Timbota a été accusé à tort de trafic d’enfants. Il fut copieusement bastonné et son véhicule brûlé par des badauds.
Aujourd’hui plus que jamais les accusations gratuites sont de plus en plus nombreuses. En ne prenant pas garde, l’on risque de tomber dans des excès préjudiciables à certains de nos compatriotes. Il suffit pour s’en rendre compte de faire un tour dans les différents « grins » de la capitale. Celui qui a une oreille attentive apprendra qu’un ministre de la République a été vu en compagnie d’un féticheur près d’une termitière. Que tel commerçant est devenu riche parce qu’il a vendu au diable un de ses enfants. Que telle famille renferme en son sein des bandits. Que le père de X ou Y est un ami du président de la République. Ce lien expliquerait la réussite fulgurante de ses enfants. Bref, Bamako grouille de colportages, de médisance, de ragots. La délation, les accusations fausses, même infondées sont au menu de la majorité des causeries de groupe. Ainsi va la vie aujourd’hui à Bamako, la ville aux Trois Caïmans. Ces colportages sont, comme nous l’avons dit préjudiciables à certains parmi nous. Le 11 février dernier, un homme a failli laisser sa vie dans une bastonnade qui n’aurait pas dû avoir lieu si les gens faisaient un peu preuve de bon sens. Mais personne ne s’était donné la peine d’écouter les explications que tentait de donner Mamadou Arafa Timbota, notre héros du jour. L’homme habite à Yorodjanbougou dans les environs du quartier ATTbougou. Très attaché aux enfants, il a pris l’habitude de prendre les siens et ceux des voisins dans sa voiture. Chaque week-end il fait en leur compagnie le tour des lieux d’attraction de la ville réservés aux jeunes. Les enfants aimaient bien ces randonnées de loisir. Ils étaient impatients de retrouver en fin de semaine celui qu’ils appellent tous affectueusement Tonton Timbota. Les parents ne s’inquiétaient même pas dans le secteur lorsqu’un enfant tardait à rentrer l’après-midi. Ils se disent généralement que le gosse se trouve dans la famille du voisin.
L’AMI DES GOSSES. Au propre comme au figuré Timbota est devenu, par la force des choses et avec le temps, le véritable ami des gosses du quartier, particulièrement ceux des familles contiguës à la sienne. « C’est un homme très bien. Il aime les enfants. Il n’hésite pas à dépenser pour soigner un gosse quand il apprend qu’il est malade. Parfois même il fait des surprises à ses amis. Il leur apporte des cadeaux à son retour de la ville », témoigne une femme venue lui rendre visite, samedi dernier, au commissariat du 10e arrondissement où il s’étai réfugié. Ce jour comme il est de coutume chez notre bonhomme, il s’était levé très tôt pour effectuer des courses en ville du côté de Niamakoro. Ses deux enfants plus huit autres prirent d’assaut tous les sièges de sa voiture de marque Toyota. Il tenta dans un premier temps de les dissuader de l’accompagner puisqu’il avait envisagé de rester longtemps dans le quartier où il devait se rendre. Mais les gosses âgés de 5 à 8 ans insistèrent. Ils ne pouvaient pas comprendre pourquoi leur oncle refuse de leur accorder ce jour ce qui est leur droit. Timbota finit par céder au désir des enfants. Ils l’accompagnèrent à Niamakoro à l’adresse de la rue dite des » 30 Mètres » Il rangea sa voiture devant une pharmacie. Il remonta les vitres teintées. Il déclara aux enfants qu’il allait s’absenter pour quelques instants. Il les mit en garde de ne pas tenter d’ouvrir la portière qu’il verrouilla. Les gamins acquiescèrent et promirent de rester sages pendant l’absence de leur mentor. Timbota sortit et alla dans une direction qui échappa aux enfants. Il se rendit en fait chez son consultant en sciences occultes pour lui expliquer quelques problèmes qui commençaient peser sur lui. Le féticheur prit du temps pour lire son avenir, lui donner des explications avant de lui prescrire quelques sacrifices à faire. Le temps passé chez le féticheur parut assez long pour les gamins qui commencèrent à s’impatienter. Les plus petits avaient chaud à l’intérieur de la bagnole. Ils se mirent se mirent à pleurer et à frapper sur les vitres de la voiture de leur Tonton. Un passant s’en aperçut et fit demi-tour. Il demanda aux enfants de descendre les vitres pour lui expliquer ce qu’ils faisaient dans une voiture qui était visiblement abandonnée. Les mioches obéirent et descendirent une vitre. Le passant, un homme d’une trentaine d’années apprit que les gosses attendaient un Tonton qui était parti il y a plus de deux heures et qui tardait à revenir. Sans chercher à en savoir plus, le passant ouvrit les portières. Quand il eut réuni tous les enfants hors de la voiture, il appela d’autres passants. Il leur expliqua avec force détails qu’il venait de délivrer une dizaine d’enfants des griffes d’un trafiquant d’enfants. Une petite foule se forma. Tout le monde convint d’attendre le retour du propriétaire de la voiture et de sa cargaison humaine. L’attente fut de courte durée. Mamadou Arafa Timbota se présenta et s’adressa aux enfants en leur reprochant d’être sortis du véhicule. C’était ce qu’il ne fallait pas faire devant une foule devenue de plus en plus compacte. Sans lui donner le moindre temps, les uns et les autres se mirent à hurler que Timbota était un trafiquant d’enfants. Les nombreux badauds se mirent immédiatement à le battre. Ils mirent le véhicule à sac avant de le brûler.
