Fait divers : Mauvais quart d’heure pour le voleur de motos

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    Issa Diakité est parti à la chasse aux motos. Il tombe sur un engin dont l’enlèvement aura des conséquences inattendues.

    Le vagabond Issa Diakité est un véritable prédateur de motos. A plusieurs reprises ce fainéant, âgé d’un peu plus de 30 ans, s’est fait épingler par différents commissariats de la place. Cependant, il a toujours trouvé le moyen de sortir de prison et de reprendre ses activités illégales sans se soucier de son avenir.

    La dernière arrestation de ce malfrat date de la semaine dernière. Il a été neutralisé par les éléments du commissariat du 2e arrondissement. Ce commissariat est longtemps resté en dehors du centre d’intérêt des reporters de faits divers. Certains parmi nos confrères vont jusqu’à le surnommer le commissariat des PV d’accidents ou des cartes d’identité. Fermons cette petite parenthèse pour revenir à nos moutons. Notre héros du jour, Issa Diakité, est un jeune homme à la taille moyenne, d’une grande élégance et d’un calme olympien. Celui qui le rencontre sans le connaître le prendrait pour un saint. Mais détrompez vous.

    L’homme est un voleur de motos bien connu dans les archives de la police nationale. Il est sorti de prison au cours du mois dernier. Auparavant, il a séjourné trois fois dans la même entité de répression des crimes et des délits. En milieu de semaine dernière, le délinquant s’était rendu à Samé. Il tourna pendant des heures à la recherche d’une moto sans en trouver. Ce jour-là, on croirait que les habitants du quartier ont été prévenus de la visite de cet hôte hors du commun. Toujours est-il que toutes les motos guettées par le voleur étaient visiblement surveillées de près. Il en fallait plus pour décourager notre voleur.

    Issa Diakité ne tenait pas à retourner bredouille en ville. Il changea de tactique. Au lieu de chercher dans les alentours des maisons et dans les parkings de la mosquée et des écoles, il opta pour une prospection à l’intérieur des cours les moins peuplées. Il revint fouiner à l’entrée du quartier du côté de Bamako. Il commença à tourner autour des maisons qui lui paraissaient les plus calmes. Dans sa ronde, il constata une villa cossue et l’inspecta d’un peu loin. Aucune âme ne semblait y vivre. Pourtant tout laissait entrevoir que la maison était habitée. Des odeurs d’épices s’échappaient de la cuisine. Les fleurs ainsi que les plantes rampantes qui couvrent les murs de la cours donnaient l’air d’avoir été fraichement taillées. Issa s’approcha négligemment de la cour. Il monta sur une petite élévation et vit une moto de type Jakarta stationnée dans l’arrière-cour devant une chambre annexe.

    Le voleur avança et constata que la chambre était fermée à clé. Personne ne bougeait dans la concession. L’homme pensa que son heure de chance venait ainsi de sonner. Mais il se doutait bien de ce qui lui arriverait s’il entrait sans s’assurer qu’il n’y avait pas âme qui vive dans la concession. Il tira de sa poche une cigarette et alla droit frapper à la porte. Issa allait arguer qu’il cherchait du feu pour allumer sa cigarette, au cas où quelqu’un ouvrirait et lui poserait la question sur sa présence en ces lieux. Mais personne ne vint répondre aux coups donnés à la porte.

    Le cambrioleur décida de passer à l’acte. Il poussa le battant qui céda sans grande résistance. Il croyait être en présence d’une manne tombée du ciel. Une moto Jakarta dans une cour inhabitée ! C’est vraiment un don de Dieu ! Il pénétra dans la maison et se dirigea droit sur la moto. Il découvrit que l’engin était sécurisé par un petit cadenas, qu’il n’eut aucune peine à fracturer. Puis, se donnant l’air d’un habitant de la maison, il traîna la moto vers la porte du garage. Il comptait sortir peinard, démarrer son engin et partir sans être vu. Ne dit-on pas que le grand voleur, c’est celui qui a plus de chance que d’audace. Mais au moment où Issa arrivait à la porte, un événement imprévu est survenu.

    En entrant dans la maison, Issa Diakité était sûr et même certain que personne n’était présent ni dans la cour ni dans les environs. Quand il a voulu ressortir, il trouva que la porte venait d’être coincée par un gros caillou. Ce qui ne l’empêcha outre mesure de tenter d’extraire l’engin de la concession. Il eut même le toupet d’abandonner la moto dans la cour pour sortir et repousser la grosse pierre pour entrebâiller la porte. En revenant dans la cour pour faire sortir la moto, le malfrat faillit piquer une crise. Comme par enchantement, il se retrouva nez à nez avec la maîtresse de maison. Elle fut très surprise par cette présence inconnue et incongrue. Elle demanda à l’intrus de décliner son identité. La question surprit le voleur. Au lieu de garder son sang froid et de répondre, Issa choisit de prendre ses jambes à son cou. La dame cria « au voleur. » Des jeunes qui prenaient du thé sous un grand manguier pourchassèrent l’intrus.

    Issa escomptait sur la vélocité de ses jambes pour aller se refugier sur la colline toute proche. Mais avant d’y arriver, il fut rattrapé par une foule de jeunes filles et de garçons. Ils lui firent passer un très mauvais quart d’heure. L’intervention décisive du jeune commissaire Abdoulaye Coulibaly, adjoint au commissariat de « la Poudrière » et de ses éléments, évita à la famille de Issa Diakité de faire le deuil de ce mauvais rejeton. Sauvé de justesse par la police le voleur de moto fut transporté au commissariat dans un piteux état. L’adjoint organisa une intervention médicale, qui eut lieu à l’hôpital Gabriel Touré. Le malade y reçut des soins appropriés avant qu’une procédure de flagrant délit ne soit établie contre lui.

    Ensuite le commissaire Abdoulaye Coulibaly envoya le marginal Issa devant le parquet. L’homme, d’après nos informations, a été mis pour la énième fois sous mandat de dépôt. Avant de partir en prison il avoua avoir volé trois motos dans différents quartiers. Il déclara aux agents qu’il faisait cet aveu pour les remercier de lui avoir sauver la vie Aux dernières nouvelles, deux receleurs complices de Issa Diakité ont été interpellés par la brigade de recherche et de renseignements de la Poudrière. Ils ont été envoyés en prison.

    jeudi 13 octobre 2011

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