Fait divers : Les graines miracle !

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    H.C. s’est fait soutirer la coquette somme de 23 millions de Fcfa pour s’octroyer des graines de flamboyant, susceptibles de guérir toutes les maladies.

    Depuis près de trois ans, des Maliens reçoivent soit des appels, soit des SMS en provenance de l’extérieur leur annonçant une nouvelle merveilleuse. La semaine dernière, un homme d’une quarantaine d’années a transmis à la rédaction de L’Essor un SMS qu’il venait de recevoir par le canal d’un numéro portant l’indicatif de l’Angleterre. Le message disait ceci : « vous venez de gagner une importante somme d’argent à la loterie de l’Angleterre. Veuillez rappeler urgemment ce numéro … ». Notre homme a préféré appeler L’Essor puisqu’il a déjà été victime d’une telle escroquerie. Plusieurs autres avant lui l’ont été aussi sans jamais dévoiler le coup dur. De nombreuses personnes ciblées ont fait l’objet de tentatives multiples d’arnaque sans céder. Combien de nos compatriotes ont ainsi été plumés et qui ont gardé le silence ? Les anecdotes ne manquent pas. Nous vous en relatons une avant d’arriver à notre sujet du jour qui porte sur une escroquerie montée en utilisant des graines de flamboyant. Une femme a été contactée au téléphone de la même façon que notre héros du jour cité plus haut qui a reçu un SMS. Sans se confier à personne, elle compose le numéro qui lui a été donné et tombe sur la voix d’un anglophone. La personne au bout du fil la félicite et lui demande si elle possède un passeport en cours de validité. Elle répond par la négative. Son interlocuteur lui fait alors deux propositions : soit elle se fait établir un passeport pour se rendre à Londres et récupérer son gain, soit elle va à Ouagadougou avec sa carte d’identité pour le toucher. Tout naturellement, la femme qui rêve de faire un tour en Europe, surtout qu’elle vient de gagner plus de 87 millions de livres sterling, opte pour la première solution. Elle dit à son interlocuteur qu’elle peut avoir le document de voyage dans moins d’une semaine. Ce que celui-ci trouve bien. Il l’encourage alors et lui promet de la faire loger chez lui. Il lui servira de guide pour visiter des sites merveilleux du royaume britannique. Notre femme a mordu à l’hameçon que lui a tendu le truand de haut vol. Elle commence à se construire des châteaux en Espagne. Après une longue discussion, elle se rend au service de l’émigration. Elle dépose tous les documents nécessaires à l’établissement d’un passeport. Trois jours plus tard elle reçoit le précieux sésame et entreprend des courses pour l’obtention de son visa pour l’Angleterre. Comme tout le monde sait, obtenir ce sésame s’est avéré compliqué. Après de longues démarches durant lesquelles elle est restée en contact permanent avec son interlocuteur, elle se résout à opter pour la seconde solution. Elle compose le numéro de son interlocuteur pour lui dire qu’elle préfère se rendre au Faso pour récupérer son gain. L’inconnu lui annonce que le transfert de 87 millions de livres sterling suppose certaines dépenses. Il commence par lui demander d’ouvrir un compte bancaire et de lui communiquer le numéro et le RIB. Ensuite il réclame de lui verser 5 millions de Fcfa.

    3,5 MILLIONS DE FCFA. La femme avide de s’enrichir accède à toutes ses formalités. Mais elle n’est pas encore au bout de ses efforts pour récupérer son gain. Son correspondant lui fait savoir que puisque lui-même ne réside pas au Burkina Faso, elle doit lui envoyer par WU une somme de 3,5 millions de Fcfa. Elle doit payer aussi son logement dans un hôtel de la capitale burkinabè. Notre dame, visiblement à l’abri du besoin, remplit ces conditions. La voix anonyme l’autorise alors à entreprendre le voyage prévu. Le lendemain elle prend un avion et atterrit à Ouagadougou. Elle compose le numéro qui lui a été communiqué. L’appel ne rentre pas. Elle insiste pendant plusieurs minutes sans avoir de réponse. Elle se rend alors à l’hôtel par ses moyens. Elle prend une chambre et se renseigne auprès de la réception. On lui apprend que le nom qu’elle vient de prononcer ne figure pas sur la liste des clients de l’établissement. La dame retourne dans sa chambre et se remet au téléphone. Mais en vain. Elle s’ouvre alors à un voisin de chambre qui lui explique qu’elle est victime d’une escroquerie. Le lendemain, elle reprend l’avion pour le Mali. A Bamako, depuis l’aéroport, en usant de sa carte bancaire elle vérifie son compte et n’y trouve pas le moindre kopek. Elle rentre chez elle et révèle sa mésaventure à une amie qui est venue nous raconter l’histoire. La pauvre a perdu près de 10 millions de Fcfa dans cette fausse opération de faux gain à la loterie. Nous revenons à notre héros du jour qui a perdu plus d’une vingtaine de millions. Ce commerçant a été accosté la semaine derrière par un quidam qui lui présente des graines de flamboyant. L’inconnu lui demande de lui en fournir une certaine quantité contre une forte somme. « Ces graines coûtent 7000 Fcfa l’unité. Nous avons un client à Londres qui réclame une grande quantité », a expliqué son vis-à-vis. Le jeune commerçant répond par la négative. Mais l’homme ne démord pas et finit par le convaincre de rechercher le produit. Il lui remet le nom et le numéro de téléphone d’une personne qui logerait dans le quartier de Sirakoro. Cette personne pourrait, si elle accepte, lui procurer la quantité souhaitée. Le jeune commerçant qui a voulu garder l’anonymat appelle au numéro indiqué et une personne décroche. Il lui demanda s’il possède des graines susceptibles de guérir toutes les maladies. La voix au téléphone répond par l’affirmative. Il lui fixe même un rendez-vous pour voir un échantillon de ces graines-miracle. Le lendemain les deux personnes se retrouvent à Sanankoroba. L’hôte présente au commerçant un sachet de 100 g et lui dit qu’il coûte 700.000 Fcfa. Le commerçant appelle son quidam et lui explique qu’il vient de rencontrer le détenteur de la marchandise. Mais le négociant ajoute qu’elle coûte extrêmement cher. Notre héros le convainc de lui vendre une certaine quantité, car un certain Serge doit quitter le même jour Londres pour Bamako dans le seul but d’acheter un gros stock.

