Fait divers : Meurtre au coupe-coupe

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    Pour montrer son désaccord avec la décision de ses frères et de la justice de ne pas vendre l’unique maison léguée par leur père, Siaka Coulibaly tuera froidement son frangin.

     

    La famille Coulibaly a connu un véritable drame dans la nuit du mercredi à jeudi dernier. Siaka Coulibaly a mis fin aux jours de son grand frère Souleymane Coulibaly aux environs de 20 heures.
    Feu père Coulibaly, dont la famille s’entretue aujourd’hui a été un homme sage. En bon Bambara, il a de son vivant épousé trois femmes. Chacune d’elles lui a donné un certain nombre d’enfants dont certains sont devenus aujourd’hui des parents et des grands parents. Après le décès du patriarche, les plus âgés de ses enfants, dont Souleymane Coulibaly qui vient de mourir de façon atroce, ont décidé de garder leurs trois mères dans la concession familiale pour leur éviter les affres de la location.
    Cette décision de la fratrie a été jugée très sage par les voisins. Un frère du défunt aurait dit que « la vente de l’unique concession du vieux et la part de chacun des 14 enfants et chacune des trois veuves sur l’argent récolté ne servirait pas à grand-chose ». Il est donc préférable pour tous d’adopter le point de vie des aînés. La maison paternelle doit devenir un carrefour de rencontre pour les enfants et les parents du village. Ces derniers, ont l’habitude de séjourner dans la famille Coulibaly quand ils arrivent dans la capitale pour diverses raisons. Cette hospitalité n’a jamais fait défaut du vivant du vieux Coulibaly.
    Mais Siaka Coulibaly âgé d’à peine 20 ans n’entendait pas les choses de cette oreille. Il est le premier fils de la deuxième épouse de son père. Il a été élevé par son grand frère Souleymane Coulibaly qui l’avait traité comme son fils et non comme un frère. Au sortir de la réunion de famille, Siaka retrouva son grand frère et lui expliqua qu’il n’entendait pas respecter la décision de la réunion de famille. Il ajouta que sa mère, ses sœurs et lui-même, souhaitent encaisser leur part de l’héritage et quitter la concession. Souleymane tenta en vain de le raisonner.
    Le grand frère âgé de 62 ans usa de toute la sagesse pour amadouer Siaka. Mais en vain. Il regarda droit son petit frère et protégé dans les yeux. Il lui dit qu’en sa qualité d’aîné, il s’oppose à la volonté de Siaka de vendre la concession familiale. Souleymane rentra chez lui et continua à vivre paisiblement, croyant avoir mis fin aux velléités de son frangin. Mais erreur. Quelques jours après, il reçut une convocation de la justice. Il se rendit au tribunal de première instance de la commune VI. Un juge lui expliqua qu’il avait reçu une plainte contre lui provenant de Siaka Coulibaly. Le jeune frère se plaignait, révéla le magistrat, du refus de Souleymane de procéder au partage de l’héritage de leur père.

    ECHEC ET MAT. Surpris par cette information, Souleymane fit comprendre au juge que la décision ne venait pas de lui seul. Mais tous les autres enfants de la famille et des frères vivants de son père avaient décidé de commun accord de ne pas vendre la concession. Il expliqua en détail au magistrat la raison de ne pas procéder au partage de l’unique maison laissée par leur père. « Siaka même a des petites sœurs dont la plus âgée n’a pas encore 15 ans. En vendant cette maison où vont-elles dormir ? Que deviendra sa mère ? Comment va-t-il payer les frais de location d’autant plus que Siaka ne travaille pas. Il passe une grande partie de son temps à vadrouiller en ville et à fumer de herbe ? »
    Le juge a suivi ces interrogations avec intérêt avant de donner rendez-vous à Souleymane pour une confrontation avec son cadet. Ce jour arriva. Les deux frères se retrouvèrent devant le magistrat. Après l’exposé des faits par Siaka et la réplique de son grand frère, l’affaire a été mise en délibéré pour deux semaines plus tard.
    Le jour du verdict Siaka a été tout simplement débouté de ses prétentions. Le magistrat a pris en compte l’intérêt de la famille et des petits enfants pour ne pas accéder à la requête du jeune homme. Mais Siaka ne s’avoua pas pour autant vaincu. Il fit appel. A ce niveau aussi il mordit le carreau. A la cour suprême ce fut aussi échec et mat pour lui.
    Tout le monde a cru que Siaka allait enterrer la hache de guerre et faire la paix avec son grand frère. Il y avait urgence à repartir du bon pied pour sauver la cohésion de la famille. Leur devoir est de protéger les femmes sans emploi laissées par leur mari dans une certaine précarité. Erreur ! Après l’arrêt de la cour suprême, le jeune homme se présenta un jour chez son grand frère qu’il injuria copieusement et grossièrement. A la fin de la pluie d’insultes, il proféra la menace suivante : « tu as refusé de partager l’héritage de notre père. Tu crois que tu vas en jouir pendant longtemps. Je te jure sur tout ce que les Bambara ont de sacré que tu me le paieras. »
    Le grand frère le chassa de son appartement et continua sa sieste. Au petit soir Siaka revint et proféra une autre menace : celle de mort. Le lendemain, il rendit visite au premier magistrat qui a jugé l’affaire en première instance pour lui dire « sa vérité ». Siaka déclara qu’il ne laissera pas tomber cette affaire tant qu’il n’aura pas reçu sa part de l’héritage de son père. Le magistrat le fit sortir et lui interdit de ne plus revenir le voir pour la même affaire.
    Mais Siaka est un garçon têtu. Il n’écoute les conseils de personne. Il n’en fait qu’à sa tête. La semaine suivante, il revint dans le bureau du magistrat. Il était menaçant et était déterminé à faire entendre ce qu’il avait sur le cœur. Ayant eu accès au bureau du juge, il expliqua une énième fois qu’il n’était d’accord avec aucun arrêt des différentes cours devant lesquelles l’affaire a été portée. Si la justice ne fait pas bien son travail, lui Siaka se verrait dans l’obligation de se rendre justice.