UNE MULTITUDE DE GRIS-GRIS. L’homme qui était habillé en tenue traditionnelle bambara a tenté en vain de se justifier. La foule ne voulait rien entendre. Elle continua à s’acharner sur le présumé trafiquant d’enfants comme des vautours autour d’une charogne. Certains frappaient avec des objets contondants, d’autres le lapidaient avec tout ce qu’ils ramassaient. Les pleurs des enfants à la vue de leur oncle dans une impasse ne firent aucun effet sur la meute de badauds. Les justiciers circonstanciels avaient comme soif de voir un homme mourir. Leur acharnement fut grand lorsqu’ils découvrirent que l’homme portait au moins une vingtaine de gris-gris et d’amulettes. « En réalité, reconnaîtra le commissaire Yamadou Goumané, chef P.J. Du 10e arrondissement, l’accoutrement de l’homme a attiré l’attention des gens. Un homme en « Kobla Nièbla » (tenue locale), coiffé d’un borsalino, portant une multitude de gris-gris autour du rein et des bras et gardant une dizaine d’enfants de 5 à 8 ans dans une voiture aux vitres teintées peut attirer l’attention de n’importe quel passant. » Timbota n’eut son salut que grâce à l’intervention rapide des policiers du commissaire Aminata Diallo, adjointe du contrôleur général Moussa Balla Diakité. L’équipe conduite par un inspecteur de la brigade de recherche n’a pu extraire le pauvre homme de la furie qu’avec l’arrivée du renfort du 7e arrondissement de Sogoniko. Le véhicule de Timbota a été avalé par les flammes. Conduit au commissariat, l’homme qui avait passé des moments difficiles et les enfants ont été présentés au commissaire Aminata Diallo. Elle comprit après quelques explications et surtout avec l’instance des gosses que Timbota venait d’être victime d’une erreur de jugement de la part de la foule. Les parents des enfants furent informés par la bouche-à-oreille. Ils accoururent pour confirmer l’innocence de Mamadou Arafa Timbota. Ces témoignages renforcèrent la conviction de la policière que Timbota était innocent. Mais le tort est déjà fait. Dans la ville la rumeur a circulé et chacun a ajouté sa pincée de sel à un récit dont il n’a reçu que des bribes.
Gamer A. Dicko
Donc son féticheur n’a pas été en mesure de lui dire qu’il risquait gros ce jour-là? Je pense qu’il doit en profiter pour changer de féticheur. Par ailleurs, je pense que la Police doit mener une enquête rigoureuse.
Vini, c’est comme si tu disais pourquoi un tel peint sa maison en blanc ou tel autre en rouge. Tant que la loi n’interdit pas les vitres teintées, je pense qu’il est de la liberté de ceux qui en font le choix de le faire! Ce n’est pas parce que j’approuve ou pas les vitres teintées, mais “ma liberté s’arrête là où commence celle des autres”.
c’est aussi un mepris de consequence de teinté ces vitres.
ceux qui teintent les vitres cahent quoi si c’est pas le mal qu’ils font avec leur voiture.
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