Les cambrioleurs grimpaient aux arbres pour effectuer leurs repérages et attendre le bon moment pour opérer. Ils sont donc tombés de haut.
Les malfaiteurs pullulent la nuit et, parfois, le jour, dans les rues de Bamako. Ils dérobent tout ce qui leur passe à portée de main : argent, engins, objets précieux. Après avoir perpétré leurs coups, ils se réfugient généralement dans des cachettes situées dans des lieux mal famés. Samedi dernier, la brigade de recherche du commissariat du 3è arrondissement, conduite par l”inspecteur principal Papa Mambi Keita alias "l”épervier du Mandé" a déclenché une vaste opération en Commune II. Le limier avait reçu des informations de source anonyme, relatives à de récentes affaires de vols de motos et d”usage de stupéfiants dans cette commune.
Les policiers ont organisé une descente au flanc de la colline située derrière le marché de Médina-coura dans une villa inachevée. Ils ont procédé à l”arrestation de 11 individus dont une femme. Les délinquants alpagués sont Paul Traoré, Modibo Diallo, Mamadou Sylla, Lasséni Diakité, Keffa Koné, Dramane Guindo, Bourama Ombotimbé, Bourama Diawara alias De Gaulle, Amadou Coulibaly, Mamadou Doumbia et Djélika Traoré.
UNE TRENTAINE DE MOTOS
La bande possédait deux pistolets de fabrication artisanale, sept cartouches de calibre 14, deux coupe-coupe, deux couteaux, trois torches de deux piles, un demi kilo de chanvre indien et une clé plate n°10. Après audition, ils ont reconnu avoir commis pas mal de vols. Leur butin s”élève ainsi à une trentaine de motos en Communes I et II. Ces engins ont été vendus aux receleurs Bourama Boli et Secko, habitant tous deux à Banconi Farada. Les recherches sont en cours pour appréhender ces acheteurs hors-la-loi.
Les malfaiteurs opéraient par petits groupes à travers la Commune I et II de Bamako. Le chef de file, Paul Traoré, et son adjoint, Modibo Diallo, sont les acrobates du groupe. Ils repéraient des maisons bordées d”arbres. A la tombée de la nuit, ils grimpaient aux arbres plantés autour de la concession ciblée pour effectuer leurs repérages et s”accoutumer à la topographie des lieux. Quand toute la famille était endormie, les guetteurs redescendaient de leur perchoirs et s”introduisaient dans la cour. Ils entreprenaient de fouiller la concession puis attendaient qu”un membre de la famille ouvre une porte pour se rendre aux toilettes.
Une nuit, à la fin du mois de novembre passé, le boss et sa bande étaient en quête d”un bon coup à jouer. Ils ont ainsi arpenté nombre de quartiers sans dénicher une bonne occasion de se remplir les poches.
Mais Paul Traoré et Modibo Diallo se refusaient à rentrer bredouilles. Parvenus à l”Hippodrome, les voleurs remarquèrent la cour de Abdoulaye Baradji. Ce marabout qui réside de longs mois en France, était revenu, il y avait peu, pour prier en ermite à Bamako.
Les voleurs attendirent que le silence s”installe dans la cour. Ils escaladèrent le mur puis grimpèrent dans un arbre de la cour pour se cacher dans les feuillages en attendant une heure plus avancée. Aux environs de minuit, le marabout quitta son domicile pour accompagner son frère à l”aéroport Bamako-Sénou. Abdoulaye Baradji resta avec son frère pendant tout le temps des formalités d”embarquement. Avant de s”en aller, le jeune frère remit au religieux 300.000 Fcfa pour une autre personne. Vers 3 heures du matin, le marabout donna l”accolade à son frangin et s”en retourna à la maison. Il gara sa voiture dans la cour et ouvrit la porte du salon. Il entra et déposa son sac contenant les 300.000 Fcfa, son téléphone portable Nokia sur la tablette. Il pénétra dans une chambre pour se déshabiller.
UNE YAMAHA MATE 50 ET UNE DJAKARTA
Il noua sa serviette à la taille, prit sa bouilloire et sortit du salon. C”est le moment que les malfrats attendaient pour sauter dans la cour et s”engouffrer dans le salon. Ils raflèrent le sac, le téléphone. Ne manquant pas d”audace, ils poussèrent à toute vitesse hors de la cour une Yamaha Mate 50 et une Djakarta. La Mate 50 appartenait à un jeune homme venu passer des vacances chez le marabout. De retour des toilettes, Abdoulaye Baradji constata avec étonnement la disparition de ses effets et de son argent. Il maudit Satan en récitant des versets coraniques : "awouzoubilaye minachaïtane razim". Le religieux reprit son calme et se mit au lit sans réveiller les autres membres de la famille. Le lendemain, il les informa du vol dont il avait été victime la veille. Tout le monde essaya de se disculper car, à première vue, le vol avait de grande chance d”avoir été commis par quelqu”un de la maisonnée.
Le marabout jura alors de retrouver son voleur par la puissance du Coran et de son chapelet. Dieu l”a vite exaucé. Les 11 malfrats ont été arrêtés. C”est le chef de bande, Paul Traoré, lui même qui a conduit les policiers du commissariat du 3è arrondissement chez le marabout qui ne cacha pas son bonheur de retrouver ses biens. Les malfaiteurs ont ensuite mené les enquêteurs à Médina-coura, à Sikoroni et à l”Hippodrome pour leur indiquer les familles où ils avaient commis des cambriolages.
Toutes les victimes ont, évidemment, apprécié le procédé utilisé d”obliger les bandits à remonter le fil de leur série de forfaits. Les malfrats ont vidé leur sac puis ont été déférés à la prison centrale de Bamako. L”inspecteur Papa Mambi et ses éléments sont bien partis pour créer l”insécurité autour des malfrats et des toxicomanes de la Commune II.
D. I. DIAWARA
L”Essor du 21 Mars 2007
“