Il était son Roméo et elle était sa Juliette. Mais les parents de l”adolescente de 13 ans ne pouvaient voir cette idylle d”un bon oeil.
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Les autorités policières constatent une montée rapide des cas d”enlèvement de mineurs depuis quelques années. Dans notre société, beaucoup ignorent les droits des enfants. Même ceux qui les connaissent les violent sciemment. A nos frontières sud des réseaux ont même monté un intense trafic d”enfants vers des exploitations agricoles ivoiriennes.
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Dans notre pays, la loi punit l”enlèvement de mineurs. L”article 241 du code pénal malien sanctionne tout coupable d”enlèvement de peines de 3 à 10 ans de réclusion et facultativement de 3 à 20 ans d”interdiction de séjour.
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Notre histoire d”aujourd”hui se déroule à Ouélessébougou, commune rurale située à quelques 75 km de la capitale, sur la route nationale n° 7 conduisant en 3è Région. Le bandit du jour s”appelle Z.S. et est ressortissant de Ouélessébougou. Ce jeune de 22 ans a longtemps préparé le rapt crapuleux d”une mineure. Il a tout mis en oeuvre pour tromper la conscience de cette adolescente de 13 ans du nom de R.C. Il l”accompagnait à l”école, chez ses copines. Il venait même bavarder dans leur concession en l”absence de ses parents. Quand il l”appelait, la petite R.C. accourrait sans méfiance.
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SOMNOLER DURANT LA JOURNEE
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Le jeune homme, très futé, commença à offrir des petits cadeaux à la fille. Il lui donnait de temps en temps des pièces de monnaie. Souvent, il apportait à R.C. et à ses copines de l”école, des paquets de biscuits. La fillette prit goût à l”argent et aux promenades nocturnes du jeune homme. Quand ses parents lui demandaient d”où provenaient les cadeaux, elle mentait en leur faisant croire qu”elle avait rendu visite à un cousin ou à une cousine dans un autre quartier.
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Les week-end, R.C. jouait sur la place publique en compagnie de ses amies. Elles chantaient et dansaient en imitant les artistes du "coupé décalé" actuellement à la mode. Irrésistiblement attiré par la petite fille, le jeune homme ne s”éloignait jamais du groupe. Il n”hésitait pas à inviter, à l”occasion, R.C. dans un espace culturel et à lui payer des boissons bien fraîches. Ainsi il est arrivé à dissiper toute peur dans l”esprit de la petite. Elle n”avait aucune raison rationnelle de redouter quelque chose de lui. Au contraire elle le recherchait pour lui demander de l”argent et des douceurs. Elle s”attacha à Z.S. et cessa peu à peu de fréquenter ses amies.
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La pauvre R.C. en arrivait même à pratiquer l”école buissonnière pour être en compagnie de Z.S. Ce manège dura longtemps puis l”adolescente commença à somnoler durant la journée. Peu de temps après, elle se mit à vomir fréquemment. Sa mère, très vigilante, demanda à sa fille de quelle maladie elle souffrait. "J”ai attrapé un palu", répondit R.C.. Se doutant certainement d”un début de grossesse, la maman, quelques jour plus tard, reprit son interrogatoire en compagnie d”une de ses amies. La fillette avoua qu”elle avait souvent mal au ventre et qu”elle souffrait de migraines à tous moments. Quelques mois plus tard, ses seins prirent une forme beaucoup plus proéminente. Son ventre s”arrondit. La grossesse devint patente. Au constat étonné de sa mère : "I kono man do" (tu es enceinte), elle répondit que Z.S. était le père de son enfant.
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Franchement inquiète, la maman se demandait comment expliquer cette grossesse à son époux D.C. Elle s”en ouvrit à un ami de ce dernier. Celui-ci se fit le devoir d”informer son ami de la terrible nouvelle. Les deux hommes dépêchèrent un émissaire convoquer Z.S. Le jeune coureur de jupons qui se doutait bien du motif de cette convocation, se rendit dans la famille Coulibaly pour y répondre. Soumis aux questions menaçantes des vieux, il tourna longtemps autour du pot avant de finir par avouer son amour pour R.C. "Mon amour pour R.C. est très fort. Je l”aime et je l”aimerai jusqu”à la fin de ma vie. Je ne voulais pas le perdre", déclara-t-il aux parents de sa bien-aimée. Les parents, irrités, interdirent à Z.S. de fréquenter leur fille.
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"SON AME SŒUR"
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Le jeune homme demanda alors l”autorisation de la famille Coulibaly de continuer à apporter son soutien matériel à R.C. jusqu”à son accouchement. Les parents acceptèrent et le jeune homme se présentait régulièrement dans la famille les bras chargés de viande grillée et d”autres victuailles. Il apportait souvent des petits plats délicieux. R.C. accouchera malheureusement d”un bébé mort-né. Quoique très déçu de l”issue de la grossesse, Z.S. voulait continuer à fréquenter R.C. Mais les parents de la petite fille s”y opposèrent catégoriquement.
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Sevré de la compagnie de "son âme sœur", le jeune homme sera rongé par la nostalgie. Il utilisait les copines de R.C. pour transmettre des messages mais cela ne pouvait suffire à assouvir son désir d”être en compagnie de R.C. Le jeune homme de 22 ans finit par se résoudre à enlever l”adolescente. Les deux amoureux s”enfuirent de Ouélessébougou à destination de Bamako. Ils se réfugièrent chez un ami à Kalabanbougou, un quartier de la Commune IV, situé après Sébénikoro. Découvrant la disparition de sa fille, le père lança des avis de recherche et mit tous les membres de la famille à contribution pour la retrouver. Le vieux soupçonnait même la maman de R.C. d”être dans le coup de sa disparition. Mais son épouse jura qu”elle ne savait pas où se cachait sa fille.
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Les investigations dans toutes les familles du quartier ne donnèrent rien. Aucune trace de la fillette. Les rumeurs commencèrent à circuler sur une fugue en compagnie de Z.S dont l”absence du village avait été constatée. Le père décida de porter plainte contre le jeune homme pour l”enlèvement de sa fille devant la justice de paix à compétence étendue de Ouélessébougou. Il alerta aussi la brigade de la gendarmerie de Faladié et la brigade territoriale de Bamako-Coura. Les pandores de la capitale ouvrirent à leur tour une enquête.
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L”équipe de la brigade territoriale, sous la conduite du major Elhader Maïga, en collaboration avec les gendarmes de la brigade de Faladié, se lancèrent à la recherche du couple fugitif à travers le district. Un grand frère de la fille, lieutenant de la Garde nationale, apprendra aux limiers que le fameux Z.S. était logé chez un parent à Kalabanbougou. Les hommes du major Maïga organisèrent une descente sur les lieux et délogèrent R.C. et son amant à l”endroit indiqué.
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Le jeune homme a été transféré à la gendarmerie de Ouélessébougou. La fille remise à ses parents.
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Daouda I. DIAWARA
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(L”Essor du 30 Janvier)
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