurée que les éléments nouveaux étaient sérieux et avérés, la BR se mit en branle et investit les lieux dans la plus grande discrétion. L’équipe, dépêchée pour démêler l’écheveau, se composait de cinq éléments aguerris du 13ème Arrondissement. Il s’agissait des inspecteurs Moïse Baya et Boubacar Sissoko. Ceux-ci étaient appuyés par l’AC Modibo Traoré et le sergent Souaïdou Dembélé. Cette équipe était conduite sur le terrain par l’inspecteur principal Seydou Sanogo « Paparé ». Sur place, les limiers ne tarderont à mettre la main sur les quatre meurtriers présumés et qui de toute probabilité avaient tué de sang-froid un innocent qu’ils avaient vraisemblablement confondu avec le vrai voleur. Par malheur pour eux, les quatre hommes ont perpétré leur acte dans un lieu pas très éloigné d’une concession où vivait le pion. Et ce fut pratiquement sous les yeux de ce dernier qu’ils sont se débarrassé du corps du malheureux en le jetant dans le ravin.
Toute cette histoire (du moins la partie relatée à la police qui a le souci de protéger ses sources), ressemble fort à une erreur commise par les assassins de ce jeune homme qui jusqu’ici n’a pu être identifié. En effet, quelque temps avant qu’ils n’abattent leur victime à coups de bâtons ( la BR a d’ailleurs en sa possession comme pièce à conviction les gourdins qui ont été utilisés), c’est un autre jeune homme qui s’était introduit dans une boutique du quartier. Cela se serait passé vers quatre heures trente du matin.
Ce jeune voleur n’en était pas à son premier coup dans la zone. Il semblait surveiller régulièrement les mouvements des livreurs de pain qui venaient approvisionner la boutique à cette heure-ci. Dès que la marchandise était déposée, le voleur s’arrangeait à subtiliser un nombre important de miches et à disparaître avec. Il avait répété à plusieurs reprises cette opérations sans se faire prendre et sans que le boutiquier n’arrive à déchiffrer vraiment le modus operandi utilisé. Exaspéré par les pertes subies, le commerçant décida avec certaines bonnes volontés de monter un guet-apens pour coincer le voleur de miches de pains. C’est ainsi que ce jour là, lorsque le voleur s’est présenté dans la boutique à la même heure et pour le même but, il sera pourchassé par un certain nombre d’habitants bien décidés à lui régler son compte.
SANS CHERCHER À RIEN COMPRENDRE. Mais le jeune voleur fit preuve d’une vivacité peu commune. Lorsqu’il se rendit compte du piège qui lui avait été tendu, il détala à toute vitesse et l’obscurité aidant, il parvint à s’échapper et à disparaître dans le dédale des ruelles. Ses poursuivants n’abandonnèrent cependant pas leur traque et ce fut ainsi qu’ils tombèrent nez à nez avec celui qui sera leur victime quelques instants seulement plus tard. Visiblement, le quidam qui se trouva sur leur chemin revenait d’un bar du quartier, car il dégageait une forte odeur d’alcool.
Malheureusement pour lui, le malheureux n’était pas en état de vraiment protester de son innocence. Et surtout son chemin avait croisé celui de personnes remontées à bloc contre les voleurs qui se manifestent régulièrement dans les parages, de gens aveuglés par la rancœur et qui n’avaient qu’une idée en tête : faire un exemple sur l’homme sur lequel ils avaient mis la main. Aussitôt que les poursuivants aperçurent le malheureux dans la rue, ils se jetèrent sur lui sans chercher à rien comprendre et sans lui donner la moindre chance d’échapper à leur folie meurtrière. L’homme a été battu à mort à coups de bâton. Ayant constaté que leur victime était passée de vie à trépas, les meurtriers ont empoigné le corps pour aller le jeter dans le ravin d’à côté. En voulant donc de se débarrasser des restes de celui qu’ils ont pris pour le voleur, les justiciers ont malheureusement pour eux aussi, se sont trouvé sous les yeux de l’informateur des policiers qui effectuait sa promenade matinale habituelle.
Au terme de quelques heures seulement d’enquête, les éléments du commissaire Siriman dit Ba Tangara parviendront à mettre la main sur quatre présumés meurtriers. Oumar Sidibé et Amadou Sidibé seront les premiers interpelés. Ils seront amenés en toute diligence dans les locaux du commissariat. Ils y seront rejoints par leurs complices Souleymane Traoré, employé comme gardien dans une quincaillerie et Amadi Sidibé, tous deux logeant dans les parages de l’agression. Comble de la désolation, les enquêtes permettront d’établir que le défunt n’était pas le vrai voleur. Ce dernier était parvenu à s’échapper. La victime est donc un innocent qui vient de perdre la vie dans une de ces opérations de justice sommaire auxquelles les populations s’adonnent très souvent. Surtout dans les quartiers populaires du district de Bamako.
Bizarrement à l’interrogatoire, les quatre interpelés n’ont même pas cherché à se disculper. Ils ont sans ambages reconnu les faits. Pour expliquer leur conduite, ils ont usé d’un argumentaire trop souvent entendu et qui n’est pas recevable. Dans leurs dépositions, ils affirmaient avoir agi ainsi tout simplement par ce qu’ils estimaient que les malfrats sont de connivence avec la justice et la police. « Il est très fréquent de rencontrer un voleur dans la rue, le jour suivant son incarcération. Nous ne croyons plus ni à la police, ni à la justice. C’est pourquoi nous avons fait ce que nous avons fait », auraient-ils soutenu.
NI À LA POLICE, NI À LA JUSTICE. Au moment où nous quittions le commissariat, le dossier de ces quatre meurtriers était presque prêt pour être envoyé à la prison centrale de Bamako. Là, le quatuor méditera sur son sort, le temps de comparaitre en cour d’assises pour répondre des faits de coups mortels. Faits prévus et punis par l’article 202 du Code pénal. Les meurtriers encourent une peine minimale de cinq à sept ans d’emprisonnement ferme. Le commissaire intérimaire Siriman dit Ba Tangara du 13 ème et ses collègues en appellent une fois de plus aux populations pour qu’elles collaborent aussi bien avec les forces de sécurité qu’avec la justice. N’importe quel innocent peut aujourd’hui succomber du fait des dérapages de la justice sommaire. Même un de ceux qui la défendent si chaudement aujourd’hui.
MH.TRAORÉ
Dommage pour le noctambule
Dire qu’ici même des gens supportent encore cette forme de justice!Je souhaite que la victime du jour soit un proche de ceux-là mêmes qui sont pour cet acte barbare et injuste, comme ça ils comprendront d’eux-mêmes et pour toujours que rien ne doit pousser une personne à se rendre justice soi-même!Que l’âme du malheureux repose en paix.Une justice mal rendue par des juges peut être rattrappée.Mais une personne tuée de la sorte par des ignorants est perdue pour toujours.
😥 😥 😥 😥
Eh bè dit Donc tu est capable de reflechir correctement !pour une fois je Te suit sambpu il faut être completement idiot pour agir de la sorte
C’est vraiment dommage!
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