Parmi les passeurs récemment interceptés, se trouvent de plus en plus de nos compatriotes.
rn
rnNovembre a été un mois très chargé pour nos services de répression de la consommation et de la détention des stupéfiants. En effet, les interceptions des trafiquants se sont succèdées à un rythme plutôt soutenu. Les quantités saisies sont pour la plupart relativement modestes et il n”y a eu aucune prise relevant de l”extraordinaire comme celle qui avait permis de récupèrer en octobre dernier près de huit kilogrammes et demi de cocaïne sur des Nigérians en provenance de Guinée.
rn
rnMais la fréquence avec laquelle les drogues dures (principalement la cocaïne) sont découvertes par les policiers de l”antenne de la brigade des stupéfiants (à ne pas confondre avec le commissariat spécial de l”aéroport, comme nous l”avions fait la dernière fois) constitue un indice inquiétant. Tout comme s”avère préoccupante l”implication de plus en plus nette de nos compatriotes dans ce trafic illicite. Du 19 novembre à ce jour, ce sont neuf Maliens bon teint, tous détenteurs de cartes de séjour en Espagne qui ont été interpellés par celui que nous avons surnommé "le vieux sorcier de Sénou", en raison de sa perspicacité dans la détection des passeurs de drogue.
rn
rnIl est cependant vrai que les Maliens arrêtés font figure d”artisans lorsqu”on compare la quantité de drogue qu”ils transportaient avec celle trouvée en possession d”un ressortissant nigérian, le dénommé Justin Igbonwelundu, arrêté au cous de la même période. Agé de 31 ans, l”homme qui était arrivé dans notre pays il y a moins d”un mois s”était mis immédiatement au travail. Et sa première tâche fut de se lier d”amitié avec les agents des services de l”aéroport. Très vite les gendarmes, les douaniers et plus spécifiquement les policiers de l”antenne de la brigade des stupéfiants se verront chaleureusement approcher par ce nouvel ami et tisseront avec lui des rapports d”une très grande cordialité. Les policiers, pour leur part, entrèrent délibérément dans le jeu de la familiarité. Car ils se doutaient que l”homme avait un plan derrière la tête.
rn
rnDonc, ils retournèrent contre Justin sa propre méthode. Ils le mirent en confiance pour pouvoir ensuite le coincer plus sûrement. Igbonwelundu fut donc dicrètement, mais assidûment surveillé. Jusqu”à cette nuit du 19 au 20 novembre, quand il se présenta à l”enregistrement d”un vol qui avait pour destination finale Madrid. Interpellé par le chef de l”antenne pour un contrôle de routine, le Nigérian, déboussolé par les visages sévères de ses "amis", reconnut être un consommateur, mais pas un transporteur de cocaïne. Le test effectué sur place confirmera effectivement que Justin avait consommé la drogue. Les policiers décidèrent donc de procèder à une fouille corporelle. Qui ne donna rien.
rn
rnCHAUSSURES LOURDES –
rn
Cela ne troubla pas les policiers qui conduisirent Justin à la brigade pour une deuxième fouille plus poussée, mais infructueuse. Puis pour une troisième qui fut cette fois-ci payante. En fait, le Nigérian avait caché la drogue dans ses chaussures, une technique utilisée depuis quelques années par les trafiquants et dont l”un des policiers se rémémora. En effet, trois semaines auparavant avec des collègues, ce policier avait interpellé un Gambien qui avait usé du même procèdé. Justin Igbonwelundu avait emballé la drogue dans des petits sachets de plastiques qu”il avait ensuite tassés à l”intérieur des talons de ses chaussures. Il y avait là pour un kilo et cent grammes de cocaïne.
rn
rnLa brigade des stupéfiants avait auparavant mis la main sur des Maliens également en partance pour l”Espagne. Le cas de l”un d”eux a connu cependant un traitement troublant que les policiers ne s”expliquent pas jusqu”ici. Cet homme arrêté le 10 septembre dernier par la police du 4è arrondissement n”a passé que cinq jours en prison avant d”être curieusement remis en liberté. Pourtant, le trafiquant avait avalé 200 grammes de cocaïne et s”apprêtait à se rendre en Espagne en passant par Casablanca. Il était en compagnie de deux autres trafiquants, dont un Guinéen. Dans la nuit du 19 au 20 novembre, la police a arrêté un autre trafiquant qui détenait 30 capsules (40 grammes). À cette liste, il convient d”ajouter les deux individus qui ont été interpellés chacun avec 20 boulettes (200 grammes) qu”il avait avalées.
rn
rnHier, c”étaient trois nouveaux trafiquants, tous des Maliens qui ont été arrêtés par la police alors qu”ils s”apprêtaient à embarquer à destination d”Espagne. Au total, ces personnes transportaient plus de 60 boulettes.
rn
rnDe juillet à maintenant, ce sont donc 19 mules maliennes qui ont été arrêtées. Leur nombre a progressé régulièrement alors que celui des Nigérians habituellement très présents dans le trafic de la drogue est en baisse. Pour le directeur de la police judiciaire, le contrôleur général Kansaye, la situation doit être sérieusement analysée et impose que des mesures soient prises pour que nos compatriotes nombreux à l”extérieur ne commencent pas à être indexés comme des trafiquants de stupéfiants. Jusqu”ici, les Maliens avaient pu éviter cette étiquette infamante. Qui lorsqu”elle est apposée s”avére pratiquemment "indécollable".
rn
rnG. A. DICKO
rn
“