Sékou vient de débarquer à Bamako après deux ans d’exil dans son village natal où la nature, d’une merveilleuse beauté, sympathise avec tout ce qui l’environne.
Les femmes au teint d’ébène éclatant, au sourire accrocheur, jouissaient de leur beauté cent pour cent (100%) naturelle. Les deux ans d’absence de Sékou sont pour lui une grande cause de dépaysement. Bamako qu’il connaissait tant était entrain de changer à une vitesse de croisière. Il loue le changement qui s’offre à sa vue. Les choses bougent ici à Bamako dès ! se dit-il. Puis, quelques instant après, il s’indigne de l’incroyable métamorphose des femmes. " Peut-être cela va avec le développement " se susurre-t-il ! Comment se fait-il que toutes les femmes par ici sont devenues blanches? Est à cause d’une épidémie ? se demande-t-il. Il ne comprend rien. Il a même hésité longuement avant d’embrasser sa tante Mariam qui a courru à son encontre. Il se pose d’innombrables questions sur l’identité de la femme qui vient vers lui. Tous les traits physiques sont bien de sa tante, mais le teint n’en est pas. Pour lui c’est une autre femme. En réalité, elle est devenue une femme ”korokara”. Elle souffre terriblement dans son honneur et dans sa chair des affres de l’hydroquinone.
Les produits cosmétiques ont complètement déteint son visage. Elle n’est ni noire ni claire. Lorsqu’il réalise que c’est sa tante, deux énormes filets de larmes coulent sur ses joues. Il les essuie discrètement avec le revers de sa main. " Pourquoi pleures-tu Sékou? N’es-tu pas heureux d’être parmi nous ? Ou c’est le village qui te manque déjà ? lui fit Mariam.
-Je pleure parce que pendant tout ce temps, je n’ai pas pu vous appeler pour vous souhaiter un prompt rétablissement.
– De quoi parles-tu ? Je ne souffre d’aucun mal!" : réplique Mariam toute noire de colère.
Sékou ne comprend toujours pas, il pensait qu’elle souffre d’une maladie dermatologique qui est entrain de changer son corps. De son beau teint noire éclatant, elle est entrain de virer à deux tons. Elle a complètement métamorphosé pour ne pas dire muer dans un état mi-homme mi-zèbre. Mariam a vendu son teint pour plaire à son amant, qui après avoir obtenu ce qu’il veut d’elle, la langue comme une vulgaire peau de banane. Comment être si naïve au point d’aller jusqu’à vendre son teint pour un homme
Djibrilla Maiga