Fait divers : Le Vieillard INDIGNE

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    À … 95 ans, le pervers avance sous le masque de la dévotion pour mieux s”en prendre à des mineures.

    Les lecteurs de cette rubrique se rappellent sûrement de notre article sur le vieux Alhand. Une veuve qui avait épousé cet vieil homme pour "purifier" sa prière, comme on le dit chez nous, avait dû renoncer à cette union pour se soustraire aux incessantes sollicitations d”un époux insatiable. Alhand, comme nous le rapportions, n”en était pas à sa première victime. Sa jeune épouse venue du nord de notre pays avait pris la poudre d”escampette pour se réfugier à Kati chez son oncle après la première nuit conjugale avec le vieil homme.

    L”histoire d”aujourd”hui présente quelques ressemblances mais en plus sombres avec celle que nous venons de rappeler. Elle met en scène un vieil homme, El Hadj Cheick Oumar Haïdara. Âgé de 95 ans selon les papiers disponibles, l”homme est originaire de la Région de Ségou. Paradoxalement, ce grand-père s”est révélé assez vert pour violer plus d”une dizaine de femmes dont 9 mineures, selon la police de Kati. L”affaire a été révélée, jeudi dernier. Les enquêtes continuent pour tenter de comprendre comment un papy de cet âge si respectable est encore capable d”une telle fringale sexuelle. Comment parvenait-il à attirer dans sa tanière des jeunes filles et des femmes mariées pour assouvir ses pulsions ? Le commissaire principal Horoba Bertrand Dako et l”inspecteur divisionnaire Adama Birama Doumbia, du commissariat de Kati sont à pied d”œuvre pour élucider la question qui défraie la chronique locale depuis bientôt une semaine.

    UNE FOI OSTENSIBLE

    El Hadj Cheick Oumar Haïdara est arrivé dans la ville garnison une dizaine de jours avant son arrestation, jeudi dernier. Dès son arrivée, il commença à fréquenter assidûment la grande mosquée de la ville. Ses vêtements de "El Hadj" et son attachement ostensible au livre saint des musulmans attirèrent sur lui l”attention de la communauté des croyants. L”imam manifesta à son endroit une sympathie à la hauteur de sa dévotion apparente. En sa qualité de chef des croyants, l”imam le fit venir un jour et s”enquit du domicile et du travail de El Hadj. Le vieillard répondit qu”il était Hamaliste, qu”il vivait des aumônes des croyants et qu”il dormait dans les mosquées.

    L”imam de Kati dont la générosité est connue, fut touché par la sincérité affichée par son interlocuteur et sa maîtrise réelle des hadiths. El Hadj ne prononçait aucun mot sans l”associer à un fait ou à un propos du prophète Mohamed (PSL). Le chef religieux demanda à son frère dans la foi de venir occuper un deux-pièces non loin de sa famille. La nourriture lui serait offerte régulièrement au nom de la solidarité musulmane. Ainsi, le vieil étranger pourrait se consacrer à la lecture du saint Coran et à la méditation, fondement de la doctrine hamaliste.

    El Hadj accepta la main tendue de l”imam. Le même jour, il emménagea dans le logis que l”imam avait mis généreusement à sa disposition. Il étala sa natte de bambou et rangea effets, un sac en polypropylène et un grand sac bleu en plastique. Tous les jours, la famille de l”imam lui envoyait de la nourriture et de l”eau. Aux heures de prières, l”étranger était le premier à la mosquée et le dernier à sortir de l”édifice de Dieu.

    LE SAINT

    Dans la communauté des fidèles, le bruit commença très vite à courir que le nouvel arrivant était un saint. Son comportement, son attitude, sa présence quasi permanente dans la mosquée, son attachement au livre saint et surtout son nom de famille Haïdara, donnaient corps à la rumeur. Les vieilles femmes qui fréquentent la mosquée furent les premières à commenter la foi religieuse de l”hôte de l”imam. Le charme du "saint homme" toucha une brave pratiquante, Sounkoura Diabaté. Cette musulmane a deux filles célibataires. Elle prie régulièrement pour que Dieu, dans sa miséricorde et dans sa grande générosité, leur accorde de bons époux.

