Fait divers : Veilleur VIOLEUR

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    La fillette avait fugué. Elle ne savait où aller et ne parlait que peul. Quand elle croisa un homme qui la comprenait et semblait la prendre en pitié, elle crut être sauvée. À tort.

    La ville de Bamako connaît en ce moment un véritable boom urbanistique. Partout dans le District, des constructions neuves sortent de terre comme par enchantement. Comme un revers de médaille, une bonne part des viols qui se produisent dans cette ville se passent dans des maisons en chantier. Dans les commissariats de police l”on estime aussi que pas mal de ces crimes sont perpétrés par des ouvriers des B.T.P. et des veilleurs de nuit. Les victimes sont en général les travailleuses saisonnières, les racoleuses et les fugueuses. Les veilleurs de nuit, les gardiens des chantiers sont régulièrement sollicités par ces filles pour les protéger contre les mauvais payeurs et les agresseurs circonstanciels. En contrepartie, ils se font payer en espèces ou exigent une passe.

    M.B., l”héroïne de notre récit du jour, une jeune fille de 13 ans, arrivée au début du mois d”avril de la localité de Diafarabé vient de vivre une amère expérience. M.B. a quitté son village à la demande de sa grand-mère pour lui servir d”auxiliaire dans une grande famille de Bamako. Très vite, la fille s”est rendue compte qu”elle était utilisée comme une bonne à tout faire chez ses grands parents et non comme un enfant de la famille. Elle se rebella contre sa nouvelle situation et exigea d”être renvoyée chez ses parents. Cette demande n”a pas été du goût de la mémé et des oncles. Ils se coalisèrent contre elle et rejetèrent sa demande.

    UN SECOND PLAT :

    Au milieu de la semaine dernière, la jeune fille profita de l”inattention de ses parents pour fuir de la famille. Elle se retrouva auprès d”une vendeuse de victuailles à Sogoniko. Elle resta longtemps assise près de la femme et finit par s”endormir à terre à côté d”un banc occupé par des convives. La nuit avançait et les clients de la vendeuse se faisaient de plus en plus rares. La commerçante commença même à plier bagages. Sur ce, arriva Soungalo Arama, veilleur de nuit et gardien d”une maison en chantier dans les environs. Il acheta un plat de haricot et s”assit sur le banc à coté de la jeune fille. Tout en mangeant, il observait la dormeuse. Les formes plantureuses de M.B. lui inspirèrent des pensées égrillardes. Il se renseigna auprès de la vendeuse sur la personne couchée à même le sol. Celle-ci répondit qu”elle ne la connaissait pas. Soungalo Arama s”approcha et réveilla la fille.

    Il lui demanda en bambara pourquoi elle dormait par terre et d”où elle venait. M.B. est peule et était interpellée en bambara pour la première fois de sa vie. Elle ne comprit rien des propos du gardien. Elle répondit dans sa langue, le peul. Soungalo est un Dogon qui maîtrise parfaitement ce parler. Il reposa les mêmes questions à la fille dans sa langue maternelle. La jeune fille lui raconta que sa grand-mère et ses oncles la maltraitaient. Ne connaissant personne pour l”aider à rejoindre sa mère et son père à Diafarabé, elle avait préféré s”enfuir dans l”espoir de tomber sur une âme charitable qui viendrait à son secours.

    Soungalo fit semblant d”être pris de pitié pour la jeune fille. Il se fit même passer pour cette personne charitable espérée. Il acheta un second plat de niébé pour la jeune fille. M.B. avala avec appétit ce repas bien venu. Elle fit mine de se recoucher par terre pour passer la nuit dans l”intention, le lendemain matin, de reprendre son errance dans l”espoir de regagner son village natal. Le gardien l”invita à passer la nuit chez lui. Il promit à la fille de tout faire pour la renvoyer dans son village. Naïvement, M.B. le suivit. Une fois rendu au chantier, Arama installa son invitée dans la cour sur une natte et lui demanda de dormir tranquillement.

    AVEC LA PAUME DE LA MAIN :

     Un peu avant une heure du matin, le gardien fut pris d”une envie folle de posséder la jeune fille. D”autant plus qu”ils étaient les seuls êtres humains dans une grande cour. Il s”approcha d”elle et la serra fort contre lui. La fille se réveilla en sursaut et Arama lui dit de ne pas avoir peur. Il voulait seulement faire l”amour avec elle. M.B. bien que très apeurée lui répondit qu”elle n”avait jamais connu un homme. Le gardien l”assura qu”il ne la brutaliserait point. Et il l”enverrait dès le petit matin au village. La fille céda alors. Mais comme elle était vierge, elle souffrit et cria fort. Le gardien fut obligé de lui fermer la bouche avec la paume de la main. M.B. se mit alors à gémir de douleur.

    Mutilée, la jeune fille qui perdait beaucoup de sang n”eut que le temps d”un répit avant d”endurer un deuxième, puis un troisième assaut du gardien avant l”appel à la prière de l”aube.

    Au petit matin, Soungalo fit faire à sa victime une toilette expresse et l”invita à le suivre à la gare de Sogoniko. En cours de route, ils rencontrèrent par hasard un oncle de la fille qui avait passé toute la nuit à la rechercher. Arama expliqua comment il avait accueilli la fugueuse chez lui. Il ajouta mensongèrement qu”il cherchait ses parents pour la leur rendre. L”oncle remercia le gardien et l”invita à faire la connaissance des autres membres de la famille. Soungalo accepta de le suivre. Mais la jeune fille prit peur et s”échappa.

    L”oncle la poursuivit et lorsqu”il la rattrapa, il se mit à la battre violemment. Soungalo vit de loin avec quelle brutalité l”oncle s”acharnait sur l”enfant. Il prit peur. Cet oncle serait capable de le battre comme M.B. quand il se rendrait compte qu”il avait violée sa nièce. Le gardien prit ses jambes à son cou. Cette fuite étonna l”oncle qui appela les passants à rattraper le fuyard. La foule prit Arama en chasse et mit la main sur lui à plus d”un demi kilomètre du lieu de rencontre avec l”oncle de M.B.

    Lorsqu”on demanda au gardien pourquoi les raisons de sa fuite, il expliqua qu”il avait peur de l”oncle de la fille. "Pourquoi avez-vous peur de moi, alors que vous n”avez fait que du bien à ma nièce ?", demanda l”oncle ? "Parce que vous êtes violent et méchant" lui répondit le gardien. L”oncle se tourna alors vers la fille pour l”interroger sur les événements de la nuit. En sanglots, M. B. étala au grand jour et avec force détails comment elle avait subi toute la nuit les assauts du veilleur. A l”appui de ce qu”elle disait, la jeune fille exhiba un pan de son pagne encore rougi de sang.

    L”oncle faillit tomber à la renverse. Il empoigna si fort le gardien que celui fut tétanisé. Arama se mit à le prier de ne pas le tuer, expliquant qu”il avait agi aveuglé par Satan. L”oncle de la fille se maîtrisa. Il conduisit le violeur pédophile au commissariat du 7è arrondissement devant l”inspecteur Mamadou Diakité alias Bedos. Le veilleur reconnut l”ensemble des faits et demanda la clémence de la famille.

    Il ne lui sera pas facile d”obtenir le pardon puisque la réquisition à docteur confirma les propos de la fille et du violeur. Soungalo Arama se prépare à rejoindre la prison. Il a été déféré vendredi au parquet de la Commune VI.

    G. A. DICKO
    L”Essor du 7 Mai 2007

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