Fait divers : Les frères prédateurs de Kalabancoro

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    Ils ont été radiés des effectifs de l’armée et sont devenus de grands bandits qui ne reculent devant rien pour atteindre leur but.

    L’année commence bien pour la brigade territoriale de gendarmerie de Kalabancoro. Elle vient de mettre la main sur un duo de frères radiés des effectifs de notre Armée, et qui s’étaient transformés en de véritables prédateurs dans ce quartier. Tout est parti du braquage du jeune Daouda Sissoko dit Polo, dans la nuit du 28 au 29 décembre. Le bonhomme roulait tranquillement sur sa moto dans le quartier, quand deux individus, en tenue correcte, lui ont fait signe de s’arrêter en se servant d’une une torche. Le motocycliste, sachant le secteur propice aux mauvaises rencontres, mit les gaz et tenta de se sauver. Mais c’était sans compter sur la détermination de ces présumés agents en patrouille dans une zone peu éclairée. L’un d’eux ouvrit le feu sur lui et le fit tomber. Le fugitif fut gravement atteint au bras droit. Conduit à l’hôpital, les praticiens n’ont rien pu faire que de l’amputer de ce membre. Après l’opération, le blessé a été conduit à la gendarmerie pour être entendu sur les circonstances de son agression. Douada Sissoko les a décrits comme étant deux hommes en tenue militaire munie d’une torche. Cet indice a suffi aux gendarmes.

    Dès lors ils ont multiplié les sorties et intensifié les investigations. Au cours de ces recherches, les enquêteurs eurent une information qui a été capitale dans la suite de leurs investigations. Un informateur anonyme se déclara prêt à donner des détails. Mais il exigea la garantie de ne citer son nom ni dans les PV d’audition, encore moins de le dévoiler au public. L’informateur craignait que cette dénonciation n’attirât des menaces de mort sur sa tête. Les policiers le rassurèrent. L’homme indiqua aux enquêteurs que deux hommes, un commando parachutiste et un garde, tous deux radiés des effectifs, seraient les auteurs de l’agression contre le jeune Daouda Sissoko. Il donna même leurs noms. Les deux sinistres personnages s’appelaient Aboubacar Mounékata dit Kaba (qu’on appelle aussi Kébé) et Bakary Mounékata dit Bakaridian. Les gendarmes décidèrent de rendre visite à ces deux suspects dans la nuit du 6 au 7 janvier. Cette descente tourna en une véritable bataille rangée. Le militaire bien formé s’opposa farouchement à son interpellation. Même avec l’appui de la population qui en avait assez de subir les méfaits des deux bandits, les agents ne parvinrent pas aisément à bout de la résistance de l’ex-soldat. Finalement, la foule et les gendarmes eurent le dessus sur les deux hommes.

    LA MAISON à SAC. Au cours de la bataille, Kaba a été sérieusement battu. La population ne voulait plus le tolérer dans le quartier. Longtemps après le transfert des deux hommes à la gendarmerie, la colère des habitants de Kalanban Coro n’avait pas baissé d’un cran. Au contraire la grogne populaire montait. Tous ceux qui avaient participé à la neutralisation des deux hommes s’étaient rués vers la maison que les forbans occupaient. Ils la mirent à sac avant d’y lancer des torches enflammées. Le bâtiment fut transformé en un amas de cendre et de charbon. Les malandrins furent conduits à la brigade du lieutenant Sékou Bougadary Danioko. Ils ont subi un interrogatoire méthodique pour livrer au major Sékouba Koné le maximum d’informations sur les différents actes de banditisme commis par eux. Mais très vite le gendarme se rendit compte que Kaba souffrait atrocement des coups reçus lors de son passage à tabac par la foule au moment de son arrestation. Il gémissait et se plaignait de douleurs atroces sur tout le corps. L’officier ordonna de le transporter au centre hospitalier universitaire Gabriel Touré pour recevoir des soins. Hélas le truand maltraité rendit l’âme en cours de route. Le complice du défunt Bakary Mounékata restait désormais la seule source pour informer les gendarmes sur différents actes de banditisme non éclaircis survenus dans la commune. Il collabora après avoir appris la mort de son grand frère. Les deux hommes sont de même sang. Il avoua être l’auteur du coup de feu qui a atteint Polo. Il confessa sa participation à plusieurs braquages et vols, dont l’attaque contre le chef de cabinet du ministre délégué chargé de la décentralisation. Il a livré de nombreux renseignements sur les braquages perpétrés par les deux frangins. Ce flot de détails fournis par Bakaridian a aidé à reconstituer les faits et le contexte de plusieurs crimes. Il ressortira de cette confession que Bakaridian est l’auteur du meurtre d’un livreur de pain dans la nuit du 24 décembre 2011 à Kouloubléni (voir L’Essor du 27 déc. 2011). Le tueur en série, l’ex garde national Mounékata, a causé la mort de l’étudiant Moussa Traoré le 24 juillet dernier et celle d’un enseignant en 2009. Il dit avoir commis ces meurtres avec la complicité d’un certain Chaka Keïta.

    TENUE CAMOUFLEE. Les enquêteurs ont saisi plusieurs objets ayant appartenu au défunt truand. Le lot incluait une tenue camouflée comprenant une chemise, un pantalon et un sous-vêtement des paras commandos. Les gendarmes ont saisi un insigne du corps, deux couteaux de grande dimension, deux coupe-coupe, un pistolet de fabrication artisanale avec deux cartouches, un briquet en forme de PA de type Beretta, quatre-vingt mille Fcfa de faux billets en coupure de 10.000 Fcfa, une voiture Hyundai Galooper non immatriculée. Le frère cadet n’était pas moins doté en attirail du parfait cambrioleur. Il possédait une tenue complète de son corps (la garde nationale), un complet de tenue kaki, une paire de rangers, un béret frappé du macaron de la garde nationale, une combinaison de travail, un insigne militaire (garde nationale), une casquette de tenue treillis. Bakaridian a déclaré qu’il possède une voiture de type Mercedes de couleur rouge dans le coffre de laquelle il aurait caché son arme. Nous avons écrit plus haut que la maison des deux bandits frères avait été totalement saccagée par une population très en colère.

    La même fureur a conduit la foule à saccager un kiosque de produits de beauté qui appartiendrait aux deux frères ennemis publics. Personne n’y prit le moindre flacon. Les gens se sont limités à saccager et à incendier sous les applaudissements des enfants et des justiciers autoproclamés contents de mettre les deux frères hors d’état de nuire. Au passage de notre équipe à la gendarmerie, la petite amie de Bakaridian était entendue. Contrairement à ce qui se raconte en ville, où le couple faisait croire qu’ils étaient mari et femme, la compagne du malfrat a affirmé qu’elle vivait en union libre avec son mec. Mais elle a irrité plus d’un en voulant faire croire à tout le monde qu’elle n’était pas au courant des activités délictueuses de son amant. Les enquêteurs du lieutenant Sékou Bougadary Danioko n’ont pas cru à cette sornette. Pour l’instant la population de Kalabancoro manifeste sa joie. En attendant l’arrestation du complice Chaka Keita. Ce qui ne saurait tarder selon plusieurs sources proches du dossier.

     

    Gamer A. Dicko

     

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