Fait divers : Les Sentiers de la Perdition

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    À les entendre, tous les deux s”étaient égarés sur la pente glissante des amours tarifées et avaient perdu les pédales. Les policiers ont été charitables.

    L”histoire que nous livrons aujourd’hui a fait sourire tous les policiers qui en ont été informés le samedi 3 mars dernier. Par ailleurs, les protagonistes ont tenté -en vain comme vous pouvez le constater- d’empêcher la presse d”en rendre compte.

    Les faits se sont déroulés dans un bar restaurant très couru du Quartier du Fleuve. L”établissement, comme la plupart du même type, abrite des chambres de pass … age. Il est ouvert tous les jours et pendant 24 heures. Beaucoup de travailleurs des services qui l”environnent prennent leur "pot" là-bas et peuvent s”oublier en galante compagnie. C”est aussi le lieu de rencontre de beaucoup de femmes volages ou célibataires. L”endroit est aussi apprécié des prostituées de luxe qui viennent racoler pour arrondir leur compte en banque.

    Au nombre de ces racoleuses, une certaine T.T. Elle est âgée de 21 ans et mère d”un enfant. Elle est drapée de pied en cap de son inséparable tunique noire de wahhabite. Chez elle comme dans ses moindres déplacements ainsi que dans son apparence, T.T. est l”exemple type de la femme religieuse et fidèle au père de sa fille. "Personne ne croira que je suis de ce genre", a-t-elle reconnu devant le commissaire adjoint du 1er arrondissement, Mohamed Aweissoun. Comme le recommande cette branche de l”islam, il est interdit à l”épouse de sortir du domicile conjugal sans l”autorisation expresse de l”époux. Notre héroïne est donc une prisonnière dans sa maison et dans la rue à cause de son tchador. Mais à T.T. il manquait l”affection, un ingrédient élémentaire et vital dans l”harmonie des rapports de couple.

    INSATISFAITE :

    Pour avoir ce qui lui manquait chez elle, elle a pris l”habitude de visiter, toutes les fois que l”occasion se présente, le célèbre bar restaurant du Quartier du fleuve. Elle sortait de chez elle en tchador et avec des habits de jeune fille dans un sac à main. Une fois hors de vue de ses beaux parents, T.T. se métamorphosait en une pimpante allumeuse en jean moulant et body affriolant. Ainsi au bar restaurant qu”elle fréquentait, elle était devenue la coqueluche de tous les amateurs de beautés piquantes et de sensations fortes. Et elle acceptait tout le monde à un tarif unique : 5000 F.
    Samedi dernier, T. T. rencontra S.K., un jeune cadre qui était venu prendre quelques bières dans l”établissement.

     Très vite, ils conclurent un marché et S.K. l”entraîna dans une chambre qu”il avait louée pour quelques heures. Le couple monta dans la chambre et s”enferma pendant une heure et trois minutes au terme desquelles S.K. en demandait toujours. Lasse des assauts répétés, la femme demanda à son partenaire un instant de répit. Pas question rétorqua S.K. qui en voulait pour son argent "Tu ne vas pas prendre mon argent et me demander de te laisser partir avant terme". La femme le repoussa violemment et se redressa. S.K. se saisit d”une bouteille de bière qu”il brisa sur le plancher pour en conserver le goulot hérissé de tessons aiguisés. Il menaça la T.T. de lui ouvrir le ventre si elle tentait de partir sans que lui ne parvienne à son plaisir.

    La femme prit peur et fila en tenue d”Ève dans la cour du bar pour aller demander l”aide du gérant. Ce dernier alla alors voir S.K. pour lui demander sa version de l”affaire. Très énervé, le client, en entendant les pas du gérant approcher dans sa direction, se cacha derrière le battant de la chambre qu”il occupait et se saisit du ventilateur pour, croyait-il, assommer la femme et se satisfaire. Quand le gérant franchit le seuil de la chambre, S.K. balança un violent coup de ventilateur dans la direction des pas. Le gérant évita de justesse le coup qui allait s”abattre sur lui, le ventilateur se brisa en deux.

    GARDER LE SILENCE :

    Après avoir endommagé l”appareil, S.K. retrouva ses esprit et réalisa qu”il venait de commettre plusieurs fautes graves. La plus grave est qu”il venait de mettre en péril sa réputation de cadre en activité et aussi d”homme marié et père de deux enfants. Il pria le gérant de ne pas ébruiter l”affaire. Pour ne pas rembourser le ventilateur endommagé, il prétexta n”avoir plus un sou sur lui. Le gérant ne l”entendait pas de cette oreille et exigea une garantie de se faire rembourser son ventilateur. L”homme répéta qu”il ne possédait rien.

    Le tenancier du bar porta alors l”affaire à la police. Les deux amants ont été conduits au commissariat. Devant le commissaire adjoint, T.T. expliqua sa situation de femme mariée et souhaita que l”affaire soit réglée à l”amiable à la police. "Je ne veux pas que mon foyer soit brisé, même si mon mari a des problèmes physiologiques", a-t-elle plaidé avant de jurer que ce samedi sera le dernier jour dans sa vie de femme volage.

    Pendant qu”elle suppliait les policiers de ne pas ébruiter l”affaire, S.K. désormais lucide, se retrouva en face de la femme. Il regarda autour de lui et comprit qu”il venait de commettre l”irréparable. L”inspecteur en charge du dossier lui expliqua dans quel état il se trouvait pendant son interpellation et lui demanda de payer le prix du "ventilo". L”homme s”empressa de régler la facture et se mit à son tour à supplier les agents de ne pas rendre publique une affaire qui risque de perturber durablement la quiétude de son foyer. "Ma femme est très jalouse. Si elle apprenait que j”étais avec une autre dans un lieu comme celui-là, c”est fini pour mon foyer alors que nous avons deux enfants", plaida-t-il à son tour.

    Ni l”homme ni la femme n”ont voulu porter plainte, chacun cherchant à sauver ce qui lui restait de son honneur. Mohamed Aweissoun et son supérieur le commissaire Balla Traoré ne trouvèrent nul intérêt à briser deux foyers. Ils laissèrent tomber l”affaire comme le souhaitaient les protagonistes. Ceux-ci ne doivent pas être encore remis de leurs émotions.

    G. A. DICKO

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