Il y avait de tout dans le bar : des drogues douces et dures, une arme, des objets volés, du faux or, … des moutons volés.
Les services de sécurité travaillent inlassablement à réduire au maximum la consommation, le commerce des stupéfiants. Il existe, à Bamako, une brigade des stupéfiants qui travaille de concert avec les différents commissariats de police du pays. Récemment l”arrestation de plusieurs dealers et la fermeture du Bar "Bobo Aoua" à Médina-coura, ont révélé que la Commune II du District de Bamako se situe au premier rang des marchés des "stups" (voir l”Essor du 21 Février 2007). Le commissariat du 3è arrondissement découvre tous les jours dans son secteur de nouvelles cachettes et des fumoirs de drogues douces ou dures.
Depuis quelques temps, une opération de terrain est en cours. Elle est conduite par l”inspecteur principal Papa Mambi Keïta, l”épervier du Manding. Cette opération coup de poing est supervisée par le contrôleur général Sissoko, commissaire du 3è arrondissement. Les policiers lancés aux trousses des consommateurs et des dealers de la Commune II multiplient les succès. La population des toxicomanes est aux abois. Une frange importante des camés a préféré tout simplement quitter la zone pour se réfugier sous des cieux moins répressifs.
MAUVAISE FRÉQUENTATION :
L”histoire d”aujourd”hui s”est déroulée vendredi dernier à Médina-coura dans une famille de mauvaise fréquentation. Elle abrite un bar depuis une quarantaine années. Le débit dénommé "bar Soloni Tondjan" (du nom d”un délinquant qui avait défrayé la chronique à l”époque) est actuellement la propriété d”un certain Grégoire Traoré. Et naturellement la réputation de cette concession est des plus sinistres en Commune II. Ce jour là donc, les clients de "Soloni Tondjan" étaient en fête. Ils jubilaient, chantaient et dansaient en criant. Le vin rouge coulait à flot.
Les ivrognes avaient créé un tohu-bohu indescriptible. Les uns savouraient leurs boissons alcoolisées, les autres regardaient la télé en aspirant la fumée du chanvre indien roulé en cigarettes. A une fréquence élevée, ces fêtards sortent en titubant du bar pour uriner sur la chaussée sans tenir compte de la présence des piétons, des motocyclistes, des voitures. L”endroit dégage une odeur fétide d”ammoniac. La fumée de l”herbe euphorisante, la vapeur des alcools, la puanteur de la terre "salée" par les urines déversées pendant plusieurs années donnent l”impression aux passants de traverser un enclos de chamelles en chaleur. Ces bêtes ont le défaut de trop pisser quand elles sont en gestation ou en chaleur. Leur lieu de repos dégage ainsi une odeur nauséabonde.
Tout le monde passe sans réagir autrement qu”en ce bouchant le nez ou en pressant le pas. Chacun a peur ou n”ose pas tenter de protester contre ce vacarme continu. Les familles voisines sont dérangées mais… Une personne qui a préféré ne pas donner son identité informe quand même le 3è arrondissement de la police des désagréments causés au voisinage et aux passants, par les clients du boui-boui.
A PLAT VENTRE :
Une équipe dirigée par l”inspecteur principal Papa Mambi Keïta a investi les lieux. Les policiers bouclent le périmètre pour couper la retraite à tous ceux qui tenteraient de s”échapper du bar. Une partie de l”équipe pénétra dans la concession transformée en bar. L”odeur de vomi associée à celle du cannabis empoisonnent l”air. Les policiers se glissent facilement à l”intérieur du débit. Et ordonnent à tous les clients de se mettre à plat ventre. Les dealers, surpris en flagrant délit de détention et de consommation de drogue, se mirent à crier et à demander la clémence du policier en chef. Les agents ne manifestèrent aucune pitié superflue envers ces "clients" endurcis. Ils arrêtèrent, la main dans le sac, douze consommateurs et détenteurs de stupéfiants. Leur fouille corporelle donna des résultats … stupéfiants.
Certains clients de "Soloni Tondjan" avaient, en effet, dans leurs poches des boules de chanvre indien et de la cocaïne. Après cette fouille préliminaire, les policiers s”intéressèrent aux chambres occupées par certains consommateurs. Ils ne furent pas déçus. Ils mirent à jour dans les trois chambres de passe un revolver 7 coups avec trois balles dans le chargeur. Ils saisirent 5 kilogrammes de chanvre indien, 77 grammes de cocaïne. Ils découvrirent 2 postes téléviseurs volés, une minichaîne, deux assiettes et des cuillères. Ces couverts servaient pas au déjeuner mais à "couper" la cocaïne.
Les hommes de "l”épervier" ont aussi découvert quatre moutons de provenance douteuse. Ils ont eu la surprise de dénicher six lingots de métal jaune, probablement du faux or. A l”interrogatoire, les 12 malandrins ont reconnu être des revendeurs de drogues dures et douces. Ils ont avoué fréquenter d”autres endroits pour écouler la marchandise ou pour s”approvisionner. Une personne alertée par le remue-ménage de l”opération policière a félicité l”inspecteur principal pour avoir réussi ce coup de filet plutôt osé.
Ce chef de famille a exprimé son soulagement de voir la bande de mauvais garçons mise hors d”état de nuire. Il a assuré à Papa Mambi Keïta qu”il venait, même si c”était momentané, d”ôter une grosse épine du pied des habitants du quartier. Ceux-ci ne dormaient plus que d”un œil, à cause du tapage mais surtout par crainte de se faire agresser par les caïds.
Les 12 dealers dorment aujourd”hui à la prison centrale de Bamako. Sans faire de tapage.
D. I. DIAWARA
(L”Essor du 27-02-2007)
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