Fait divers : Trop galant et trop serviable

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    Les délinquants savent aussi opérer en douceur. Dans ce cas là, ils sont difficiles à détecter.
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    rnLorsqu”une ville croît à la vitesse de Bamako, tout augmente en même temps. Le coût de la vie bien sûr, mais aussi l”ampleur des problèmes de transport et de nourriture à résoudre au quotidien, la difficulté à se loger décemment pour un loyer raisonnable et bien sûr, les causes d”insécurité. Lorsque nous parlons d”insécurité, nous n”évoquons pas uniquement les agressions physiques. Nous avons aussi à l”esprit les menaces que font peser les malfaiteurs qui préfèrent l”astuce à la force, la ruse à la violence. Ces délinquants déploient une inventivité qui parait sans limite, tant ils se montrent rapides à exploiter la moindre situation favorable. Les escrocs, les filous, les mystificateurs de tout calibre sont certainement les bandits les plus à redouter par les honnêtes citoyens, car ils sont devenus maîtres dans l”art d”agir promptement et sans laisser de trace.
    rnSi on en juge par le volume croissant de leurs méfaits, cette race de délinquants a encore de beaux jours devant elle. Car un fait est indiscutable : les récits de leurs méfaits pourtant relayés par toute la presse et abondamment commentés par la population ne rendent pas plus méfiantes les victimes potentielles. Pourquoi ? Sans doute parce que chacun de nous se dit que des "choses pareilles" ne peuvent pas lui arriver. Sans doute aussi parce que les malfaiteurs sont devenus de fins psychologues. Ils peuvent désormais rien qu”en regardant une future proie savoir quel langage tenir pour l”appâter à coup presque sûr. Sans doute enfin, parce qu”il n”y a pas d”escrocs types dont on doit se méfier. Du bambin haut comme trois pommes jusqu”à la grand-mère apparemment respectable, les visages de l”escroquerie sont innombrables et souvent insoupçonnables. Il suffit de faire un tour dans les commissariats pour s”en convaincre. Dans les "violons" on voit de tout. Et surtout de très jeunes adolescents à qui on reproche pourtant des faits graves d”escroquerie. Mais aussi de vol, de braquage et d”agression.
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    rnAimable et respectueux : Un des méfaits les plus couramment relevés actuellement concerne le vol des motos Jakarta. Notre capitale pullule de garçons désoeuvrés. Ils accourent pour vous aider à pousser votre moto en cas de panne. Ils sont prêts à voler au secours du conducteur en difficulté. Ils écument les parkings des marchés ou les cours des services publics. Tous guettent l”aubaine qui leur fera gagner leur journée. Dans n”importe quel grin de la capitale circule une foule de récits sur leurs pratiques et le sujet revient presque régulièrement dans cette rubrique à travers des histoires incroyables, mais toutes véridiques. Comme celle d”aujourd”hui au centre de laquelle se trouve une jeune fille Mariam Touré qui a eu le malheur de faire confiance à quelqu”un de trop aimable et de trop disponible. Tout a commencé le mardi de la semaine dernière. En tout début d”après-midi, Mariam reçut une très mauvaise nouvelle : le grand frère de sa meilleure amie était décédé brutalement et l”enterrement était prévu le même jour, à 16 heures.
    rnTout préoccupée à soutenir son amie dans cette difficile épreuve, Mariam prit le chemin de Kalaban-coura où devait avoir lieu la cérémonie des obsèques. Elle arriva au domicile du défunt aux environs de 15 heures et se rendit compte que la vague des amis et des parents avait déjà déferlé. Une foule compacte était en effet sur place et la rue était littéralement bouchée par les véhicules qui y étaient stationnés. Mariam jetait autour d”elle des regards désespérés pour trouver un endroit où garer la Jakarta sur laquelle elle était arrivée
    rnCe fut le moment que choisit un jeune inconnu pour s”approcher d”elle. C”était un garçon de teint clair, à la figure aimable et à l”approche très respectueuse. Il s”adressa d”ailleurs à Mariam avec la plus grande courtoisie. "Tanti, lui demanda-t-il, je peux vous aider ? Je vois que vous avez des problèmes pour votre engin. Donnez-moi la moto. Je vais la garer au parking à côté". Mariam eut une brève hésitation, mais l”aspect engageant du jeune homme dissipa ses soupçons. La jeune dame remit donc à l”inconnu la clé et la moto. Elle remercia en outre l”autre pour sa gentillesse et sa galanterie avant de lui demander de lui rapporter la clé dans la cour. "Je me trouverai dans le groupe des femmes", indiqua-t-elle au jeune homme qui lui assura qu”il la retrouverait sans peine.
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    rnUn mauvais pressentiment : Mariam s”en alla donc retrouver son amie et comme elle-même le confessa plus tard, elle était tellement occupée à consoler cette dernière que le sort de sa moto lui sortit totalement de l”esprit. Puis brutalement une affreuse angoisse la saisit. Elle se rendit compte que sa clé ne lui avait toujours pas été restituée. Elle voulut se lever en oubliant les convenances et aller à la recherche du jeune homme. Mais la levée du corps survint à ce moment là et le départ au cimetière s”ensuivit peu après. La jeune femme fut donc obligée de patienter, le temps de laisser les hommes libérer la place. Puis elle quitta le groupe des femmes pour essayer de retrouver le garçon auquel elle avait confié son engin. Mais elle ne le vit pas parmi les hommes restés sur place. Très troublée, Mariam revint vers son amie à qui elle exprima ses très vives inquiétudes. Cette dernière la rassura du mieux qu”elle put. Pour elle, Mariam devait patienter jusqu”au retour des hommes du cimetière. Le jeune en question avait probablement accompagné le corps. Mariam se résigna à se rasseoir, mais sans que ne la quitte le mauvais pressentiment qui l”étreignait.
    rnAux environs de 17 heures 30, les hommes revinrent du cimetière. Mariam se leva et jeta un coup d”oeil. Mais toujours pas de trace de son trop aimable bienfaiteur. La jeune dame sortit dans la rue et vit un parking improvisé de motos vers lequel elle se dirigea. Mais là non plus, rien qui aurait pu dissiper son angoisse. Ni jeune homme, ni moto. La malheureuse retourna auprès de son amie et lui confia sa certitude du vol dont elle avait été victime. Les parents qui avaient suivi le récit de son infortune se livrèrent à une ultime tentative pour retrouver la moto. Ils demandèrent au maître de cérémonie de faire passer un message au microphone, demandant au "jeune qui avait pris une Jakarta rouge pour la garer au parking de venir remettre la clé à la propriétaire". L”avis fut lancé à plusieurs reprises, sans amener la moindre réaction.
    rnSauf la venue d”un témoin qui se souvenait de l”arrivée de la jeune femme et qui l”avait vue confier son engin à l”adolescent. Il expliqua que ce dernier s”était éloigné en poussant la Jakarta et que c”est arrivé au niveau du parking improvisé qu”il l”avait enfourchée.
    rnAprès avoir entendu ce récit, Mariam perdit tout sang-froid. Elle ne tenait plus en place et faisait des allers et venues désordonnés dans la concession. Elle venait de comprendre que la perte de sa Jakarta était irrémédiable. Cette prise de conscience la fit brusquement éclater en sanglots, au grand désarroi de tous ceux qui l”entouraient. Et qui vouèrent aux gémonies le voleur. Mais que pouvaient-ils faire de plus ?
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    rnDoussou Djiré

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