    UN COUP SUR LA TÊTE. Le juge menaça de le faire enfermer pour outrage à magistrat s’il répétait ses propos. Il le fit sortir sans ménagement. Siaka retourna à la maison. Il insulta à nouveau son grand frère. Mais Souleymane garda son sang froid. Le jeune frère déclara haut et fort au milieu de la cour familiale que l’affaire n’était pas terminée. Il avait un plan pour mettre tout le monde d’accord. Le partage de l’héritage de son père aura bel et bien lieu.
    Personne ne lui prêta attention. Cependant au vu de la suite des événements, les membres de la famille commirent une grosse erreur. Une erreur irréparable. Dans la nuit du mercredi au jeudi dernier, Siaka alla se planter devant la porte de son grand frère muni d’un coupe-coupe qu’il avait soigneusement dissimulé derrière son dos. Il frappa à la porte et sa belle sœur lui ouvrit sans se douter des mauvaises intentions du jeune homme. Siaka entra dans le salon. Il aperçut son grand frère en train de prendre son dîner posé sur une table basse. Il s’arrêta devant Souleymane sans dire un mot pendant quelques secondes. Il sortit tout d’un coup son arme et asséna un coup au beau milieu de la tête de Souleymane. Le sang gicla et arrosa tout l’intérieur du salon jusqu’à atteindre la femme de son grand frère qui retirait une bouteille d’eau glacée du frigidaire. Puis tenant l’arme avec les deux mains, le forcené asséna un deuxième coup qui fendit le front de Souleymane.
    La femme se propulsa sans chercher à comprendre. Elle se saisit du coupe-coupe par sa lame. Elle eut la main fendue. Malgré la douleur elle repoussa si violemment l’agresseur qu’il tomba entre les fauteuils. Ce répit donna l’occasion à Souleymane Coulibaly de se lever et de tenter de regagner la cour. Il sera rattrapé par son petit frère toujours armé qui se mit à le taillader comme il ferait pour tuer une vipère aspic. Le grand frère s’écroula avant l’arrivée des secours. Des hommes arrivèrent des familles voisines, alertés par les cris des femmes. Ils se saisirent de l’enragé avant de chercher un taxi pour évacuer le blessé grave. Mais Souleymane était déjà mort. C’est son corps sans vie qui arrivera à la morgue du CHU- Gabriel Touré.
    Siaka a été ligoté comme un saucisson et conduit à la police. Nous l’avons rencontré au violon. Il était si serein qu’on n’aurait pas cru que ce jeune homme venait d’ôter la vie à son grand frère de même père. Le commissaire Oumar Dembélé, chef de la section police judiciaire et l’inspecteur Dolo qui ont procédé à son audition étaient également étonnés par le calme olympien avec lequel le meurtrier a répondu à leurs questions.
    Le temps le fera-t-il changer ? C’est à voir.

    Gamer A. Dicko
    Lundi 16 avril 2012

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    11 COMMENTAIRES

    1. Paix l’ame du defunt! je pense aussi que la famille a été un peu egoiste sur le seul bien du pére

    2. Le meurtrier doit être égorgé: il est sain d’esprit et il a prémédité son forfait. Il est grand temps d’appliquer la peine de mort au Mali

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