Fait divers : Yacouba Dembélé bastonné à mort et brûlé

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    La  vie ne cesse de nous surprendre avec ses mystères et autres faits souvent insolites ou inattendus.  C’est ainsi que la vie de Yacouba Dembélé s’arrêtera dans la nuit du 18 au 19 décembre  à Sikoroni lorsqu’il a été  sauvagement battu avant d’être…brûlé par ses bourreaux, alors qu’il envisageait de se confectionner une carte d’identité civile pour aller chercher fortune à la mine de Kangaba.

    Yacouba Dembélé n’ira donc plus à la mine d’or de Kangaba qui est de nos jours l’un des lieux privilégiés de jeunes maliens en quête d’emploi pour faire face à leurs charges, pour le bonheur  de leurs familles. D’ailleurs, depuis le bas âge, Yacouba Dembélé ambitionnait d’aller faire fortune  dans cette localité, mais son ambition ne durera que le temps d’un rêve.

    Rappel des faits

    Des témoignages de l’oncle du défunt, Lassine Dembélé,  il ressort que cela fait seulement trois jours qu’ils sont arrivés de Kadiabala (cercle de Bla) avec, comme destination finale, la mine d’or de  Kangaba. Mais ils voulaient d’abord confectionner leurs cartes d’identité civile avant à la mine de Kangaba. Mais personne ne pouvait savoir que Yacouba Dembélé avait rendez-vous avec la mort. Notons en passant que la confection d’une carte d’identité civile est en elle même un véritable casse-tête dans les Commissariats de police de Bamako. Pour obtenir ce « sésame », il faut se lever avant le coq (très tôt) et aller se ranger dans une longue file d’attente, tout cela pour espérer être reçu par l’agent de police en charge de l’enregistrement de la pièce.  Aussi, Yacouba Dembélé et son oncle Lassine Dembélé se sont réveillés vers 4 heures du matin pour se rendre au Commissariat du  6è Arrondissement sise, en commune I. Selon Lassine Dembélé (le rescapé de l’embuscade), c’est lorsqu’ils empruntaient tout bonnement  la route principale de Sikoroni qui  passe par le cimetière dudit quartier que tout d’un coup, une foule de personnes se rua sur eux criant à tue-tête «Aux voleurs ! Aux voleurs ! » Selon les informations recueillies sur place, les auteurs de cet assassinat poursuivaient précisément un voleur de moto Jakarta. Mais malheureusement pour eux, nos deux villageois chercheurs de cartes d’identité étaient tombés au mauvais endroit et au mauvais moment.

    Aux dires de Lassine Dembélé (l’oncle de la victime), parmi cette foule furieuse, il y avait  un certain Adama  avec qui il avait l’habitude de travailler, il y a quatre mois de cela, dans  la confection de briques. Mais en dépit de ce rappel de Lassine  à  son ancien collègue Adama, ce dernier resta sourd à son appel, tout comme ses compagnons de la foule. Munis  de pilons et de pierres (entre autres), les bourreaux passèrent à la bestialité. Mais Lassine Dembélé, qui est un pratiquant d’art martiaux (kung-fu) parvint à échapper à la foule. Une chance que son neveu Yacouba Dembélé n’aura malheureusement  pas car la goule encore plus furieuse et vindicative, déversa toute sa bile sur lui. Elle le trimbala alors  jusqu’au collecteur naturel qui sépare Sikoroni à l’Hippodrome II.  Avec des armes blanches, les déchaînés achevèrent leur victime sur la rive gauche dudit collecteur avant de le brûler sur l’autre rive, entre les pierres. Ainsi finit la vie de Yacouba Dembélé, un jeune âgé seulement de 22 ans qui foulait pour la première fois, et pour la dernière fois, le sol de la capitale. Quant à Lassine Dembélé, même si ses jours  ne sont pas en danger, il a été sauvagement agressé. A ses dires, les assaillants lui  ont soutiré 100 000 FCFA et toutes ses autres pièces. Très atteint donc, il est resté depuis lors sur le qui vive.

    Il est grand temps que les plus hautes autorités s’impliquent sérieusement dans cette affaire d’insécurité grandissante dans la capitale, surtout que les vols de motos Jakarta, les braquages et autres attaques dont le nombre ne fait qu’augmenter chaque jour que Dieu fait. D’où cette vindicte populaire des citoyens à l’encontre de ces malfrats. D’où le retour en force de ce fameux « Article 320 » qui consiste à entourer le cou de tout malfrat attrapé, l’asperger d’essence et le brûler jusqu’à ce que mort s’ensuive. Mais ce triste cas de  Yacouba Dembélé est exceptionnel : lui et son oncle ont été malchanceux de tomber sur une foule revancharde et assassine alors qu’ils n’étaient même pas visés auparavant.  Tout comme le jeune Yacouba Dembélé, beaucoup d’autres innocents ont  péri de cette manière aussi injuste. Avec cette situation de confusion totale qui règne actuellement dans le  pays, ce sont le plus souvent les innocents qui paient le prix fort les injustices et l’insécurité qui font la loi. Pour l’heure,  le Commissaire du 6è Arrondissement se penche sur cette affaire. Mais il gagnerait  à mettre la main sur le nommé Adama qui galvanisait la meute meurtrière : cela facilitera beaucoup l’enquête de ses limiers afin que les coupables soient mis aux arrêts, même s’il n’est pas facile de mettre le grappin sur toute une foule.

    Soumana Touré Miguel

     

     

     

     

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