    Le mardi 20 février, la mère anxieuse prit son courage à deux mains et s”adressa à El Hadj après la prière de l”après-midi. Elle lui demanda de faire des bénédictions pour ses filles. Le vieil homme guettait, comme on le verra plus tard, une telle occasion. Il garda son sang-froid et invita la femme à venir le voir après la prière du crépuscule accompagnée de ses deux filles.

    Sounkoura Diabaté et ses filles arrivèrent à l”heure convenue. El Hadj les observa et son oeil s”arrêta sur l”une d”elles, la plus jeune, D.T., 16 ans. Ses interlocutrices ne pouvaient deviner les projets qui s”ébauchaient dans le cerveau du pervers. Celui-ci masqua son intérêt et, s”adressant à la mère, lui expliqua que les filles devaient venir séparément dès le lendemain à partir de 8 heures. Chacune d”elles devait apporter avec elle un rouleau de fil traditionnel en coton écru. Le fil devait être suffisamment long pour pouvoir emmailloter une personne. A la demande du marabout, D.T., "la pulpeuse" selon l”inspecteur Doumbia, devait arriver la première. La mère donna sans méfiance son accord. Mercredi matin, la jeune fille arriva comme convenu avec sa bobine de fil. Le marabout la reçut dans sa chambre à coucher et sans passer par quatre chemins, lui demanda de se mettre nue. La jeune fille obéit, mais refusa de retirer son soutien-gorge.

    SOUS LA MENACE

    Lorsqu”elle fut dénudée, El Hadj contempla longtemps ce corps juvénile. Il commença alors à enrouler le fil autour de l”adolescente en démarrant par les pieds pour remonter. Parvenu à mi-corps, le vieil homme entreprit de caresser la demoiselle. Celle-ci remplit ses poumons pour hurler, mais le marabout l”en dissuada en brandissant un couteau et en menaçant de la tuer si elle faisait mine de donner l”alerte. La pauvrette fut contrainte de se laisser faire. Sous la menace, elle s”allongea sur la natte comme le lui ordonnait le marabout.

    El Hadj se dévêtit prestement mais fut interrompu par l”arrivée de l”enfant de l”imam venu apporter le petit déjeuner. A moitié vêtu, il se précipita à la porte pour empêcher l”enfant d”entrer. Il lui prit le plat des mains avant de le congédier sèchement.

    La fille, tétanisée, n”avait pu profiter de l”occasion pour donner l”alerte. Elle était à la merci du "grand-père". Ses appétits assouvis, le pervers dégaina à nouveau le couteau et répéta ses menaces : "ta vie est désormais entre mes mains. Le fil que tu as apporté te lie pour le reste de tes jours à moi. Gare à toi si tu essaies de briser ce lien". La pauvre fille acquiesça de la tête. L”homme la laissa alors récupérer ses vêtements sauf le slip qu”il confisqua avant de l”autoriser à partir.

    A la maison, D.T. s”effondra et raconta en larmes son malheur à sa mère. Celle-ci et Daouda Coulibaly, un notable du quartier présent au moment du récit, foncèrent chez le marabout et le conduisirent à la police. Le commissaire Dako envoya une équipe perquisitionner chez lui. Les agents découvrirent dans sa chambre un sac de plastique rempli de slips de femme.

    A l”interrogatoire, Haïdara reconnaîtra qu”il avait entretenu des rapports sexuels avec les propriétaires des 12 sous vêtements, sans compter la jeune D.T. Le "tableau de chasse" de l”obsédé sexuel affichait 9 mineures et trois femmes mariées. Les dessous lui servaient à la fois de trophée et de moyens de chantage. Chaque fois qu”il voulait profiter à nouveau d”une de ses anciennes victimes, il s”arrangeait pour la menacer en aparté d”étaler au grand jour leur relation intime, "preuve" à l”appui. La fille ou la femme, par peur du scandale, lui cédait à nouveau.

    Le pervers était gardé à vue à la police de Kati, vendredi dernier. Ses victimes n”ont pas eu le courage d”aller témoigner contre lui. Par crainte ? Plus sûrement par pudeur et par peur du scandale.

    G. A. DICKO
    L”Essor du 26-02-2007

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