Nous sommes à Ségou dans les années 1970, et plus précisément dans le quartier de la mission catholique .C’est une localité qui renfermait un certain nombre de cabarets.
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Les cabarets sont des débits de « tchapalo », cette bière locale de mil très appréciée par une catégorie de personnes qui n’a pas les moyens de s’afficher dans les bars modernes où le standing est autre.
A l’époque dans la capitale des balazan, on trouvait de la viande du phacochère, une viande au goût à nul autre pareil que les femmes du quartier achetaient, préparaient et vendaient au prix de 25francs le morceau. Aujourd’hui, on vendra le même morceau à 300francs.
Ce jour-là, dans un cabaret bondé de clients à cause de la qualité du dolo du jour, N.D qui avait bu une dose assez importante du fameux nectar, acheta un morceau. Il commença à le déguster. Quelques secondes après, il entendit la voix de son ami avec qui il est tous les jours. Ce dernier, comme d’habitude venait le rejoindre pour meubler le reste de la journée.
Ne voulant en aucune façon partager son morceau de viande avec son ami, N.D avec ses 62 ans révolus, l’avala d’un trait. La viande ne descendit pas.Le quart d’heure qui a suivi n’a pas été de tout repos pour N.D. Les yeux écarquillés, il gémissait, se lamentait et pleurait.
Les voisins qui ont assisté à la triste scène lui ont assené des coups à la poitrine aux fins de faire descendre le morceau de viande assassin, mais sans succès. C’est sur la route de l’hôpital qu’il rendit l’âme.
Gourmandise et cupidité quand vous nous tenez….
Pour avoir refusé de partager 25 francs de viande avec son meilleur ami, N.D s’en est allé pour le noir village qui n’a pas de chemin de retour. N’est-ce pas là une mort bête ou pour rien ? L’ami du défunt aurait même pu dire qu’il était rassasié. Il faut être un Dembélé pour mourir de la sorte.
Prosper Ky
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