    POLICIERS EN CIVIL. Le commerçant venait de mettre le doigt dans l’engrainage. Il achète les 100 g et prend attache avec l’intermédiaire du client de Londres pour lui présenter l’échantillon. Ils se rencontrent à Sogoniko. Le quidam recherché par la police lui confirme que la marchandise est la bonne. Il lui communique effectivement un numéro à Londres et lui dit d’appeler. H.C. (appelons ainsi notre commerçant) appelle et tombe sur Serge. Ce dernier lui explique qu’il doit incessamment pendre l’avion pour Bamako où il logerait à l’Hôtel Olympe. Rendez-vous est pris pour une semaine plus tard, le Londonien devant faire des escales à Dakar et Casablanca. Pendant cette semaine, l’intermédiaire n’a pas cessé de pousser H.C. à acheter et à stocker des graines. Le montant dépensé s’élève à 23 millions de Fcfa, selon les estimations de l’inspecteur Drissa Kamaté de la P.J. du 7e arrondissement. Mais 72 heures avant l’arrivée supposée de Serge à Bamako, H.C. commence à douter. Il informe les policiers et se fait désormais accompagner par des flics en civil dans toutes ses démarches. L’avant dernier samedi, trois policiers en civil ont accompagné le commerçant à un rendez-vous avec l’intermédiaire à Sogoniko. Pendant que H.C. discute avec lui, son téléphone sonne. Serge lui apprend qu’il sera à Bamako le dimanche et lui propose d’augmenter la quantité. Il lui dit de passer le téléphone à son collaborateur. A ce dernier il donne rendez-vous au même hôtel le même jour. Forts de cette information, les policiers ont pris en filature l’intermédiaire pour localiser sa maison. Un autre groupe s’installe à l’hôtel dans l’attente du « Britannique ». Au jour convenu, lorsque le commerçant a décidé de rencontrer son partenaire, deux policiers l’ont filé. Aux environs de 10 heures, Serge arrive en costume cravate et s’installe à la réception. H.C. arrive à son tour et l’appelle sur le numéro malien. Il répond et se lève pour rencontrer le commerçant qui était tombé dans son piège. La police intervient et l’interpelle. Les agents installés à l’hôtel appellent leurs collègues chargés de surveiller l’intermédiaire pour leur dire de le coincer. Mais l’escroc a soupçonné les compagnons du commerçant. Il a pris la fuite. Conduit au commissariat, Serge essaya de divertir les enquêteurs. Mais ayant compris qu’il ne peut pas leur échapper, il a craché le morceau. Il a avoue que le livreur, l’intermédiaire et lui Serge appartiennent à la même bande. L’intermédiaire est un rabatteur pour le livreur. Serge joue le rôle de boss. Après chaque opération, le trio se partage le magot et entame une nouvelle opération. Serge est Camerounais. Il parle parfaitement anglais et français. Il alpague les crédules en se servant de plusieurs numéros de téléphone anglais. Présentement, il est en prison pour escroquerie.

    Gamer A. Dicko

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    2 COMMENTAIRES

    1. très bien. Nous avons les meilleurs policiers du monde bien vrai qu’ils ont un maigre salaire. Bravooooooo 😆 😆 😆 😆 😆 😆

    2. Bon boulot vous etes les meilleurs vraiment bravoooooooooooooooooooooooooooooooooooo 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄

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