Fait divers : Quand l’amour « sent mauvais »

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    Comme on le sait, les histoires d’adultère finissent généralement par des esclandres et des casseroles cassées (entre autres conséquences), car le plus souvent, celui qui en devient la victime ne parvient pas à digérer le ridicule ou l’humiliation qui en découle. Alors, pour « laver » sa honte, elle rumine et planifie sa vengeance : encore faut-il qu’une eau déjà versée puisse être ramassée…

    En tout cas, le héros de notre histoire, un chasseur, avait trouvé une parade imparable (pourrait-on dire) contre l’adultère de sa femme. C’est qu’il n’en pouvait plus de devoir supporter d’être cocufié par sa tendre moitié dès qu’il s’absentait de chez lui pour un ou deux jours, surtout que son « voleur de femme » ne ratait aucune occasion pour se payer du bon temps à ses dépens. Pire, ledit voleur avait pratiquement élu domicile…sur le lit conjugal même du chasseur ! Le problème pour ce dernier, c’est qu’il était toujours en brousse. Alors, que devait-il faire ou ne pas faire ? Là résidait tout le nœud gordien des soucis du chasseur.

    Euréka !
    Chaque jour, notre « donso » (chasseur) se triturait donc les méninges pour trouver la solution définitive aux longues cornes qu’on lui faisait porter sans cesse et malgré lui. Pourtant, il savait que d’un seul coup de « wak » (sortilège), il pouvait anéantir la vie de celui qui prenait sa femme pour un lit. Il pouvait aussi le rendre fou ou impuissant, ou lui « coller » une maladie incurable. Mais aucune de ces options ne le satisfaisait vraiment : ce serait trop facile, pensait-il, surtout que, comme disait l’autre, « à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire » ; et un chasseur est mieux placé pour le savoir. Mais à force de cogiter sur le problème, il avait fini par en trouver la solution. Alors, il s’était dit : « J’y suis ! Je vais faire en sorte que leurs relations sentent définitivement mauvaises ». C’est donc au sens propre que notre chasseur allait traduire son idée en acte.

    Un jour, il fit semblant de partir en brousse comme d’habitude. Mais la nuit venue, il rebroussa chemin et revint chez lui en catimini. A pas de loup (il n’était pas chasseur pour rien), il se pointa devant sa concession et y pénétra sur la pointe des pieds, comme s’il guettait une proie : ce qui était vrai du reste, à la seule différence que ladite proie n’était pas celle de la brousse. Arrivé ainsi devant sa maison, il tomba en arrêt sur le spectacle qu’il espérait et redoutait à la fois : sa bergère (femme) et l’autre, enlacés sur son propre lit tels deux boas constrictors, gavés de plaisir et ronflant aussi fort que deux moteurs diesel : le sommeil des injustes, en somme. A pas furtifs et mesurés (pour ne pas les réveiller), il s’approcha du lit, déposa entre les deux tourtereaux un sachet en plastique ouvert et sortit tout aussi doucement de la chambre.

    Oh, que ça fouette !

    Au bout d’un moment, la chambre commença à « fouetter » très fort (à sentir mauvais), et toute la maison fut bientôt envahie par une pestilence épouvantable. C’est l’épouse infidèle qui, alertée  par son odorat aiguisé, se réveilla la première en sursaut. Devant la persistance de l’odeur, elle se boucha le nez et secoua rageusement son amant encore dans les bras de Morphée. Ce sommeil du « juste » de son partenaire accentua la rage de la femme et du coup, conforta son soupçon : c’est lui qui a fait « çà » ! Alors, elle le brutalisa et, toujours en se bouchant les voies respiratoires, elle nasilla avec furie : «Hé, dève-doi, zalo ! Du da ba hode de vè za, e zu bo bobe li a bluz ? Je de de groyè ba gabable dude dèle zaledé ! Du de… ». Pour comprendre cette repartie nasillée, il est nécessaire de la traduire : « Hé, lève-toi, salaud ! Tu n’as pas honte de faire çà, et sur mon propre lit en plus ? Je ne te croyais pas capable d’une telle saleté ! Tu ne… ».
    Pendant qu’elle jacassait ainsi, sa main se posa par inadvertance sur le sachet en plastique posé par son mari : un sachet rempli de…merde ! Horrifiée, elle retira vivement sa main dégoulinante de caca et hurla de plus belle : « Yéééi ! Lahila ha illalah ! Zor dizi a vidèze, goujat ! E zi du dabborde ba do gaga avé doi, je gri dou de zouide ! ». Il faudra encore traduire : « Yéééi ! Lahila ha illalah ! 

    Sors d’ici en vitesse, goujat ! Et si tu n’emportes pas ton caca avec toi, je crie tout de suite ! ».  Entre temps, l’amant s’était réveillé, bien sûr. Subitement agressé par la puanteur, il se boucha à son tour les narines, et encore plus horrifié, il lança : « Ze dè ba vdè ! Du ba ! Ze dè ba boi, zè doi gui a vè za, é du veu baguzé !  Du da ba hode ? ». Traduction : « Ce n’est pas vrai !  Tu mens ! Ce n’est pas moi, c’est toi qui as fait çà et tu veux m’accuser ! Tu n’as pas honte ? ».

    Du coup, entre les accusations réciproques des deux « amants » et la chambre dont l’odeur ne ressemblait plus qu’à une fosse d’aisance, on ne savait  plus qui sentait le plus fort. Sous peine de vomir ou de perdre connaissance, les deux amants, désormais devenus ennemis, durent chercher leur salut : la porte de sortie de la « chambre nuptiale » transformée d’emblée en « four crématoire », tant l’atmosphère était aussi irrespirable qu’inhabitable. Aussi, chacun de deux ex-tourtereaux tentait de regagner le premier l’air libre, tout en continuant à s’accuser mutuellement.

    Et ce fut dans ce sauve-qui-peut désordonné que l’homme bouscula sans ménagement son ex-amante et se fondit dans la nuit. Mais dans sa précipitation, il oublia…de récupérer ses habits.

    Pendant tout ce temps, notre chasseur, caché derrière un arbre  attendait patiemment le résultat de son « piège puant » (c’est le cas de le dire), Aussi, dès qu’il entendit les cris hystériques des deux amants et qu’il vit son « voleur de femme » s’enfuir de la maison à toutes jambes, il se mit à ricaner avec autant de cynisme que de satisfaction : son traquenard avait réussi au-delà de toute espérance, car il était enfin parvenu à pourrir (au sens propre comme au figuré) les relations entre sa femme et son amant, et pour de bon cette fois-ci.
    Par Oumar Diawara « Le Viator »

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