Fait divers : L'Etudiant voleur

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    Pour préparer les fêtes de fin d’année, Moussa Touré vole une voiture. Il la revend en pièces détachées.

    "Le vol est la soustraction frauduleuse de la chose d’autrui. C’est un des moyens d’acquérir un bien et un acte souvent raisonné, choisi et conscient. Il est un comportement maladif chez les kleptomanes. Le vol est dangereux. Il est puni par la loi parce que le propriétaire de l’objet volé est attaché à son bien pour des raisons sentimentales ou financières. Il peut apparaître comme un moyen simple, économique et rapide d’obtenir un bien. Cette analyse du coût et du risque pousse le délinquant à décider de commettre un vol ou à y renoncer. La lutte contre le vol passe ainsi par la mise en place de freins d’ordre psychologique, culturel, technique, policier, juridique ou financier." (Wikipédia)

    Moussa Touré est étudiant à la faculté des arts et des sciences humaines (FLASH). Il n’est pas un kleptomane selon les policiers du 10e arrondissement. Mais ce jeune homme vit au-dessus de ses moyens. Il ne se prive de rien pour parvenir à ses fins. Né à Kampala en Ouganda, le jeune homme de plus de vingt hivernages est revenu au bercail pour poursuivre ses études universitaires. Mais les conditions de vie qu’il mène au Mali ne sont pas semblables à celles qu’il a connues dans son pays de naissance.

    Dans notre pays, bien que n’étant pas très cher, le coût de la vie exige une dose savante d’imagination pour survivre. La manne et la caille ne tombent pas du ciel comme au temps du prophète Moïse conduisant son peuple à travers le désert du Sinaï. Il faut se battre. Il faut solliciter l’assistance des siens lorsque ceux-ci peuvent vous venir au secours. Tout cela pour ne pas être la risée de ses camarades. Mais ces recours se trouvent dans une situation de survie. La débrouillardise est le meilleur moyen pour les hommes et les femmes pour parvenir à leurs fins.

    Moussa Touré appartient à cette catégorie sociale qui vit, comme nous l’avons déjà écrit plus haut, au-dessus de ses moyens. La fringue pour lui fait partie des mœurs. Il ne veut pour jamais au monde avoir l‘allure de l’étudiant ordinaire. Il souhaite rester à la page et de se faire admirer par ses condisciples. Il lui arrive souvent de mentir, d’escroquer et de voler quand l’occasion se présente. Une bonne opportunité de voler se présenta dans l’après-midi du 10 décembre dernier à 18 heures 45. Notre jeune marginal se trouvait dans les environs de la station "Soleil" de Daoudabougou.

    Ce jour, un conducteur de taxi est arrivé à la station-service pour prendre sa dotation de carburant pour la nuit. À son arrivée, il se trouva face à une longue file de véhicules dans l’attente d’être servie. Le taximan préféra se garer près de la station. Il attendit patiemment la diminution de l’affluence des automobilistes. Il dénicha l’endroit idéal pour se garer. Le chauffeur rejoignit un petit "grin" à côté pour prendre le thé. Il passa en leur compagnie environ une trentaine de minutes. Il les remercia et leur dit qu’il va se remettre au travail. Mais une surprise l’attendait à son retour à l’endroit où il avait garé sa Mercedes 190. Le taxi avait disparu.

    Personne ne put lui donner le moindre indice. Le chauffeur faillit péter les plombs. Il courut dans tous les sens sans résultat. Le moral totalement cassé, il se dirigea au commissariat du 11e arrondissement. Il se fit établir une déclaration de perte.

    Après son départ, les policiers passèrent le message radio à tous les postes de la capitale et des villes intérieures. Ils donnèrent les détails sur le véhicule volé : Couleur, marque et numéro de la plaque minéralogique. Plusieurs jours passèrent sans qu’on ne retrouve le taxi.

    Le commissaire Issiaka Tounkara était de permanence à la direction générale de la police ce jour. Il reçut un appel d’un de ses indicateurs. Cet homme de l’ombre lui signalait la présence d’un individu suspect en train de désosser un véhicule à l’ouest des Halles de Bamako. Il informa ses inspecteurs et leur instruisit de se rendre sur place pour procéder à l’interrogatoire du quidam. Sans perdre de temps les policiers se rendirent sur les lieux. Ils arrêtèrent un certain Chaka Coulibaly après une longue course-poursuite. Maîtrisé et conduit au commissariat, Chaka ne voulut pas endosser seul, la responsabilité d’un vol de véhicule. Il déclara que la Mercedes appartenait à un ami qui se trouverait à Ségou. Celui-ci lui aurait demandé de le démonter et de vendre les pièces détachées.

    L’ami lui avait dit qu’il se trouvait dans un besoin urgent d’argent pour célébrer les fêtes de fin d’année. Il donna le nom de cet ami. Ce n’était autre que l’étudiant de la FLASH, Moussa Touré. Les limiers du 10e arrondissement mirent alors leur machine en marche pour coincer le voleur dans un endroit bien huppé de la place. Il fut conduit à son tour au commissariat. Il cracha le morceau pendant son interrogatoire. Il expliqua qu’il avait un besoin pressant d’argent que sa famille ne pouvait pas satisfaire. Il lui fallait, coûte que coûte, voler pour ne pas donner l’impression d’être un misérable au sein des siens, pendant la Noël et la Saint sylvestre.

    Avait-il des complices ? Comment s’était-il pris pour enlever un véhicule en est laps de temps si court ? Moussa Touré répondra que ses complices étaient des apprentis mécaniciens d’un garage. Il leur avait payé 3000 Fcfa pour faire le sale boulot. Un certain Mohamed Yattara, avait confié des pièces détachées à un boutiquier voisin du garage où le taxi a été désossé. Il lui avait avancé la somme de 25.000 Fcfa Il avait promis de faire un geste plus important lorsque toutes les pièces seraient vendues.

    Les éléments du commissaire Tounkara, chef de la section voie publique (VP) recherchèrent et appréhendèrent les apprentis mécaniciens et le boutiquier receleur. Ils mirent tout ce beau monde à la disposition du commissariat du 11e arrondissement où le taximan avait fait la déclaration de vol.
    Il faut saluer ce bel exemple de collaboration des services de police. Le 10e aurait pu faire tout le boulot en laissant de côté leurs collègues du 11e arrondissement.

    G. A. DICKO

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